Handball
« Je veux aller le plus loin possible »
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© Antoine Bréard / Ville de Tremblay-en-France
Ses statistiques sont certes encore loin d’être rondelettes, avec deux modestes buts inscrits cette saison en Lidl Starligue, qui s’ajoutent aux quatre de la saison passée, mais Elyas Bouadjadja, le très jeune arrière droit du TFHB, a déjà beaucoup d’un futur grand. Signataire, l’été dernier, d’un contrat de stagiaire pro – le premier du genre au sein du club, avec celui de Lucas Jametal –, alors qu’il est à peine majeur, le gaucher multitâche affiche un profil qui ne peut laisser indifférents les amateurs de handball.
« Il coche quasiment toutes les cases que l’on attend sur ce poste toujours un peu particulier », glisse avec enthousiasme Florian Gourlaouen. Responsable technique du club, ce dernier a participé, il y a quelques années de cela, à l’arrivée d’Elyas Bouadjadja chez les Jaune et Noir. « Il attaque, il défend, et il a une marge de progression dans ces deux secteurs du jeu, poursuit le cadre. Et s’il est joyeux et blagueur, Elyas accepte volontiers les contraintes du haut niveau. Ce n’est pas une machine, mais il est toujours vraiment bien dans pas mal de secteurs. Évidemment, il a encore beaucoup de travail à effectuer, mais le terreau chez lui est fertile. Il a toujours été déterminé à devenir sportif professionnel et il n’a jamais rechigné devant les efforts nécessaires. »
Bachelier l’an passé
Pensionnaire du Palais des sports depuis ses 11 ans, le jeune homme a grimpé les échelons quatre à quatre. Souvent surclassé, cet ancien gymnaste qui a aussi tâté du foot, du judo ou de la natation, a réalisé jusqu’ici un parcours sans faute, passant par les sélections du comité départemental et de la ligue régionale, puis par le pôle d’Eaubonne, qui forme les jeunes espoirs au niveau national, tout en se signalant du côté des équipes de France jeunes. Le tout avec une décontraction assez étonnante. L’intéressé s’amuse : « Je suis arrivé au handball par hasard, grâce à mon frère aîné qui a quatre ans de plus que moi. Il faisait du hand à l’association sportive du collège et j’ai suivi. J’ai vite accroché, et comme je n’étais pas mauvais, je suis toujours là », rigole-t-il.
Il jouera d’abord à Villepinte pendant deux ans puis fera le grand saut pour le club phare du 93. « Au début, j’hésitais à venir, puis on s’est pris une valise de vingt buts et je me suis dit que ça serait peut-être un bon choix de changer. Maintenant, je me retrouve avec les pros au quotidien, je progresse. Et c’est tout ce dont je rêvais. Depuis petit, je veux être sportif professionnel. J’aurais voulu l’être dans toutes les disciplines que j’ai pratiquées. » Bachelier l’année passée, le minot poursuit, en parallèle de ses vrais débuts pros cette saison, ses études à l’IUT en gestion logistique et transport. Le tout, malgré le contexte sanitaire.
Posé et ambitieux
Entre les deux entraînements par jour, les matchs, les cours et la famille, la vie d’Elyas Bouadjadja est donc bien cadencée. Ce qui colle avec la personnalité attachante et déjà très mature que l’on sent poindre. Sa mère, Béatrice, tempère : « Dans le sport, il respecte bien les règles, c’est sûr. C’est son truc et je trouve qu’il est presque une autre personne comparé aux moments où il est à la maison ou à l’école. Là, ce n’est pas toujours pareil : des fois il va dans le mur et je ne comprends pas », plaisante- t-elle, avant de poursuivre : « Mais c’est peut-être parce que je suis sa maman… Ce qui est certain, c’est qu’Elyas est quelqu’un de bienveillant. Il a toujours un mot gentil pour les autres ou lorsqu’il y a quelque chose qui lui plaît. Sur la nourriture par exemple, il me fait toujours des compliments. Et puis, il a tout de même du caractère, il sait ce qu’il veut. Quand il a dû signer son contrat, il m’a dit : “Laisse-moi faire”. Je suis forcément fière de lui même si, parfois, le sport de haut niveau peut faire mal. Je me souviens d’un match face à Créteil, avec une séance de penalties où personne ne voulait y aller. Elyas a pris ses responsabilités, et a raté. Son équipe a perdu et il était dans un état, à vouloir arracher son maillot, se cacher… »
Compétiteur dans l’âme presque sans avoir l’air de le dire ? « Je suis quelqu’un de posé, je fais mon petit parcours tranquille, mais je veux aller loin, le plus loin possible, un peu comme Dika Mem [aujourd’hui arrière droit au FC Barcelone], que j’admire beaucoup et qui est passé ici. J’ai beaucoup d’ambition mais je ne me prends pas la tête. Je peux encore beaucoup ressasser quand je rate sur un match, mais cela pollue tes performances. Heureusement, très vite, les entraînements permettent d’effacer et de se tourner vers la suite. » Celle-ci se dessine avec la reprise du championnat le 4 février à Dunkerque, où Elyas était dans les plans du coach Joël Da Silva, en soutien de Luka Sebetic et de Bruno Butorac.
Auteur : Antoine Bréard