Tennis, Portrait
Sara Cakarevic, balles neuves
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De son sourire et de son affabilité naturelle affichés lors de sa superbe victoire au cours du 10e tournoi Pro Elle du Tennis Club Tremblaysien en juin dernier, Sara Cakarevic ne s’est quasiment pas départie. Pourtant, depuis, celle qui était montée jusqu’à la 304e place mondiale quelques semaines plus tard, aurait eu bien des raisons de virer Masque de Fer. Deux fractures de fatigue (main et hanche) et une douleur persistante à l’épaule ont en effet stoppé sa progression constante au cœur de l’élite.
« C’est tout Sara ça » glisse sa maman, Tara, ancienne joueuse professionnelle de handball. « Elle est adorable, droite, presque trop gentille. C’est un bonheur pour une mère mais cela peut jouer des tours dans le sport professionnel. Et je sais de quoi je parle ! Mais bon comme elle est déterminée et très disciplinée, elle compense. » Depuis l’été, soins divers, travail physique et jeu sont en effet au programme de la jeune femme de 21 ans en reconstruction.
Avec une seule petite sortie, peu fructueuse, en tournoi à Hong Kong, pour casser la routine. « Je suis dans une période difficile, c’est long de passer autant de temps sans jouer de tournois, je suis allé à Hong Kong pour changer d’air mais je savais que cela serait difficile. J’avais encore mal », analyse la joueuse au lourd coup droit. « Mais cela me fait évoluer et je dois me soigner comme il faut. J’espère être au moins prête pour Roland-Garros en mai et avoir une invitation pour disputer les qualifications. »
Gagner coûte que coûte !
Invitée lors des deux dernières éditions du tournoi du Grand Chelem français, celle qui a grandi à Bondy veut néanmoins reprendre dès que possible son ascension. Et, elle ne se fixe aucune limite : « Ma première participation à Roland, même si j’ai pris 6/1, 6/0 face à l’Italienne Sara Errani, a été très intense car on a joué pendant 1h30. Ça reste un très bon souvenir. Meilleur que ma seconde participation où j’ai été débordée par tout ce qui se passe autour : les attentes de chacun, les textos… Mais ce qui est sûr, c’est que quand tu goûtes à ça, tu veux y retourner, disputer tous les meilleurs tournois du monde. Et c’est mon objectif à moyen terme. C’est la vie de rêve quand même de se lever le matin pour être joueuse de tennis pro ! Même si c’est parfois dur, ça ne me pose aucun souci d’être debout tôt pour travailler. D’aussi loin que je me souvienne, en plus, j’ai toujours voulu faire de la compétition. Quand j’ai débuté, les groupes étaient mixtes et ça ne me faisait pas peur du tout de jouer contre les garçons, contrairement à d’autres filles. Moi je voulais gagner coûte que coûte. »
Une attitude qui a permis à l’aînée de la fratrie de quatre – tous accros à la petite balle jaune – de tracer son chemin, bien soutenue par le Tennis Club Tremblaysien (TCT), jusqu’au centre fédéral alors qu’elle n’a pas vraiment suivi le cursus classique du tennis de haut niveau. Il lui a d’abord fallu suivre une scolarité traditionnelle en sport-études et passer le bac avant de prendre la route des « petits » tournois…
« Au début, j’en voulais à mes parents de ne pas me laisser faire mes études via le CNED –l’enseignement à distance- car beaucoup de jeunes de mon âge étaient déjà classés, mais j’en suis très heureuse maintenant. Le bac m’a apporté beaucoup et je reste fraîche par rapport au tennis tandis que d’autres sont déjà émoussées. Après, il faut avoir du mental pour partir seule sur des tournois Futures –la 3e catégorie du circuit- où les gains des victoires ne remboursent pas toujours les coûts du séjour… Mais il faut passer par-là pour gagner des places. »
Un nouvel entraîneur
Désormais coachée par Grégory Carraz, ex 54e mondial, la cheffe de file du tennis tremblaysien peut devenir une des figures de la discipline en France. Son entraîneur l’assure : « Sara a des progrès à faire dans certains domaines tennistiques, mais elle a du potentiel. Sincèrement, elle peut entrer parmi les 100 meilleures joueuses du monde. »
Victorieuse de son premier tournoi du circuit ITF à Prokupje en 2016 – « Une grosse fierté car j’étais partie longtemps seule sans craquer et décider de rentrer à la maison » – puis à deux reprises de celui d’Hammamet en Tunisie, celle qui a pour idole un certain Novak Djokovic, numéro 1 mondial, n’a pas fini de faire parler du TCT et elle le dit avec envie : « J’ai hâte de reprendre le cours de ma carrière ! »
Auteur : Antoine Bréard