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L’édifice religieux, classé monument historique en 1939 et propriété de la commune, est l’objet de toutes les attentions. Cette restauration débutée il y a 35 ans a connu plusieurs phases. La dernière en date a commencé en 2014 pour les boiseries et arrive à terme en 2025. Un important programme qui traduit la volonté de la Ville de conserver ce patrimoine exceptionnel.

Reportage réalisé par Aurélie Lamercerie et Pierre Grivot • Photos : Olivier Roy • Janvier 2025

Des modèles sur mesure

Dans l’atelier de menuiserie au CTM, les machines s’activent. Trois menuisiers s’attellent à construire les pièces de ce puzzle géant. Chaque panneau a des mesures uniques, allant de 3,12 m à 3,72 de longueur pour 1,40 m de hauteur. Sur un des panneaux quasiment terminé, il manque deux morceaux prévus sur toute la longueur. « Nous avons fait fabriqué des fers spécifiques pour une de ces pièces. C’est vraiment du sur-mesure pour être au plus près du modèle original », précise Alain Clin, responsable du service menuiserie.

Être au plus près de l'ancien

Sur des tréteaux, une autre structure attend d’être reconstituée. C’est la dernière boiserie à réaliser. Alors que les moulures des premières plaques de bois sont en cours de finalisation, les menuisiers les comparent au panneau terminé. Histoire de vérifier que les réalisations sont identiques et d’être au plus près de l’ancien. Et dire, qu’à la base, toutes ces pièces sont issues d’une épaisse et immense planche de chêne massif brut. « Le travail le plus difficile est celui d’usiner en premier ce bois brut, de poncer tous ces morceaux », confie Alain.

Les petits détails

Bastien Bordas et Kader Djafer poursuivent l’usinage des moulures sur chaque face des panneaux de bois. « Auparavant, on devait la travailler au rabot, maintenant on la forme à la machine », indique Alain. Ces professionnels ont dû retrouver les gestes, les techniques pour redonner vie à ces boiseries. Pour Kader, « c’est enrichissant de travailler sur ce genre de chantier. C’est rare de travailler avec du chêne, cela change des matériaux modernes ».

Tout monter, tout vérifier

Au fil de la réalisation des panneaux, les menuisiers les placent et les emboîtent au sein de la structure. « On réalise un montage à blanc et si tout convient, on mettra par la suite des chevilles en bois à certains endroits », décrit le responsable. C’est l’heure de vérité, tout rentre parfaitement. Parfois un petit coup de marteau permet d’ajuster un placement.

Des ajustements de quelques millimètres

Avec un ciseau à bois, Bastien effectue des reprises au niveau de la traverse du bas, afin d’élargir de quelques millimètres les emplacements indiqués par des petits traits. Un travail d’ébénisterie, sa formation, qu’il retrouve avec plaisir. « On se réapproprie les gestes techniques. C’est la première fois que j’interviens dans la restauration d’une église, c’est intéressant comme travail », confie-t-il.

Restaurer pour transmettre

Deux jours après le travail d’atelier, direction l’église Saint-Médard. Alain, Kader et Bastien déposent in situ des panneaux afin de redonner vie aux boiseries d’époque. « Le but, c’était de conserver l’ancien le plus possible, de rénover avec délicatesse, tout en recherchant par exemple la teinte d’origine, avec du brou de noix », raconte Alain. Chaque geste est pensé, chaque finition exige du temps : une semaine pour un panneau, c’est la minutie du métier.

Un travail de précision

« Nous avons deux panneaux muraux à finir, l’un derrière le confessionnal qui, lui aussi, sera bientôt rénové, et l’autre là-bas », explique Alain. Le travail est d’une précision extrême. « On refait les traverses, tout en respectant les conseils des Bâtiments de France pour préserver l’ancien bois et permettre la ventilation. Les panneaux ne sont pas collés aux murs de l’église, mais mis à niveau. Ensuite, il faut tout combler. » Un art subtil mêlant tradition et modernité.

Allier les techniques modernes aux gestes ancestraux

Le vieux chêne respire à nouveau dans l’église Saint-Médard. Kader ajuste les gabarits : « Je découpe le carton avec un cutter pour la moulure en bois. » Les détails font la différence. « À l’époque, les artisans travaillaient avec de gros fers et la toupie, c’était dangereux. Nous, on mesure leur savoir-faire avec nos outils modernes, mais on respecte leur technique », confie Kader, admiratif.

Dix ans de patience et de passion

Commencé en 2014, le chantier touche à sa fin. « Nous avons restauré au total 12 panneaux muraux, certains étaient irrécupérables. Le plus dur, ce sont les finitions en bois sur la partie la plus ancienne », précise Alain. Ici, chaque arrondi, chaque moulure compte. « Travailler sur un monument historique et religieux est enrichissant, ça fait écho au chantier de rénovation de Notre-Dame », conclut-il.