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 Un épisode tragique de l’histoire locale, commémoré chaque année par les villes de Tremblay-en-France et Villepinte. 

C’était le 13 juin 1940. Les Allemands arrivent près du canal de l’Ourcq. Dans l’absolu, les troupes françaises sont anéanties. Paris est déclarée ville ouverte ; quatre jours plus tard, Philippe Pétain annoncera à la radio la demande d’armistice. L’ennemi est persuadé qu’il tient là sa revanche par rapport à sa défaite de la Première Guerre mondiale. Pourtant, devant le pont de l’Avenue du Chemin de fer, les courageux soldats du 24e Bataillon des chasseurs alpins résistent. Le commandement d’Outre-Rhin est surpris. 

À Villepinte, devant le canal de l’Ourcq, pendant vingt-quatre heures, les Français se battront avec une bravoure exemplaire. « L’une des résistances les plus fortes des cinq semaines de guerre qui viennent de se dérouler », constatent les observateurs. Mais, face au rapport de force, celle-ci ne pouvait durer. Humiliés par cette réaction, les Allemands décident, non sans lâcheté, de s’en prendre à la population civile. Au cours de la nuit du 13 juin, ils arrêtent de nombreuses personnes qui, pourtant, n’avaient pas pris part aux combats. Elles sont arrachées de leurs maisons ; certaines sont encore en pyjama. 

L’ennemi les rassemblent sur la place de la gare du Vert-Galant ; un officier en choisit quinze pour les conduire au peloton d’exécution. Deux groupes seront constitués afin de réaliser ce massacre pour l’exemple : l’un en face de la gare ; l’autre sur une rive du canal. Les nazis prirent un malin plaisir à choisir les victimes parmi toutes les villes du secteur dans lesquelles ils avaient livré des combats : dix fusillés habitaient Villepinte, trois à Tremblay, un à Mitry-Mory, un autre à Villeparisis. Cet acte de barbarie pure n’était pas loin de celui perpétré à Oradour-sur-Glane. 

Les Allemands massacrent un mutilé 

Les martyrs avaient pour noms Adrien Beaugrand, 44 ans, typographe, de Villepinte, Clothaire Bœuf, 44 ans, employé des Postes, de Villeparisis, Paul Bontemps, 39 ans, tôlier, de Villepinte, Marcel Chauvet, 22 ans, peintre en lettres, de Mitry-Mory, Léon Desbrée, 80 ans, menuisier, de Villepinte, Jean Descombe, 55 ans, manœuvre, de Villepinte, Gaston Didier, 52 ans, employé d’assurance, de Tremblay-lès-Gonesse (N.D.L.R. : ancien nom de Tremblay-en-France), Léon Evain, 60 ans, manœuvre, de Villepinte, Gaston Guiffard, 40 ans, charbonnier, de Villepinte, Achille Larsonnier, 63 ans, manœuvre, de Villepinte, André Masson, 59 ans, gérant, de Tremblay-lès-Gonesse, Joseph Zanon, 32 ans, de Villepinte, Albert Zechetti, tenancier du café Au Père Tranquille, à Villepinte (il fit le mort et survécut à la rafale de mitraillette mais resta mutilé), Auguste Roche, 43 ans, artiste de cirque, de Villepinte, et Alexandre Roche, 42 ans, artiste de cirque de Villepinte. 

« Ces deux derniers étaient les descendants des fondateurs du cirque Roche qui sillonna l’Europe de 1912 à 1930, date à laquelle un incendie a mis fin à son activité », précisent Fabien Augier et Paul Markides dans leur livre Combat pour la paix, combat pour la vie. « Enfants de la balle, ils sont nés hors de France, l’aîné en Lettonie, le cadet en Allemagne. Acrobates professionnels, ils avaient hérité de leur famille des valeurs humanistes. Le passé franc-maçon des fondateurs du cirque Roche, Camille et Emmanuel, était bien connu. Dans toutes les villes où le cirque se produisait, des places gratuites étaient offertes aux orphelins et aux associations caritatives. » 

À noter enfin que parmi les quatre victimes civiles figurait un ancien combattant de 14-18, mutilé de guerre, Charles Desain, 45 ans, de Tremblay. Il se trouvait sur le perron de sa maison ; les Allemands l’ont tué après une discussion. Encore un exemple, parmi tant d’autres, de la barbarie nazie.