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Quand on lui demande si elle possède une recette de longévité, Maria Wagener, 100 ans, demeurant rue de la Marne, dans le quartier du Vert-Galant, répond : « Je m’intéresse à tout et je suis avec assiduité les nouvelles du monde. J’ai connu la guerre qui a forgé mon caractère ; je me souviens encore d’avoir été déstabilisée par la chute d’un V1 [missile allemand] sur la place Pierre-Curie. J’ai toujours eu aussi un bon appétit et j’ai la bonne humeur communicative. Mes bonnes relations avec le voisinage participent à cette longévité. » 

Cela paraît simple et pourtant… Maria Wagener raconte : « J’ai deux sœurs et un frère nés en France. Mais lors de la déclaration à la naissance, mon père, qui était grec et du nom de Pascalis, s’exprimait dans un français hésitant ; il a déclaré le nom Agapitou qui est en fait un prénom qui veut dire aimé en grec. Parents et enfants eurent donc un nom de famille différent ».


Je m’intéresse à tout et je suis avec assiduité les nouvelles du monde. J’ai connu la guerre qui a forgé mon caractère.


Le choix de la nationalité française

Veuve depuis février 1995, elle a deux enfants de 70 et 77 ans, quatre petits-enfants et sept arrière-petits-enfants âgés d’1 an, 3 ans, 7 ans, 12 ans, 14 ans, 16 ans et 17 ans. Le père de sa mère, Nicolas, capitaine au long cours, était souvent absent. La mère de Maria fut placée en garde en Roumanie. Chassée par les Turcs, la cellule familiale finit par quitter la Grèce pour arriver en France par bateau, à Marseille. 

Des amis de Martigues, leur conseillent de rejoindre la communauté grecque de Belleville, à Paris. « C’est là que ma mère rencontra Mickaël, grec de naissance, né en 1900 ; ils auront quatre enfants mais mon père décédera à 33 ans à Tremblay-lès-Gonesse où il est enterré ; j’allais avoir 10 ans », se souvient Maria. 

À sa majorité, elle doit choisir entre la nationalité grecque et française ; elle opte pour cette dernière. Comme elle souffre de rachitisme, ses parents tentent de la placer dans un sanatorium, à Villepinte ; ils finissent par trouver un logement à la ferme Henri IV, rue de Vendée, dans le quartier du Vert-Galant, puis un pavillon, toujours rue de Vendée, « ce qui m’apporta l’air de la campagne en évitant d’aller au sanatorium », sourit Maria. 

La suite : « Tout d’abord placée, à 13 ans, comme bonne à tout faire par ma mère (j’étais dénuée de tout amour maternel) chez la famille Wagener, commerçants rue de Lorraine, je suis entrée ensuite à la banque du Crédit lyonnais à Paris. Jeune, j’ai beaucoup lu et je fréquentais le cinéma presque chaque semaine. » 

Le scrabble et les mots croisés 

Au Crédit lyonnais, elle occupe plusieurs postes (au service des titres et arbitrages, ventes et achats de devises), puis devient cheffe de groupe. Elle part à la retraite en 1981 pour s’occuper de son mari malade. « Mon époux était le fils de la famille où j’étais embauchée comme bonne à tout faire », se remémore-t-elle. « Sa mère n’était pas favorable à ce rapprochement mais le mariage eut lieu néanmoins en 1947. Mon mari travaillait chez des agents de change en tant que chef de service ; à la Bourse de Paris, il était reconnu comme un grand professionnel des valeurs financières. » 

Maria Wagener a beaucoup voyagé tout au long de sa vie ; elle a aussi profité du programme de sorties et de découvertes de la Société d’études historiques de Tremblay (SEHT). Ses autres passions et loisirs ? Le Scrabble et les mots croisés. « Pendant plusieurs années j’ai perfectionné mon grec moderne et ancien en faculté avec beaucoup de plaisir », ajoute cette dame qui témoigne d’un indéniable appétit de vivre. 

Par rapport à la société actuelle, elle déplore l’individualisme forcené et dénonce les réseaux sociaux qui, selon elle, détruisent les liens familiaux et abîment la jeunesse. Mais ça n’est pas une raison pour se départir de sa bonne humeur.

Maria Wagener en quelques dates

1924 : Naissance à Paris

1947 : Elle passe avec succès un concours d'embauche pour un recrutement à la banque Crédit Lyonnais 

1981 : Elle prend sa retraite pour s'occuper de son mari malade