Société
"Un combat de tous les jours"
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© Ville de Tremblay-en-France
Que signifie pour vous la date du 8 mars ?
C’est la revendication des femmes ouvrières du début du 20e siècle pour obtenir le droit de vote. Et celle de la socialiste Clara Zetkin qui proposait, en 1910, de créer une Journée internationale des femmes.
Aujourd’hui, le 8 mars est devenu un rendez-vous incontournable dans le monde entier. Ce n’est qu’une journée, mais cela permet de faire un bilan de la condition féminine. Si les hommes s’impliquent davantage dans la vie du foyer, il est bon de rappeler que le chemin vers l’égalité homme-femme est un combat de tous les jours.
Vous avez connu les combats des femmes dans les années 70. Comment voyez-vous la place des femmes aujourd’hui ?
Grâce à l’action de militantes féministes des années 1970, notamment pour le planning familial, la contraception ou encore l’IVG, des progrès ont été obtenus pour l’émancipation des femmes.
Évidemment, il y a toujours le sursaut du vieux monde qui guette avec la montée des religions et de l’obscurantisme. Dans les quartiers en relégation sociale, on régresse. Dans les cafés, il n’y a par exemple que des hommes.
Contrairement à Paris, les femmes s’autocensurent et n’y vont pas. Les femmes, on les voit dans les écoles, les crèches, les magasins… C’est un indicateur. Ce n’est donc pas juste la question des femmes, mais celle du vivre ensemble dont il est question.
Il y a aussi une montée du communautarisme qui fait régresser la condition de la femme. Et si les femmes ont investi le monde du travail, les postes clés du pouvoir sont encore occupés par les hommes.
La question du droit à l’avortement est revenue récemment dans l’actualité…
En France, depuis la loi Veil votée il y a 40 ans, on a droit à l’avortement. Et si des partisans de la Manif pour tous, dont certains étaient ouvertement anti-avortement, ont réveillé des craintes, il y a suffisamment de femmes motivées pour que cette loi ne soit pas remise en cause. Il ne faut absolument pas que le monde régresse. C’est pour cela qu’il faut rester vigilant, dénoncer et combattre les discriminations.
Mais il y a plus grave encore, ce sont les violences inacceptables faites aux femmes. Tous les trois jours en France, une femme meurt sous les coups de son conjoint !
Vous chantez Ferrat le 5 mars 2015 à Tremblay. Avec votre groupe Vox populi, vous avez également le souci de faire découvrir un répertoire international lié aux luttes sociales et démocratiques.
Dans l’album Chansons révoltées, on peut trouver des chansons mondialement connues comme Le Temps des cerises ou El Ejercito del ebro. Mais aussi d’autres moins connues, telle La Grève des mères, composée en 1905 par Montéhus et qui valut à son auteur une condamnation pour incitation à l'avortement.
Cet album est comme une piqûre de rappel pour nous inciter à plus d'indignation et de solidarité face à un monde qui vacille. Chaque titre évoque un peuple en lutte. Cette colère est celle de tous les humiliés de la planète dont beaucoup sont des femmes.
Pourquoi un répertoire si particulier ?
Par-delà les lois, la question des droits des femmes est une condition centrale dans l’émancipation de toute société. Il s’agit de la moitié du genre humain ! Nous manquons de transmission. Les femmes qui se sont battues pour faire évoluer leur cause, ce sont les grands-mères d’aujourd’hui. Elles peuvent transmettre à leurs petits-enfants leur expérience, leur vécu et leur combat.
À Marseille, par exemple, ce sont les grand-mères qui occupent les halls d’immeubles pour empêcher leurs petits fils de tomber dans la drogue ou le trafic.
Il ne faut pas être dogmatique. Le mouvement féministe compte mais ce n’est pas le seul outil. Cela s’inscrit dans un contexte de lutte sociale. Il faut créer une nouvelle génération de militantes et de militants pour empêcher les reculs et oeuvrer pour une réelle égalité des sexes.
Auteur : Pierre Grivot