Théâtre Louis Aragon
Notre scène, belle et rebelle
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Cette année encore, Tremblay était représentée au Festival d’Avignon, en bonne place dans ce que l’on appelle le catalogue du « Off ». Avec le théâtre Gérard- Philippe, Louis-Aragon a animé du 6 au 19 juillet 2015 un très bel espace, La Parenthèse.
Cette cause commune des villes de Tremblay et de Saint-Denis, associées sous le nom « La belle scène saint denis » a permis de valoriser leurs productions artistiques.
La Parenthèse
Sous un immense platane et une toile dressée ombrageant un joli plateau, le public bénéficie depuis cinq ans d’un lieu de qualité pour découvrir les artistes. L’atout de Tremblay, c’est la danse, puisque le théâtre Aragon est conventionné dans ce domaine. Le théâtre Gérard-Philippe est quant à lui un Centre dramatique national.
La mutualisation de leurs productions a permis de donner à voir la richesse et l’éclectisme de la création sur le territoire. C’est une visibilité hors pair pour les artistes et pour le département.
Même une journaliste japonaise est venue voir l’un des spectacles de danse qui affichait d’ailleurs complet ! Ce cru Avignon 2015 fut également le fer de lance d’une bataille en faveur des scènes conventionnées qui sont aujourd’hui menacées.
L’avenir des scènes conventionnées
Le 13 juillet 2015 au matin, à l’invitation du Syndicat des scènes publiques (SNSP) et du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelle (SYNDEAC), autour d’artistes, de professionnels et d’élus, La Parenthèse a fait salle comble pour débattre de ce réseau national en péril.
Les théâtres comme Louis-Aragon vivent d’abord grâce au financement des collectivités locales. Leur dépendance à l’égard des changements politiques est donc importante, ce qui fragilise ces lieux vitaux pour la démocratisation de la culture.
En outre, les villes et départements sont eux-mêmes asphyxiés par la cure d’austérité que leur impose l’État. Le choix gouvernemental de réduire drastiquement les dotations aux collectivités se répercute sur leurs marges de manoeuvres.
La culture fait partie des domaines qui en font douloureusement les frais. Et l’arrivée d’une nouvelle entité, la Métropole du Grand Paris, aux compétences encore incertaines, alimente les inquiétudes.
Ce qui est récemment advenu du Forum du Blanc-Mesnil a suscité une large prise de conscience. Lors des dernières élections municipales, cette ville voisine est passée à droite et le nouveau maire a décidé de supprimer l’aide qui était apportée à ce théâtre populaire.
L’établissement a du fermé ses portes ! Les deux grands syndicats professionnels, SNSP et SYNDEAC, ont décidé de porter nationalement une revendication : la création d’une charte des scènes conventionnées, avec un minimum de 200 000 euros attribués chaque année par l’État.
Aujourd’hui, les scènes conventionnées sont d’abord financées par les collectivités locales, la subvention nationale apportant l’appoint. Une récente circulaire a même banalisé l’aide à ces scènes créées en 1999 par Catherine Trautmann en permettant de financer de tous petits projets, à hauteur de quelques milliers d’euros.
La charte proposée viserait à formaliser un engagement substantiel, ferme et sécurisant de la part de l’État. Il s’agirait de consolider la viabilité de ces précieux lieux culturels, d’éviter le risque de leur fermeture et donc d’assurer une continuité du travail, essentielle pour les artistes et les habitants.
Aragon crée et partage
Les scènes conventionnées ne sont pas des théâtres au sens classique du terme, mais des projets artistiques ancrés sur des territoires. Ces scènes fonctionnent grâce aux artistes en résidence dans la durée, ce qui permet la rencontre avec les habitants et le soutien réel à la création.
« Il faut tenir les deux bouts, plaide Emmanuelle Jouan, directrice du théâtre Louis-Aragon, car notre scène propose un à trois spectacles par semaine mais offre aussi une trentaine d’actions hors les murs chaque année, dans des établissements scolaires, à l’hôpital, dans des lieux associatifs… ».
Démocratiser l’accès à la création artistique suppose de développer cette proximité, d’aller vers le public en nouant des liens avec les habitants issus de tous milieux. Tremblay y tient. Et son théâtre réussit ce pari tout au long de l’année.
Auteur : Cécile Laffin