Jeunesse
Chamboulée jeunesse
Publié le

© DR / Ville de Tremblay-en-France
« Génération Covid », ou comment avoir entre 15 et 25 ans en 2021. L’inquiétude demeure en ce début d’année, mais la jeunesse fait face et ne se laisse pas abattre. Elle révèle sa force de vivre malgré les contraintes qui pèsent sur le quotidien : vie sociale réduite, cours à distance, insertion professionnelle compliquée…
À Tremblay, les structures municipales sont mobilisées pour les accompagner et tenir le cap. Que ce soit dans les maisons de quartier, au pôle Ados (dédié aux 15-17 ans) ou à l’espace Angela- Davis, la Ville répond plus que jamais présent. « Les structures municipales proposent toute l’année de multiples dispositifs, qui se révèlent encore plus essentiels aujourd’hui, souligne Halim Belmokhtar, le directeur de la division Jeunesse. Par exemple, la Prépa bac a accompagné 1 368 lycéens en 2020. En tout, au sein de la division Jeunesse, ce sont 20 agents qui sont à leur écoute et en soutien. »
Les ateliers font le plein
À l’espace Angela-Davis, l’accompagnement des 18-30 ans s’adapte aux contraintes sanitaires. La volonté de l’équipe a toujours été que la structure reste un lieu de vie où les jeunes sont accueillis au quotidien. Le maintien de projets culturels permet d’amorcer des dynamiques, de libérer la parole, et ainsi de donner des perspectives. Mandana Saeidi Akbarzadeh, directrice de la structure, le constate chaque jour. « Les jeunes ont eu envie de créer pendant les confinements. Tous nos ateliers artistiques, notamment musicaux, ont fait le plein », se réjouit-elle.
Parmi les réalisations en cours : « un documentaire sur la santé mentale et la jeunesse des quartiers populaires, ou encore une websérie sur la déconstruction des préjugés vis-à-vis des jeunes, portée par une vision plus légère et humoristique. De leur côté, 25 artistes amateurs ou semi-professionnels suivent un accompagnement en musique ».
Le cadre culturel peut ainsi être un premier palier pour intervenir socialement, estime Philippe Bruscolini, adjoint au maire chargé de la Jeunesse. Dans ce contexte difficile, l’élu salue l’engagement des équipes, tout comme celui des jeunes : « Ils ont de la ressource, ils sont créatifs et montrent une véritable fibre solidaire, comme on peut le voir dans nombre de projets dans lesquels ils s’investissent. »
250 000 € pour l’OMJT
La municipalité a décidé d’octroyer 250 000 euros à l’Office municipal de la jeunesse de Tremblay (OMJT) sur l’enveloppe de 400 000 euros, votée par le conseil municipal le 19 novembre, pour venir en aide aux Tremblaysiens les plus en difficulté. « La précarité est au coeur de nos préoccupations, soutient Philippe Bruscolini, adjoint au maire chargé de la jeunesse. La plupart des étudiants tremblaysiens résident chez leurs parents. Or nombre de foyers ont vu leurs ressources diminuer avec la crise. Il y a urgence ».
Par ailleurs, quelque 160 000 euros ont été mis de côté par l’OMJT à la suite de nombreuses annulations d’événements et de projets l’année passée. Cette somme sera totalement réinvestie dans des dispositifs d’aide aux jeunes. Ces fonds devraient être redistribués sous forme de chèques alimentaires et de chèques en équipement numérique.

© DR / Ville de Tremblay-en-France
« Éviter que l’angoisse se transforme en dépression »
Pour prévenir les risques psychosociaux liés aux confinements successifs, l’espace Angela-Davis souhaite travailler avec des psychologues libéraux ou d’institutions publiques.
On ne le sait pas toujours, mais le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes. Une réalité mise en lumière avec la crise sanitaire, qui occasionne un traumatisme collectif. Toutes les angoisses de perte se sont d’ailleurs réactivées à l’occasion de cette pandémie. Rappelons aussi que 76 % des troubles psychologiques se révèlent entre 16 et 25 ans. « Il faut donc être particulièrement vigilant face aux signaux d’alerte. Pour éviter que l’angoisse ne se transforme en dépression », souligne Mandana Saeidi Akbarzadeh.
La directrice de l’espace Angela-Davis rappelle que la question de la santé mentale reste un tabou. « Les structures de soins dédiées aux jeunes sont largement insuffisantes, déplore-t-elle. C’est pourquoi nous souhaitons travailler avec plusieurs psychologues exerçant en libéral comme en établissements publics afin qu’ils accompagnent les jeunes. »
Étudiants : la vie sur pause
Cela fait dix mois maintenant que les étudiants suivent l’essentiel de leurs cours dans leur chambre, derrière leur écran. Pour Sukayna Nasrallah, étudiante en journalisme, en alternance au pôle Ados (dédié aux 15-17 ans), « ce qui pèse le plus pour eux, c’est l’absence de vie sociale, la solitude, mais aussi les difficultés financières. Le fait de ne pas pouvoir travailler à côté, cela entraîne des inégalités sur les revenus, en fonction du milieu familial, ou bien cela accentue la fracture numérique ». Mandana Saeidi Akbarzadeh tire la sonnette d’alarme : « Il est fondamental que les liens humains, si importants pour l’acquisition des connaissances comme pour la construction personnelle et psychologique des étudiants, puissent se renouer. Il y va de l’avenir de la jeunesse. »
Auteur : Aurélie Bourillon