L'Odéon-Scène JRC
Si le blues m'était conté
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La question est sommaire. « Alors, qu’est-ce que le blues ? » La réponse, du tac-au-tac, l’est tout autant : « La musique traditionnelle des afro-américains ».
Puis, « le blues vient à 80% de l’Afrique, mais il y a aussi des apports européens et de musiques indiennes [amérindiennes, ndlr] ». Ah ? « Le blues est une des premières musiques métissées. »
Voilà pour la substance. Tao Ravao, 58 ans, multi-instrumentiste, parle de ce qu’il connaît certainement le mieux. Car du blues, il en joue depuis qu’il a 12 ans et s’y est totalement consacré à l’âge de 20 ans.
« Le blues, à travers les époques, a irrigué toutes les musiques modernes, souligne- t-il à l’envi. C’est le tronc de toutes ces musiques : le rap, la soul, le jazz, la funk et j’en passe. »
En compagnie de son comparse, harmoniste virtuose, Vincent Bucher, Tao Ravao contera aux enfants, cette Petite histoire du blues (plutôt vertigineuse tout de même), sur la scène de L’Odéon, le mercredi 17 décembre 2014.
Se lancer dans l’histoire de ce genre musical, expression de la tristesse et de la désolation, c’est se plonger dans celle de l’esclavage aux États-Unis, mais aussi des travailleurs migrants pauvres de l’Amérique.
On apprendra notamment que le blues doit aussi beaucoup aux Irlandais, migrants s’il en est. On découvrira les différents styles de blues, du Delta blues originel à sa forme la plus contemporaine, le blues électrique.
Un spectacle à la fois ludique et pédagogique. « Nous jouerons aussi des cuillères, précise Tao Ravao, pour montrer aux enfants que les Noirs pauvres utilisaient tout ce qu’ils pouvaient pour faire de la musique, et qu’ils utilisaient notamment des cuillères pour accompagner les harmonicistes. » Les enfants seront invités à chanter.
Luth et harpe malgaches
Ce spectacle c’est aussi l’histoire d’une amitié entre deux musiciens née grâce au blues. « Vincent, je le connais depuis qu’il a 16 ans, c’était en 1972, je jouais dans la rue à Beaubourg. J’avais 22 ans », se souvient Tao Ravao.
La pièce a été créée il y a 25 ans pour les jeunesses musicales de France. Et, avec la même ferveur, ils continuent de se retrouver pour la jouer ici et là, de temps à autres.
Les deux artistes ont enregistré plusieurs albums ensemble dont Vazo (2013), qui mêle blues afroaméricain et musique malgache et se produisent sur de nombreuses scènes.
C’est la voix de l’harmoniciste qui contera l’émergence et les transformations du blues au travers du temps. Tao Ravao qui maîtrise une douzaine d’instruments, jouera pour la pièce de la guitare ainsi que du bottleneck (tube de verre ou métallique utilisé sur les cordes de guitare produisant un son métallique).
Franco-malgache, il apportera également un luth kabozy et une harpe valiha. « Madagascar fait partie du continent africain et les esclaves ont donc [emporté avec eux] leurs propres instruments. La musique n’est que le reflet de ce qu’est la vie, leurs conditions se sont durcies, donc leur musique a changé », explique celui qui est aujourd’hui l’un des ambassadeurs de la musique malgache en France.
Les enfants feront également connaissance avec l’oeuvre d’artistes majeurs du blues tels Robert Johnson, Billie Holliday ou B.B.King pour ne citer qu’eux.
Auteur : Mathilde Azerot