Culture
Tino refait l'école
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À ce moment-là, il y a six danseurs pour débouler comme des diables électriques et dérouler une chorégraphie nucléaire sur le parquet de l’Espace Louise-Michel.
Notre pouls accélère à s’identifier aux corps souples, alertes, nerveux et gracieux qui évoluent devant nous. Ça va vite et tout ça paraît impeccable. Pas pour Tino…
En dépit d’une nonchalance tranquillement posée au cœur de la séance, rien n’échappe à cet homme-là. Dix fois, vingt fois, il leur fera remettre leurs appuis et leurs postures à l’ouvrage, à coups de « on nettoie, on nettoie ! » ou de « servez-vous de tout ce que vous savez faire pour trouver le truc qui va aller avec ».
Le chorégraphe procède ainsi aux réglages de son corps de ballet. Maître à danser, philosophe du projet porté collectivement par l’association Yin Yang Assoc’, Thierry « Tino » Anoman indique les grands axes de la Tinoschool Week depuis cinq saisons.
« En réalité, cela a commencé bien avant. Lorsque j’arrive à Tremblay il y a 10 ans et que les jeunes avec lesquels je travaille progressent à force de spectacles donnés dans de petites structures.
Petit à petit, on sort à l’extérieur, on est reconnu, on est invité ici et là dans des festivals. Pourquoi ne pas faire quelque chose chez nous, c’est ce qu’on à fini par se dire à un moment», se souvient le chorégraphe.
Une véritable école
Le temps est vite passé et les gamins dont Tino s’occupait sont devenus à leur tour cadors et chevilles ouvrières de Yin Yang Assoc’, créée en 2007 par un collectif de jeunes tremblaysiens.
À l’instar de Steve Thomy, son président : « L’idée consistait, autour du hip hop, à promouvoir un projet global Tinoschool. C’est-à-dire une école avec une pédagogie, des valeurs, un état d’esprit et une méthodologie. Nous menons ainsi un certain nombre d’actions sur le territoire de Terres de France et au delà, à travers tout le pays.Ces deux semaines de festival constituent le temps fort de notre travail.»
On voit bien la division du travail : Tino aux ateliers, professeur de danse et chorégraphe ; les filles et les garçons de Yin Yang pour la formalisation, le développement et la promotion des projets.
Voilà une « dance connection » qui draine plus d’une centaine d’aficionados – de 8 à 25 ans – tout au long de l’année, que ce soit lors des ateliers chorégraphiques, pour le spectacle de fin d’année, ou encore sur Internet via le site ad hoc et les réseaux sociaux.
La méthode Tino ? «Mentalité cultures urbaines et sports d’équipes !» Ça veut dire que le chorégraphe n’hésite pas à faire se confronter ses danseurs d’élite et ceux qui commencent à se débrouiller dans le grand bassin.
Au-delà, la Tinoschool a développé un versant social, s’est adjoint les services d’une psychosociologue, d’une diététicienne, acteurs désormais indissociables de la dynamique du projet. Ainsi Tino a fait école…
Auteur : Eric Guignet