Judo
Yanis, un avenir tout en bleu
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Déjà en bronze, en attendant l'or ? En l'espace d'un weekend, la trajectoire de Yanis Bekhtaoui a pris une ascension spatiale. Le 11 avril 2015, le judoka du TAC est revenu des championnats de France avec une troisième place archi méritée remportée chez les cadets.
Ce fut une journée de feu, après une entrée laborieuse dans la compétition et une montée en puissance qui ne fut stoppée qu'en demi finale. Et pas par n'importe qui, puisqu’il s’agissait du futur champion de France.
Pas de quoi manger son kimono car, comme le beau temps après la pluie, une très bonne nouvelle n'allait pas tarder à gommer sa déception passagère : Yanis montait dans le train de l'équipe de France ! Une surprise ?
« Pas vraiment car j'ai travaillé énormément pour arriver là et je me souviens qu'en 2013 et 2014, j'avais été éliminé dès mon premier combat dans ces mêmes championnats qui sont le passage obligé pour prétendre à l'équipe de France », confie-t-il d'une voix posée.
De nouvelles exigences
À 16 ans, ce combattant aux 55kg tout mouillé tire désormais dans la cour des grands. Si cette reconnaissance sportive lui confère un début de notoriété dans le milieu, il hérite avant tout des exigences qui se rattachent à son nouveau statut.
Il vient de le mesurer lors d'un stage à la fin du mois de mai 2015 à Bordeaux, avec l'équipe de France. Une immersion totale dans le très haut niveau avec ses quatre heures de randori quotidiens avec les meilleurs professeurs du sérail.
« Ils nous ont poussés au maximum pour tester nos limites. Moi j'ai résisté mais d'autres se sont blessés ou n'ont pas tenu la distance. » Rien d'un club de vacances donc. Mais Yanis a su trouver les ressources et s'est accroché comme un diable. Ne rien lâcher, ce pourrait être sa devise.
« Je prends conscience d'arriver dans une nouvelle dimension où on ne te fait pas de cadeau car il y a très peu de places. » Ce camp bordelais servait de test grandeur nature avant la Coupe d'Europe de judo que la France disputera ces 6 et 7 juin 2015 en Pologne.
Yanis y étrennera sa première ceinture tricolore. « On nous a prévenus que cette épreuve sera encore plus difficile qu'un championnat d'Europe, car des nations non-européennes y participent également. Et puis il y aura beaucoup de représentants des ex-pays de l'Est qui pratiquent un excellent judo. »
Pas d'exigence de titre ni même d'un podium, les entraîneurs attendent de leur cadet qu'il donne le meilleur de lui-même et aille le plus loin possible. « Je n'ai pas à me poser de question, si j'ai été retenu c'est parce qu'on pense que j'ai ma place dans l'équipe. »
Un gros potentiel
Novice dans la sélection française, mais pas dans le haut niveau. Avant sa performance aux championnats de France, Yanis Bekhtaoui affichait déjà un parcours jalonné de titres départementaux, régionaux, et un titre de champion de France FSGT.
Il est également pensionnaire du pôle France d'Orléans depuis la rentrée 2014, véritable centre de formation du judo, mais où l’on bosse aussi ses études. Les siennes devraient le conduire dans l'animation sportive. Yanis est également passé par le pôle Espoir d'Amiens. Et son club dans tout ça, qu'en restet- il ?
« J'ai été très fier de représenter le TAC judo et même si j'y suis beaucoup moins souvent et m'y entraîne presque plus, mes pensées vont toujours vers lui. Si je suis là, c'est grâce à mon club qui m'a toujours encouragé et à Avi Lahiani, mon coach, tout particulièrement, dont j'ai toujours été très proche », assure le jeune homme.
Il parle du dojo comme d'une seconde maison, « des vraies racines que je ne risque pas d'oublier car je sais tout ce que je lui dois », affirme t-il. Et puis il y a le cocon familial où on porte le kimono du papa jusqu'aux petits frères, en passant par un oncle et une tante, depuis maintenant deux générations.
Le paternel fut son premier mentor. « Je l'accompagnais au judo et, à 4 ans, c'est lui qui m'a mis sur le tatami. » Il n’a plus quitté celui des Cottages où il a démarré la compétition à l'âge de 7 ans. « Yanis avait du potentiel, ça crevait les yeux et pas seulement sur le plan technique. Il avait ce mental et cette rigueur que tout combattant ambitieux doit posséder pour aller loin », confirme son entraîneur et directeur technique.
« À 12 ans, mon père a commencé à me parler d'intégrer un pôle d'excellence. L'idée a fait son chemin et tout s'est mis en place progressivement. » On comprend mieux pourquoi, même loin des yeux durant la semaine, le coeur de Yanis est resté à Tremblay. Il en est même devenu son meilleur ambassadeur.
Auteur : Frédéric Lombard