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Les Tremblaysiens pourront entendre, le samedi 13 décembre, à 20h30, à l’Odéon, dans le cadre du Chicago Blues Festival, des bluesmen reconnus et respectés pour leur talent : le guitariste-chanteur Selwyn Birchwood et la chanteuse Carly Harvey.   Le Chicago Blues Festival et la ville de Tremblay-en-France entretiennent depuis des années un rapport tissé de fidélité et de respect mutuel. Cela méritait bien quelques explications de la part du programmateur dudit festival, Guillaume Tricard (par ailleurs directeur artistique du label Black and Blues) et de Michel Rémond, programmateur du blues à L’Odéon.

Guillaume Tricard, programmateur du Chicago Blues Festival

Quand, comment, où, pourquoi, le Chicago Blues Festival s’est-il créé ? 

Guillaume Tricard : La tournée du Chicago Blues Festival a été créé en 1969 en France par Jean-Marie Monestier, producteur de disques et passionné de musique américaine. À cette époque, très peu de musiciens de blues avaient encore l’occasion de venir jouer en Europe. L’idée fondatrice de Jean-Marie Monestier était simple et visionnaire : faire découvrir au public européen les grands artistes du blues de Chicago, là où cette musique est née, en les réunissant chaque hiver pour une tournée à travers la France et plusieurs pays européens. Le succès fut immédiat : cette tournée est devenue un rendez-vous annuel, aujourd’hui la plus ancienne tournée de blues au monde encore en activité. 

Qui en est le fondateur et qui était-il ? 

Jean-Marie Monestier, né en 1938 à Bordeaux, est un pionnier anonyme du blues en France. Passionné de musique afro-américaine, il fut parmi les premiers à organiser des tournées de bluesmen américains en Europe. Disquaire à Bordeaux dans sa jeunesse, il a créé le label Black and Blue en 1967 et a contribué à faire venir en France des artistes légendaires tels que Muddy Waters, Howlin’ Wolf, John Lee Hooker ou encore Jimmy Johnson. Son intuition fut déterminante : il a permis à des générations entières de découvrir cette musique vivante, à une époque où le blues était encore très confidentiel. La tournée du Chicago Blues Festival est fidèle à l'idée des débuts. 

Quels sont les artistes les plus connus qui s’y sont produits ? 

Depuis plus d’un demi-siècle, la tournée a accueilli une impressionnante liste de légendes du blues américain : John Lee Hooker pour la première en 1969, puis Koko Taylor, Luther Allison, Magic Slim, Eddie C. Campbell, Lonnie Brooks, Willie Kent, Jimmy Johnson, Zora Young, Toronzo Cannon, et bien d’autres encore. Chaque année, la tournée met à l’honneur une formation renouvelée d’artistes issus de la scène actuelle de Chicago, mêlant figures établies et jeunes talents appelés à prendre la relève. C’est cette transmission intergénérationnelle qui fait la singularité et la vitalité du Chicago Blues Festival depuis 1969. 

Où le Festival a-t-il l’habitude de tourner ? Dans quels pays ? Dans quelles villes ?

 La tournée s’étend chaque année sur un mois complet, en novembre et décembre, à travers la France, la Suisse, le Luxembourg, la Belgique, parfois l’Espagne ou l’Italie. Certaines villes comme Nîmes et Bordeaux sont visitées par la tournée chaque année depuis son lancement. D'autres comme Cognac, Vienne, Clermont-Ferrand, Niort, Lille, Cléon sont des étapes annuelles depuis une vingtaine d'années au moins. C'est aussi le cas de Tremblay désormais. Chaque concert garde l’esprit des clubs de Chicago : une ambiance chaleureuse, vivante, directe, où le public est au plus près des musiciens. 

Quelles sont ses relations avec la France ? 

Le Chicago Blues Festival est une création française, née d’une passion profonde pour le blues et les musiques afro-américaines. C’est en France que cette tournée a trouvé son premier public, dès la fin des années 1960, grâce à une génération de mélomanes curieux et enthousiastes. Depuis 55 ans, elle fait partie du paysage musical français, soutenue par des salles, des municipalités et un public fidèle. De nombreux artistes de Chicago considèrent même cette tournée comme un passage obligé et un honneur, tant l’accueil français reste unique. Le samedi 13 décembre, à 20h30, la tournée s’arrêtera à L’Odéon de Tremblay-en-France. 

Pourriez-vous me présenter les artistes qui s’y produiront : Selwyn Birchwood et Carly Harvey ? 

Selwyn Birchwood, originaire de Floride, est aujourd’hui l’une des grandes révélations du blues contemporain. Lauréat de l’International Blues Challenge et du Albert King Guitarist of the Year Award, il est signé chez le mythique label Alligator Records. Il représente la nouvelle génération du blues électrique, avec un jeu intense, une écriture personnelle et une grande présence scénique. Carly Harvey, chanteuse de Washington D.C., est une figure montante du blues féminin américain. Élue “Best Blues Singer” à plusieurs reprises, elle incarne une voix moderne du blues, nourrie de soul, de gospel et d’influences roots. Ensemble, ces deux artistes incarnent le renouveau du blues américain : authentique, inspiré, mais tourné vers l’avenir. 

Comment qualifier leur musique, leur blues ? 

Le blues de Selwyn Birchwood est à la fois vigoureux, électrique et profondément expressif. Il s’inscrit dans la grande tradition de Chicago, tout en la réinventant avec des sonorités contemporaines et des textes actuels. Celui de Carly Harvey est plus introspectif et soul, avec une dimension vocale et émotionnelle très forte. Sa musique évoque à la fois Etta James, Bonnie Raitt et Tracy Chapman, tout en affirmant une identité très personnelle. Leur rencontre sur scène promet une soirée où le blues se conjugue au présent, sans jamais renier ses racines. 

Carly Harvey affirme que le blues possède non seulement des racines afro-américaines mais aussi des racines provenant des autochtones (Indiens, etc.); qu’en pensez-vous ? 

C’est une approche très intéressante. Le blues est né d’un métissage culturel complexe, et même si ses fondations sont afro-américaines, il s’est nourri d’influences multiples : amérindiennes, européennes, créoles. Les échanges entre communautés dans le Sud des États-Unis ont façonné une musique profondément humaine, marquée par la douleur, la résistance et la résilience. L’observation de Carly Harvey met en lumière cette dimension universelle du blues, née du dialogue entre cultures et du partage d’expériences communes. 

La ville de Tremblay-en-France possède une relation de fidélité remarquable avec le Festival. Pourriez-vous m’en parler ? 

Tremblay-en-France est l’une des étapes annuelles de la tournée Chicago Blues Festival depuis plusieurs années. Par sa proximité avec l'aéroport Charles-de-Gaulle, nous avons pris l'habitude que la date de Tremblay soit la dernière date de la tournée, devenant ainsi le lieu symbolique de clôture du voyage. L’Odéon de Tremblay offre un cadre idéal, avec un public fidèle, connaisseur et enthousiaste. Nous avons toujours reçu des témoignages très chaleureux des musiciens sur leur passage à Tremblay. Cette fidélité est précieuse : elle incarne exactement ce que la tournée du Chicago Blues Festival représente : une rencontre humaine et une célébration partagée de cette musique.

Michel Rémond, programmateur blues à L’Odéon

Retraité depuis 15 ans, Michel Rémond programme le blues à l’Odéon. Il a étudié à l’université Paris IV les langues étrangères, et travaillé dans le transport international et à l’import/export.

Le blues semble être la passion de votre vie. Comment avez-vous découvert cette musique ? Etes-vous musicien ?

Michel Rémond : Le blues, en effet, a occupé une grande partie de ma vie et il continue à me passionner. J’ai découvert cette musique sur les bancs du lycée où j’ai fait toue ma scolarité. C’est un répétiteur anglais qui nous a fait découvrir des gens comme Big Bill Bronzy, Lightn’in Hopking et Otis Redding lorsque nous étions en première. Ensuite, ce fut une envie d’en savoir plus, de découvrir cette musique qui me touchait plus que les autres. Bien que je ne sois pas musicien (j’ai quelques restes de mon éducation musicale), j’ai une bonne oreille.

Quels sont vos bluesmen préférés ?

Il y en a trop. Je ne mets pas dans ce classement les bluesmen qui sont en « 1ère division » comme BB King ou John Lee Hooker. Je m’attache davantage à découvrir les bluesmen américains ou européens. Il y en a même au Brésil comme Igor Prado, remarquable bluesman. J’ai quelques bons souvenirs dans notre salle de Tremblay, notamment avec Johnny Basset, Roy Gaines, Rick Estrin et les Night cats, Candy Kane, Jimmy Burns JJ Malone et tant d’autres.

Quelles autres musiques aimez-vous ?

J’aime la musique en général, à partir du moment où la qualité est là et qu’elle produit des émotions. J’aime ce qu’on appelle la musique classique, le jazz, la soul, la country, les musiques afro-américaines, la bossa nova, le reggae, etc. J’étais très réticent à propos du rap, mais MC Solar, que j’ai vu au festival de blues de Cognac, Blues passions, m’a fait changer d’idée.

Comment avez-vous été amené à programmer le blues pour la scène de L’Odéon ?

J’habitais à côté de Tremblay, à Vaujours précisément, quand j’ai vu une affiche annonçant un concert de Neal Black & the Healers. C’était en novembre 1994. J’y suis allé et j’ai découvert une salle d’une centaine de places, complètement excentrée, dans un quartier pavillonnaire. L’équipe de bénévoles, dirigée par Francis Joly, était sympa ; on a parlé, et de fil en aiguille ils m’ont proposé de m’occuper de la programmation. Auparavant, ils avaient surtout recours à une seule agence. Alors, j’ai pris aussi contact avec des tourneurs belges, néerlandais, comme Jan Mittendorp. Il ne faut pas oublier qu’il n’y avait pas Internet à cette époque ; les conditions de communication étaient « compliquées ».

Quelle est l’histoire du Festival Chicago blues à Tremblay ?

Vous évoquez la tournée du Chicago blues festival qui a lieu chaque année en novembre, décembre, et qui visite un certain nombre de villes françaises. La tournée passe à Tremblay depuis quelques années et nous profitons d’une excellente programmation faite par Guillaume Tricart. Cette année, le samedi 12 décembre, nous aurons le plaisir d’accueillir les artistes suivants en tournée : Selwyn Birchwood et Carly Harvey.

Tremblay et ce festival semblent entretenir une relation étroite. Pourquoi ?

Je suppose qu’étant bien accueilli à Tremblay, de bonnes relations se sont nouées avec notre équipe. Il est vrai que nous avons de bons retours de la part des tourneurs et des musiciens. Il y a beaucoup de convivialité dans nos soirées blues. La bonne ambiance y contribue assurément.

Quels sont vos projets de programmation ?

Ce ne sont pas les idées qui manquent… Cependant, la programmation de la saison 2025/2026 étant bouclée, j’ai le temps devant moi pour trouver des artistes en tournée. La prochaine saison reprendra en octobre 2026 avec Jovin Webb, artiste louisianais.

Parlez-nous des artistes qui joueront, sous peu, à Tremblay dans le cadre de ce festival. 

Ils représentent la jeunesse. Le blues est toujours vivant. Il le sera d’autant plus avec la relève qui s’annonce. Keep the blues alive !