Théâtre Louis Aragon
Très proches en octobre
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© Amélie Laurin / Ville de Tremblay-en-France
Tiens, du Rameau en accompagnement sonore ! C’est bien la partition des Indes Galantes (un opéra baroque de 1735) qui retentit alors que sur le plateau du Théâtre Louis-Aragon, se déploient Loreleï, Alan et leurs sept camarades de La Belle Jeunesse (LBJ). « Justice pour les ouvriers ! À bas le gouvernement, bande de vendus ! », scandent-ils sous les masques rendus obligatoires par le coronavirus. Paradoxe en ces temps de distanciation physique, c’est Proches, la première création de LBJ, que le collectif répète là, avant les représentations des 8 et 9 octobre.
Depuis septembre 2018, ces jeunes qui viennent des ateliers théâtre du lycée Blaise-Cendrars de Sevran se sont fédérés en un collectif et, partenaires du TLA, se sont quasiment fondus dans le paysage tremblaysien : ils s’inscrivent ici dans un parcours de spectateurs et de médiation culturelle, certains d’entre eux travaillent à la communication du TLA… De cette proximité à Proches, un pas aura été franchi en matière de création : « Le but, c’était de mettre en scène un spectacle qui donne à entendre leurs voix, qui parte de leurs désirs, de ce qu’ils ont à dire », explique Laure Hamidi, la directrice artistique de LBJ.
« À partir d’une sélection de textes que Laure nous a proposés, nous avons retenu ceux de deux auteurs allemands que pratiquement un siècle sépare. C’est en entremêlant les deux œuvres que nous nous y sommes retrouvés », élucide Loreleï. On parle là du dramaturge pacifiste et révolutionnaire Ernst Toller (1893- 1939) et de Falk Richter, dramaturge et metteur en scène très actif, né à Hambourg en 1969. Ce dernier a beaucoup écrit sur les désillusions de la jeunesse, sur la crise financière, et avance en leitmotiv qu’il est difficile d’être proche des autres dans nos sociétés contemporaines, alors même que nous sommes hyperconnectés.
Porte-voix d’une urgence
Dans sa pièce Hop là, nous vivons !, créée en 1927, Toller livrait un témoignage sur le chaos de l’Europe des années 1930 (« qui a beaucoup de résonances avec notre époque – c’est assez tragique d’ailleurs », commente Laure Hamidi). Y répondent dans Proches des intermèdes contemporains tirés de l’œuvre de Falk Richter. Question sous-jacente de la création de LBJ : y a-t-il encore des idéaux politiques pour porter la jeunesse ? Le spectacle se fait porte-voix d’une urgence.
Parallèlement à Proches, le temps fort du TLA « Maintenant, La Belle Jeunesse prend la parole ! » déclinera ainsi trois tables rondes : le 10 octobre, on échangera sur les inégalités territoriales, les enjeux climatiques et l’émancipation par l’art, sous la houlette des membres de LBJ. À ces fins éminemment citoyennes participeront un représentant du Conseil des Jeunes de la Maison de la culture 93 de Bobigny ainsi que son alter ego du TGScope, la troupe de jeunes du théâtre Gérard-Philipe de Saint- Denis. On annonce également la présence de Pierre-Emmanuel Sorignet, professeur de sociologie à l’université de Lausanne, de la députée Clémentine Autain et d’Heddy Salem, danseur et comédien, que l’on verra dans Juste Heddy, portrait chorégraphique projeté ce même jour.
Auteur : Eric Guignet