Environnement, Initiative
Du fil à l’hélice
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© DR - Ville de Tremblay-en-France
À l’atelier aménagé juste à côté du centre social Louise Michel, plusieurs femmes sont assises autour d’une table. Devant elles sont posés des caisses de tissus et tout le matériel nécessaire pour la poursuite du projet qu’elles développent peu à peu avec l’artiste et couturier Lamyne M. sur le thème de la pollution et des hélices. Encadrées par Andjelka, intervenante couture, et Fatima, animatrice du centre social, elles finissent « d’habiller les pales des hélices avec des bouts de tissus de différentes matières et couleurs déjà assemblées », explique cette dernière.
Le support hélice n’a pas été choisi au hasard par l’artiste : « Tremblay-en-France subit les bruits liés à l’aéroport ainsi que la pollution. J’ai voulu me saisir du sujet très actuel du réchauffement climatique, à travers l’art contemporain. » Or l’hélice, présente dans les réacteurs d’avion mais aussi dans les éoliennes, est autant symbole de la pollution que des énergies renouvelables.
Pour ce projet, débuté en septembre, des hélices plus ou moins grandes de bateaux, de ventilateurs ou autres ont peu à peu été récupérées. Dans une ambiance aussi studieuse que chaleureuse, chacune s’attelle à la tâche. Certaines sont des habituées de la couture, comme Nouara, 56 ans : « J’en fais depuis quelques années avec le centre social. Ce projet m’a plu. Je découvre une autre façon de travailler. »
En plus des hélices, les petites mains de l’atelier ont créé des poissons, en plastique et tissu, afin d’alerter sur la pollution dans les océans. Fatima insiste, « derrière le beau et la couleur, il y a un message ». Pour les accompagner pas à pas, le chef d’atelier, Dalil, est toujours présent : « Je les aide dans le choix des motifs ou sur les points techniques quand c’est un peu compliqué. » Pour toutes, participer à ce projet, c’est s’investir pour leur ville, faire passer un message à travers l’art, mais aussi « partager des moments », confie Rabha, une des participantes.
La naissance du projet
L’idée a émergé il y a deux ans. Avec plusieurs de ses usagères, le centre social avait organisé une sortie pour visiter l’exposition des grandes robes royales de Lamyne M. à la basilique de Saint-Denis. Enchantées, les visiteuses avaient alors manifesté l’envie de travailler avec le couturier. « C’est lui qui leur avait fait visiter l’exposition. Il avait justement fait appel à un centre social dionysien pour la concevoir. De fil en aiguille, l’envie de mener un projet en collaboration est née », explique Danielle Bellini, directrice de la culture à Tremblay. Afin de faire connaissance, « je les ai invitées à visiter mon atelier, se souvient Lamyne M., pour qu’elles puissent comprendre mon univers. Elles sont également allées au musée Galliera voir l’exposition sur la garde-robe de Dalida pour s’imprégner de l’univers de la mode ».
Les œuvres devraient être terminées en septembre, puis voyager sous forme d’exposition un peu partout dans le monde, comme ce fut le cas des robes royales. « Je veux valoriser ces petites mains et les faire voyager par leurs œuvres. » Mais les Tremblaysiens auront la primeur de la découverte !
Auteur : Maëliss Orboin
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