Danse
Collégiens et lycéens entrent dans la danse
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© DR / Ville de Tremblay-en-France
Dernier jeudi d’atelier pour les terminales ASSP (Accompagnement, soins et services à la personne). Cette classe, en majorité féminine, a déjà une quinzaine d’heures de pratique chorégraphique dans les jambes… Pas que, du reste, car sous la houlette d’Hamid Ben Mahi et Elsa Morineaux, tout travaille : le corps et l’esprit. Avec le chorégraphe et l’une de ses danseuses à la manœuvre, la température monte vite dans la grande salle du complexe Jean-Guimier. « Tout comme une classe de troisième et une autre de cinquième venues des collèges Descartes et Romain-Rolland, cette terminale aura bénéficié d’une vingtaine d’heures d’ateliers danse. L’idée, c’est de restituer ce travail autour du spectacle Yellel d’Hamid Ben Mahi dans le cadre du festival CQFD en mai prochain au TLA », explique-t-on du côté du théâtre Louis-Aragon.
En résidence à Tremblay en 2008, 2010 et 2012, Hamid Ben Mahi revient sur un territoire qu’il connaît bien avec cette pièce chorégraphique, reprogrammée le 13 avril prochain (en croisant fort les doigts pour que les structures culturelles aient enfin rouvert). Yellel – c’est le nom du village d’Algérie d’où est originaire la famille Ben Mahi – aborde la question de l’identité en mêlant hip-hop et danses traditionnelles d’Orient. Bordelais, français, algérien, le chorégraphe a souvent abordé sa quête identitaire au moyen de représentations en solo. Dans ce spectacle-ci, il embarque cinq danseurs.
Et à Guimier, c’est toute la terminale qui se sera retrouvée au diapason d’un voyage, d’un périple de danse. On apprécie le talent d’Elsa Morineaux et d’Hamid Ben Mahi, qui dirigent sans diriger. On devine les sourires sous les masques, on saisit le bonheur qui se réfléchit sur les miroirs de la salle de danse. Du plaisir mais aussi du bon boulot, car les trois chorégraphies au programme apparaissent bien maîtrisées. La musique gnawa qui prend tout le monde, corps et âme, fait qu’on pourrait passer là le reste d’un après-midi qui file trop rapidement…
« Le corps a une mémoire »
Les corps sont fatigués ; le professeur d’EPS, partie prenante sur le parquet, peut en témoigner. « Physiquement, c’est très conséquent pour des élèves qui ne sont pas habitués à enchaîner autant d’heures de sport d’affilée. Franchement, sur l’ensemble des ateliers, ils se sont vraiment bien investis dans le projet. C’est également tout bénéfice pour leur option danse au baccalauréat », se réjouit Pascal. Il n’est pas le seul à danser avec ses élèves : la professeure de français, histoire et géographie prend également sa part de Yellel, dans le cadre de ce projet croisé avec son collègue.
« Ce spectacle est inspiré d’un essai d’Amin Maalouf, Les Identités meurtrières, que nous avons étudié en cours. Deux des objets d’étude du programme de terminale s’inscrivent parfaitement ici : “La parole en spectacle”, par exemple, se réalise-t-elle seulement avec les mots ? Ici, on voit bien que non ! » Les corps, les pas des danseurs, disent beaucoup, en effet. Au moment opportun, Elsa et Hamid proposent un break et un temps d’échanges. L’assistance est scotchée par le chorégraphe, qui leur offre une histoire raccourcie et dansée.
Tout le monde exulte quand les deux professionnels de la compagnie Hors série donnent dans la démo, passant à la moulinette les danses de rue, des formes éphémères parfois, et plusieurs danses traditionnelles qui ont essaimé de par le monde. Les identités, ça voyage, n’est-ce pas ? « On en a parlé tout au long des ateliers, aussi bien avec les collégiens qu’avec les lycéens. Se dire qu’on est né ici, qu’on a grandi ici, mais avec des origines, des traditions, des cultures multiples… Même si, parfois, on ne les connaît pas bien, il faut se rappeler que c’est une richesse », glisse Hamid Ben Mahi. Les élèves se souviendront- ils des chorégraphies pour la restitution au TLA en mai ? « Le corps a une mémoire, ça revient très vite », assure le chorégraphe. Oui, Yellel, reviens vite.
Auteur : Eric Guignet