Né en 1964 à Grasse, Frédéric Sanchez del Rio a grandi entre Alpes et Méditerranée. Une enfance ensoleillée et heureuse, baignée par le son de la guitare. « Mon père, venu en France dans les années cinquante pour fuir le franquisme, en jouait, en amateur », confie celui qui lui-même a commencé à pratiquer à l’âge de 7 ans, au sein du conservatoire de sa ville natale, puis plus tard à Nice. À l’âge de dix-huit ans, le jeune homme d’alors décide de « monter », comme l’on dit, à la capitale, pour « aller plus loin encore dans les études ». Il s’inscrit au conservatoire de Boulogne-Billancourt. « Le niveau était bien plus élevé que ce que j’avais connu auparavant, cela m’a fait prendre conscience du travail qu’il me restait à accomplir », souligne celui qui habite aujourd’hui dans le 18e arrondissement de Paris.
En 1995, il répond à un appel d’offres pour quelques heures d’enseignement en guitare classique à Tremblay, une ville qu’il ne connait pas encore. « J’ai travaillé avant cela pour d’autres conservatoires, avant de me fixer ici, où je suis très heureux. Dans cette ville, il y a une vraie politique culturelle : on fait vraiment tout ce qu’il faut pour que tous les habitants aient accès à la culture », fait valoir Frédéric, qui n’est pas peu fier d’avoir créé, en 1998, la première classe de musique actuelle du département. Et ce qui lui plaît vraiment, c’est de pouvoir faire un travail transversal : « Le but est que les élèves qui apprennent la guitare ne restent pas toute l’année entre eux. Nous menons des projets avec la classe de flûte, ou de danse, avec les chorales et les cuivres aussi. Chacun apprend ainsi à travailler avec d’autres univers ».
Compositeur de musique de film
Le professeur a également ouvert une classe de guitare électrique. « Il ne faut pas s’encroûter ! » assure-t-il. Avec ses multiples activités et projets, se définit un peu « comme le couteau suisse » du conservatoire. Le quinquagénaire intervient également à l’espace Angela Davis, où il donne des cours de guitare d’accompagnement, afin d’apprendre à des personnes qui le souhaitent de réaliser des accords. « C’est un peu plus sommaire comme enseignement : cela s’adresse à des gens qui veulent accompagner à la guitare un chanteur, voire eux-mêmes. C’est une initiation en quelque sorte et s’ils veulent ensuite se perfectionner vraiment, ils sont les bienvenus au conservatoire », explique le professeur.
Et puis il y a L’Ampli, un dispositif du conservatoire qui permet à des groupes de bénéficier de l’accompagnement de Frédéric en tant que professeur et directeur artistique et de répéter une fois par semaine, en totale autonomie, dans une salle de cet établissement. De plus, dans le cadre d’un partenariat avec l’espace Angela Davis, l’accès au studio d’enregistrement et de captation de la structure leur est également ouvert. L’homme a encore d’autres cordes à son arc : il a composé des musiques de film, pour Green (2009) par exemple, un documentaire animalier, qui raconte l’histoire d’une femelle orang-outan victime de la déforestation en Indonésie. Il a accompagné le cinéaste sur place pour y faire des prises de son.
Le but est que les élèves qui apprennent la guitare ne restent pas toute l’année entre eux. Nous menons des projets avec la classe de flûte, ou de danse, avec les chorales et les cuivres aussi. Chacun apprend ainsi à travailler avec d’autres univers.
Comblé à Tremblay
« L’environnement, c’est un sujet qui me touche. Ce voyage – et d’autres que j’ai effectués en Afrique – m’a beaucoup marqué. Il y a un tel décalage avec notre vie d’ici. Là-bas, on se fait tout petit face à cette nature et on se rend compte que la carte bleue et le téléphone portable ne servent à rien », appuie Frédéric. Il a également son propre groupe, baptisé The Family Rubber Soul. « Nous nous produisons régulièrement à Paris ou dans des soirées privées. C’est bien d’enseigner, mais je dois continuer à jouer ! Cela me sert d’ailleurs pour enseigner : je peux ainsi témoigner d’un vécu. »
Quand on lui demande ce que l’on peut lui souhaiter pour l’avenir, l’homme réfléchit quelques instants, avant de lâcher : « Je suis déjà comblé en travaillant ici. J’ai de supers élèves, de supers collègues et un cadre de travail idéal, qui me laisse beaucoup de latitude pour mettre en place les projets qui me tiennent à cœur. »
Frédéric Sanchez Del Rio en quelques dates
- 1999 : Création de la classe de musiques actuelles au conservatoire
- 2009 : Compose la musique d'un documentaire animalier
- 2014 : Partenariat entre le conservatoire et l'espace Angela Davis