Portrait
Wesley Romain, gladiateur tremblaysien !
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© Antoine Bréard
Chez les Romain, on connaissait déjà Ken, le sprinteur, il y a désormais Wesley le lanceur de poids. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que si le cadet arpente la même voie pavée de travail et d’humilité que son aîné, il y a de fortes chances que de beaux résultats fleurissent pour lui aussi. Mais pour l’heure, le solide géant est en apprentissage. Du genre long et tortueux. De ceux qui forgent les caractères et les destinées.
« Wesley a des qualités certaines, maintenant il faut qu’il les mette en valeur », avance son coach André Godard, 81 printemps de malice et premier Français à atteindre la barre des 17 m dans la discipline… en 1962 ! Il ne faut pas qu’il soit trop pressé car le poids est un sport à maturation lente. Il faut au moins cinq ans pour que la technique soit au point et puis il faut aussi beaucoup de temps pour consolider son corps. Les muscles, ça peut aller vite, mais il y a tous les petits ligaments qu’il faut renforcer et ça, ça ne vient pas tout seul. Mais c’est une belle petite pépite, il est rapide, il a une bonne détente, il a du pied et il est fort du haut. Il a le potentiel et j’ai pas mal d’expérience. On fait un beau duo ! Même un beau trio… avec Doris Ratsimbazafy [ancienne lanceuse star de Madagascar, NDLR] qui l’accompagne aussi. »
Aménager les agendas
La petite équipe a en effet déjà emmené celui qui a touché à la natation, au foot, à la boxe ou encore au sprint, sur la 3e marche du podium des championnats de France Espoirs 2019, au 5e rang de ceux de 2020, malgré une blessure, et à un record personnel de 16,35 m. Une marque encourageante qui n’est qu’une étape. L’intéressé détaille : « Mes objectifs sont clairs pour les mois à venir, je veux atteindre les 17 m, 17,30 m et pourquoi pas 18 m. J’ai réussi quelques performances encourageantes. Et je veux être encore plus dans le truc. Cela ne fait que deux ans que je pratique et cela fait un an que c’est devenu sérieux. Je suis dans les dix meilleurs Français et ça me motive vraiment. On m’a pas mal parlé de mes capacités mais je ne dois pas me satisfaire de ça… »
Il faut dire que pour ce jeune homme qui enchaîne de grosses journées de boulot bien physiques – il est employé à la mairie de Tremblay au service… déménagement – avec entraînements le soir, il faut parfois jongler avec la récupération. Et aménager les agendas. Avec l’idée que les sacrifices paieront, un jour. « Quand je m’endors en rentrant du travail, mes parents sont souvent là pour me réveiller et me pousser à aller au stade, rigole celui qui porte avec fierté les couleurs de la ville en meetings. Mais j’ai de la chance de les avoir, ils sont à fond derrière moi et j’ai vraiment envie de les rendre fiers, comme mon frère l’a déjà fait avant. C’est un bon moteur. »
« Il a le temps de progresser »
Bien entouré par les siens, épanoui dans le cocon amical du TAC Athlétisme, Wesley Romain veut voir loin. « Je me dis que les JO à Paris, ça serait quand même une expérience incroyable. Alors pourquoi pas moi ? Ce qui serait fou, ce serait d’y être avec mon frère. Je l’admire beaucoup, c’est mon modèle. On a six ans d’écart donc ça sera forcément compliqué, mais qui sait ? » Un rêve partagé par Ken, même si l’expérimenté sprinteur sait que le haut niveau distille ce genre de belles histoires au compte-goutte : « Les JO, c’est un rêve qu’il peut atteindre s’il travaille très dur car il a du potentiel. Il faudra qu’il gagne encore en patience car il a toujours été un peu foufou mais je peux vous dire que je suis déjà très fier de ce qu’il fait. Je lui donnerai tous les conseils possibles pour l’aider et si un jour on partage une compétition ensemble, ce sera fabuleux. Peut-être des championnats d’Europe déjà… »
En attendant, le jeune homme veut faire les choses avec sérieux mais sans pour autant se départir de son caractère généreux et un poil bravache. « C’est un jeune quoi, glisse avec l’œil qui frise son coach. Il va prendre de la maturité, comme tout le monde. Il faut aussi qu’il profite de sa jeunesse. Il vaut mieux faire quelques « bêtises » maintenant qu’après. Il prend la vie de façon heureuse et il a le temps de progresser. Avec lui je sais que je dois m’adapter. Ici, on travaille sérieux mais pas sévère, on rigole quand même. S’il est fatigué, je lui dis d’arrêter, s’il est bien on continue. Trop suivre des plans, si tu tires trop, ça casse, il faut garder de la fraîcheur. »
Et de l’enthousiasme. Et le jeune lanceur de conclure : « Le poids, je ne fais pas ça pour être une star… C’est du poids ! Je veux d’abord prendre du plaisir, m’amuser et c’est en m’amusant qu’il y aura des performances ! »
Auteur : Antoine Bréard
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