Pour la deuxième fois, la ville de Tremblay-en-France participera à l'exposition Trésors de Banlieues qui se déroulera du 14 février au 12 avril prochains, à Gennevilliers, à l’Usine Chanteraines, 92, avenue du général de Gaulle, (vernissage, 13 février, à 18 heures) ; elle y présentera La Sagesse, de Volti, et Le Poilu victorieux, d’Eugène Bénet. La première manifestation s’était tenue du 4 octobre au 30 novembre 2019 à la Halle des Grésillons de Gennevilliers. La Ville y avait prêté la Borne révolutionnaire (habituellement exposée en mairie), et La Maternité, de Volti. À cette occasion, Noël Coret, commissaire de l’exposition, a répondu à nos questions.
Quels sont les buts de cette exposition ?
L’édition de 2025 de Trésors de Banlieues, exposition organisée par l’association “Académie des Banlieues“ que préside François Asensi, s’intitule Couronnes d’Humanité. Le choix est loin d’être anodin ; il traduit déjà notre souhait d’étendre géographiquement la notion de « banlieue » à toute l’Île de France, y intégrant la “petite“ et la “grande“ couronne. Et comme vous le savez, la couronne est la pièce la plus convoitée de tout trésor !
L’intitulé “Couronnes d’Humanité“ témoigne de notre souci constant de placer l’humanité des banlieues, c’est-à-dire sa population dans toutes ses composantes, celles et ceux qui y vivent, qui y travaillent ou simplement qui y transitent à titre familial, professionnel ou autre, mais aussi celles et ceux qui ont fui la misère, la guerre ou des régimes insupportables…, au cœur de l’exposition. C’est vous dire l’importance de la thématique “Quand les portraits composent la plus belle parure des banlieues : l’humanité dans sa diversité“.
De quoi est composée cette exposition ?
Notre manifestation intègre onze thématiques, lesquelles se sont révélées d’elles-mêmes au fur et à mesure de nos emprunts. Les voici, telles qu’elles sont déclinées dans le catalogue de l’exposition où toutes les œuvres sont reproduites : une enfance en banlieue ; logement et cadre de vie au cœur des inégalités sociales ; d’Eglises en Cathédrales, un mobilier d’exception ; Napoléon, ex “Petit caporal“ et “Napoléon le petit“ : fétiches de l’Empire en banlieue ; mémoires familiales, paysannes et ouvrières du siècle dernier : images et objets ;figures de la République en banlieue, d’Auguste Rodin à Hervé di Rosa, en passant par Jean Solé ; 1870-71, 14-18, 39-45, 46-54, 54-62 : des chiffres et des larmes ; le Bestiaire des banlieues ; la banlieue dans la lumière des impressionnistes : avant, pendant, après Gustave Caillebotte ; quand les portraits composent la plus belle parure des banlieues : l’humanité dans sa diversité ; art décoratif et ameublement d’art.
La sculpture Le Poilu victorieux est présente, semble-t-il, dans quelque 900 villes de France. En quoi celle de Tremblay est-elle exemplaire et/ou différente ?

© Amélie Laurin
La statue du Poilu victorieux (1920) d’Eugène Bénet, monument célébrant les héros de la Grande Guerre, on en voit partout dans toutes les communes de France ; elle figure en bonne place dans la septième thématique. Ça n’est point tant pour sa représentation stéréotypée que nous l’avons choisie, que pour la manière dont elle a été repeinte !
Recouverte de couleurs vives, elle nous rappelle étonnamment les saintes et les saints de nos églises, statues en bois polychrome des XVIIe et XVIIIe siècles. Cela confère au Poilu victorieux un aspect quasi mystique, le plaçant dans la catégorie des saints martyrs. Comme nous l’avons souligné dans le catalogue, « le Poilu victorieux de Tremblay ne déparerait pas l’intérieur d’une église, près de Jeanne d’Arc par exemple, l’une nous débarrassant des Anglais, l’autre des Allemands. »
Cette exposition est-elle ouverte à d'autres expressions artistiques : photographie, peinture, littérature, théâtre, musique, etc. ?
Il nous faut souligner le caractère pluridisciplinaire de notre manifestation. Loin de nous l’ambition de nous mesurer aux expositions réalisées par les institutions artistiques de nos grands musées ! Notre originalité est basée sur le concept de la Fraternité des Arts. On y trouve bien entendu les œuvres répondant aux critères des beaux-arts et des arts plastiques : dessin, gravure, peinture, sculpture, architecture, photographie. Mais la forte présence du neuvième art (planches originales de bande dessinée !), de l’affiche, des cartes postales, des photomatons, des maquettes, objets (toboggan, vélosolex…), outils (tour industriel), mobilier d’église ou instruments de musique composent un scénario totalement inédit englobant l’artisanat d’art et industriel. La difficulté étant de parvenir à une certaine cohérence à même d’esquisser ce que l’on pourrait appeler “l’âme de la banlieue“…