Danse
Amala Dianor, chorégraphe à point nommé
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© Romain Tissot
Point d’inertie pour Amala Dianor. À peine sorti d'une répétition de Point Zéro, sa dernière création, l’homme quitte le théâtre Louis-Aragon (TLA) afin de rallier le théâtre des Champs-Élysées pour une captation vidéo de The Falling Stardust, applaudi notamment à Tremblay en septembre 2019. Une vie presque ordinaire au temps du confinement ? « Comme tout le monde, je pense souvent à retrouver une vie normale, sans masque ni distanciation physique, de façon à ce que les gens puissent aussi s’apaiser car je perçois énormément de tension autour de moi. Après, je me considère comme plutôt chanceux, car j’ai malgré tout la possibilité de travailler pendant ce deuxième confinement », confie-t-il.
Bien rassérénante session de novembre en Guyane pour les Rencontres de danses métisses, entre Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni, après le coup d’arrêt du premier confinement. Lorsque la mesure est annoncée le 17 mars dernier, Amala Dianor se trouvait à Dakar et à quelques heures de la première d’un spectacle que l’on aura joué là à huis-clos. La suite a consisté en une série d’annulations au climax de la tournée de The Falling Stardust programmée, entre autres, au théâtre de la Ville et à Chaillot. Rideau. « J’avais une très belle visibilité en région parisienne au printemps. Tout cela n’a pas eu lieu. Il y a eu reprogrammation, mais le reconfinement est intervenu dans la foulée. Voilà. Après, pour l’hyperactif que je suis, cela m’aura permis de me reposer mais aussi de prendre les choses avec un peu plus de recul », relativise le chorégraphe.
Un goût pour le trio
Nous aussi, on prend un peu de recul pour constater qu’entre Tremblay et Amala Dianor, il y a une belle histoire qui s’écrit depuis quasiment une décennie. Tout d’abord comme danseur avec la compagnie Chatha, invitée au TLA, puis comme chorégraphe avec sa compagnie montée en 2012, à Angers. Vite, une résidence tremblaysienne de deux ans, en 2015-2016, pour graver la relation dans le marbre : « Cela a été véritablement un tremplin pour ma compagnie et moi. C’est lors de cette résidence que j’ai pu entrer dans le cœur de mon métier en disposant de toutes les compétences d’un théâtre et de son équipe pour aller au bout de ma recherche chorégraphique. »
Mémorable De(s)génération – pièce de groupe, retour sur l’histoire du hip-hop – donnée en première ici et avec laquelle il reconnaît avoir gagné ses galons de chorégraphe. Quasiment toutes les créations d’Amala Dianor sont passées par le TLA et la dernière n’y dérogera pas. Depuis 2012 et la mise sur pied de sa compagnie, l’homme n’aura eu de cesse de créer un répertoire multiforme, tout en reconnaissant une prédisposition pour le trio. Justement, Point Zéro, la dernière création dont il travaille les finitions au TLA, en est un. Avec les complices de danse que sont Mathias Rassin et Johanna Faye, cette pièce serait-elle un état des lieux du hip-hop ?
« Point Zéro, c’est plus un état des lieux de nous-mêmes. Avec Johanna et Mathias, nous sommes tous les trois issus de la culture hip-hop, de la street dance. On a eu des parcours différents et on a voulu se retrouver sur notre danse, avec nos corps, nos âges et notre expérience. Nous souvenir de ce qu’était cette danse à l’époque. C’est un retour aux sources ! » Le monde d’après d’Amala Dianor, c’est le Point Zéro ? « Il y a du nouveau. Ici, je teste des costumes, et aussi d’autres éléments que je n’avais pas essayé sur mes pièces précédentes, comme la composition de la musique. Elle va se réaliser avec des pads électroniques, en même temps que la chorégraphie. Toute la bande-son sera créée en direct. »
Auteur : Eric Guignet