Depuis la fin du confinement et tout au long de cet été, Tremblay n’a pas échappé à un regain de la consommation de chicha et de gaz hilarant (des capsules de protoxyde d’azote détournées de leur usage culinaire pour leurs effets euphorisants). Un double phénomène largement observable à l’échelle nationale : « Concernant le narguilé [ou chicha, une pipe à eau qui permet de fumer du tabac chauffé au charbon de bois], nous avons pu vérifier sur le terrain un accroissement des attroupements liés à sa consommation, qui s’accompagnent d’incivilités et de tapages nocturnes », observe Marie- Ange Dossou, adjointe au maire chargée de la Santé.
De santé, et de problèmes de santé publique, il est en effet bel et bien question avec la chicha, dont l’odeur et le goût sucrés masquent des conséquences très graves pour les fumeurs : une séance de 45 minutes équivaut pratiquement à fumer 40 cigarettes ! D’où une augmentation des risques de cancers (du poumon, des lèvres, de la vessie et des voies aérodigestives supérieures) et des problèmes cardiovasculaires. Mais aussi des bronchites chroniques, des brûlures, ainsi qu’une contagion microbienne (tuberculose ou Covid) liée au partage du même embout. En plein cœur de l’été, la municipalité a largement diffusé un flyer – intitulé « Nos enfants s’empoisonnent » – afin d’informer et de prévenir les familles.
Des interdictions et des poursuites
Et le gaz hilarant, ça fait quoi au juste ? « Tu le prends, et tout de suite, tu te sens plus léger. Ça provoque un fou rire… Mais l’addiction ou la consommation répétée de protoxyde d’azote peuvent avoir des conséquences désastreuses », prévient Sadia Benhamou, la directrice du pôle municipal de santé. En clair, le gaz hilarant peut causer des problèmes nerveux, cardiaques, une atteinte de la moelle épinière, des asphyxies et des brûlures par le froid. « Quelle que soit la fréquence de consommation, il existe un risque de surdosage pouvant entraîner la mort. »
Utilisées en cuisine pour propulser la crème Chantilly par exemple, les capsules sont détournées de leur usage et consommées par inhalation dans un ballon. La pratique – qui concerne principalement les 20-25 ans – paraît suffisamment répandue sur le territoire pour que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ait tiré la sonnette d’alarme en juillet dernier. Voilà qui ne laisse pas d’interpeller la municipalité à un moment où, en circulant dans la ville, chacun peut constater la présence de ces petites capsules grises abandonnées un peu partout depuis cet été.
« Il existe en ville un contrat local de santé, dont l’un des axes est précisément la santé des jeunes, reprend Marie-Ange Dossou. Pour l’heure, il s’agit surtout de mettre en place très rapidement une campagne de prévention et de sensibilisation en direction des consommateurs et des parents. » La municipalité a par ailleurs pris un arrêté le 17 juillet pour interdire la vente des capsules aux mineurs ainsi que l’utilisation détournée du protoxyde d’azote sur la voie publique, sous peine de poursuites.