Danse
Une pour toutes et toutes ensemble !
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© Amélie Laurin - Ville de Tremblay-en-France
C’est toujours le même rituel. Elles se frottent les épaules, les bras, les jambes au seuil de la porte du studio du théâtre Louis Aragon (TLA). Avant chaque atelier, les participantes du projet Imagine, emmenées par la chorégraphe Sandrine Lescourant, font une toilette symbolique pour se débarrasser des énergies encombrantes. Puis, vient l’autre rituel. Assises en cercle, elles débutent l’échauffement par un petit tour de « météo ». Chacune fait un état des lieux de ses sensations, de sa forme du moment.
Ce matin, l’émotion déborde un peu le groupe. La plupart du temps, ce sont les rires et les blagues qui fusent mais parfois, la tristesse affleure aussi. « Si l’une de nous ne va pas bien, c’est tout le groupe qui va mal, glisse Karyna Lopez, qui comme toutes les participantes insiste sur la grande bienveillance et la confiance qui s’est installée entre elles. On est comme une famille. » Pour la deuxième année, « Imagine », projet impulsé par le Centre national de la danse de Pantin (voir ci-dessous) réunit des femmes qui questionnent leur rapport au corps et au bien-être.
Depuis novembre, à raison de plusieurs jours par mois, elles suivent donc des ateliers avec la danseuse Sandrine Lescourant. La jeune chorégraphe hip-hop a assez vite pris le tempo de son groupe : « L’idée est qu’elles entrent en elles, qu’elles aient confiance en elles et conscience du groupe. Le fil rouge c’est ça, on s’appuie sur le groupe pour pouvoir lâcher prise. Il y a quelque chose de thérapeutique et moi ça me va, la danse qui soigne. » Une chorégraphie a aussi émergé.
Ateliers, conférences et sorties
Tous les après-midis, des ateliers de sophrologie entre autres, des sorties, des conférences leur sont aussi proposées. En ce vendredi de la mi-mars, une sortie au musée du Louvre est ainsi programmée pour vivre une expérience sensorielle inédite à la galerie tactile du musée. Toutes les participantes ont un rapport très différent à la danse. Catherine Piel est une passionnée, depuis toujours. Cette ex-institutrice tremblaysienne, boulimique de danse contemporaine, avale les stages et les représentations. Pour elle, le TLA est même « une deuxième maison ».
La Villepintoise Fatima Kahlaiyoun n’avait, elle, jamais fait de danse. « Je n’ai jamais rien fait à part métro-boulot- dodo », lance-t-elle en riant dans le RER qui emmène le groupe à Paris. Cette mère de trois enfants qui a fait toute sa carrière au marché Saint-Pierre à Montmartre, temple du tissu, se rattrape depuis qu’elle est à la retraite. Bénévole, elle donne des cours de français au sein des ateliers sociolinguistiques qui se tiennent au centre social de Villepinte, c’est là qu’elle a rencontré l’équipe du TLA. Et décidé ensuite de rejoindre le projet, embarquant avec elle deux de ses « élèves ». « C’est très sympa, on se connaît de mieux en mieux, j’apprécie beaucoup le groupe », affirme-t-elle.
De nombreux rendez-vous
La petite vingtaine, Mame Dieng, assure, elle, sauter sur toutes les occasions pour vivre des expériences artistiques. « Et puis, j’avais envie de rencontrer des personnes pas forcément de mon âge, car c’est toujours intéressant », confie celle qui court les castings pour devenir comédienne. Quant à la Tremblaysienne Naïma Aït Ouakli, elle passait simplement devant les portes du théâtre quand elle a aperçu une affiche annonçant le projet Imagine. « Je suis entrée, j’ai demandé ce que c’était et voilà ! », rit-t-elle. Même le bras en écharpe à la suite d’une fracture de l’épaule, elle ne rate pas un atelier. « Je pense déjà à la fin, ça va vraiment faire bizarre », dit-elle doucement. Mais, chaque chose en son temps, l’aventure est loin d’être terminée et continuera au printemps…
Imagine, un projet de territoire
C’est la deuxième année que le théâtre Louis Aragon (TLA) prend part au projet Imagine. Pensé par le Centre national de la danse de Pantin (CND), il réunit des femmes de tout âge et de tout horizon pour questionner les rapports esthétiques, sociétaux et intimes qu’elles entretiennent avec leur corps au travers d’expériences artistiques diverses. Outre le CND et le TLA, l’Espace 1789 de Saint- Ouen et le Théâtre La Commune d’Aubervilliers portent le projet. Quatre groupes de femmes du 93 se sont donc constitués autour de quatre chorégraphes.
Auteur : Mathilde Azerot
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