Résidence
Linkhan sous LFC !
Publié le

© DR - Ville de Tremblay-en-France
La sauce a monté doucement. Depuis le hall de L’Odéon, DJ Purple distillait ses galettes comme des amuse-bouches caribéens. Sourire en coin et tout à son affaire, celui-là nous piquait gentiment en mode chaloupé, soit une façon plutôt maligne, ou trompeuse, d’annoncer Linkhan, jeune chanteur « addict » au dancehall que l’on a découvert en premières parties de Winston Mc Anuff et Admiral T, ici-même à Tremblay il y a 5 ans, même configuration avec Taïro en Angleterre, aussi...
Voilà qui connote et annonce la couleur ? « Linkhan fait partie de ces artistes qui ont intégré la culture caribéenne dans leur culture française urbaine. Très tôt, il toastait déjà comme un Jamaïcain, maîtrisant parfaitement l’anglais et vraiment sans complexe par rapport à ça », explique Guillaume Garcia, le programmateur de L’Odéon Scène JRC.
EP en préparation
Qui est-ce qu’on allait voir ? Quelques heures avant l’heure H de son concert de sortie de résidence, on tombait sur un artiste de 31 ans et du 20e arrondissement, déjà dans sa concentration c’est-à-dire peu prolixe face à l’interviewé, mais ça se détendra dans la foulée : « Du reggae, du rock... j’ai fait ma formation musicale en écoutant du rap français et américain et du dancehall. J’avais 13 ans et je passais beaucoup de temps dans le studio d’enregistrement d’un épicier camerounais, à côté de chez moi. J’étais trop content et ça a été formateur. »
C’est rien de le dire, parce qu’avant de le rencontrer physiquement et à l’avoir seulement entendu sur Deezer, ne pas l’avoir vu dans une émission de télé (Audition secrète, sur M6 !) on l’avait imaginé noir avec des locks... si bien que, blanc et cheveux courts, l’accent anglais absolument « perfect » quand il sera monté sur scène, Linkhan nous a fait tomber de la chaise et ça l’a fait aussi avec les Frères Cirade (LFC), les musiciens, compositeurs et producteurs qui l’accompagnent désormais dans son nouveau projet musical : « Je joue avec beaucoup de gens dans le reggae, des noms comme Pierpoljack, Tonton David... Linkhan, je l’ai rencontré au cours d’une répétition, il y a quelques années, et je lui avais suggéré de poser des trucs genre Massive Attack sur ces compos. J’ai vu un éclair dans ses yeux. Lui, il est très Caraïbes à la base et nous, on apporte quelque chose qui sent le bitume, une touche plus dark !, raconte Mato Cirade, bassiste et associé au frangin Drumatik – c’est le batteur ! – dans cette dream team qui tire toute sa substantifique moelle du hip hop, du reggae et du rock. Le principal objectif de cette résidence à Tremblay, c’est qu’on est sur la préparation d’un album. Un EP est en préparation, et tout cela c’est bien mais la vraie finalité d’un album, selon nous, consiste surtout à aller le défendre en live pour toucher un maximum de gens. »
Public de connaisseurs
Linkhan et son live band se seront donc ainsi appliqués à faire un pont entre le studio et ce qu’ils entendent décliner sur scène, avec tous les réglages fins que cela implique. Qu’est-ce qu’on allait entendre alors ? No more, Just a man, You mine... soit 10 titres qui tapent dans l’émotion pure ou racontent une histoire. Conteur de l’intérieur ? C’est ça et autant dire que la sauce a pris, que la touche rock des Cirade se lovait parfaitement au phrasé de lover de Linkhan complètement sous LFC !
Étonnant cocktail – ti-punch ambré par moments, et quelle voix vraiment – qui a fait prendre son plaisir à un public de connaisseurs : « Ce concert, ç’aura été la récompense de tout ce travail en résidence. C’est ce que j’ai cherché pendant longtemps, on a été filmés et ça nous permet de voir les point forts… et les points faibles aussi. On a joué 45 minutes, et maintenant on se prépare à bosser sur un show d’une heure et demie», débriefera Linkhan, au sortir de la prestation collective. Il peut être légitimement content. À la question qui se posait – Comment intégrer sa culture soul-rock à son tropisme originel, comment allier toutes ses influences en une ? – la réponse sonne comme une prescription musicale : se remettre vite sous LFC...
Auteur : Eric Guignet
Écrire un commentaire