Handisport
Au foyer du TAC handisport
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© Henri Perrot - Ville de Tremblay-en-France
Le regard tendu sur la petite boule bleue en tissu comme un diamantaire concentré sur une pierre à sertir, Mehdi ajuste son geste. Il est prêt. D’un coup sec du majeur de sa main droite, il envoie le projectile sur une rampe mobile et ajustable réglée à sa hauteur. Arrivée sur le sol, la sphère roule et s’immobilise à une trentaine de centimètres d’une autre boule – le jack – qui fait office de cochonnet. Comme ses adversaires du jour, Mehdi dispose de six lancés et de trois minutes pour tirer.
Ce jeudi-là, ils et elles sont une douzaine de sportifs handicapés en fauteuil venus de plusieurs établissements médicalisés de la région parisienne participer à un challenge amical de boccia réservé aux sportifs accompagnés. La boccia, c’est ce sport d’opposition de balles mixte, conçu à l’attention d’un public handicapé. Elle s’apparente à de la pétanque jouée en intérieur, avec des balles en cuir. Cette discipline paralympique développe des capacités de coordination, de précision du geste et de stratégie du jeu.
Medhi est l’un des cinq adeptes de ce sport enseigné au foyer d’accueil médicalisé du Vert-Galant. Avec lui ce jour-là, Dominique et Anas, récent huitième de finaliste du championnat de France. Et puis Blaise Mendy et Amandine Joly, deux accompagnants éducatif et social. Plus autonomes, Noël et Didier sont restés à Tremblay. Ils ne pouvaient être inscrits dans cette manifestation réservée aux sportifs nécessitant d’être assistés dans leurs mouvements.
Trois sports pour une section
La boccia, la sarbacane et le football en fauteuil électrique sont les trois activités sportives que le TAC handisport propose aux résidents du 1, rue du 8 Mai 1945. « Nous existons depuis 2002 et, après le départ de l’éducateur en charge de la section, le foyer a tenu à poursuivre les activités qui font partie intégrante de son fonctionnement », rappelle Antonio Barbosa, éducateur au Vert-Galant et coordonnateur de la section sportive. Son président n’est autre que Mehdi.
Une douzaine de résidents pratiquent une ou plusieurs des activités proposées. Mais le foot-fauteuil reste le plus répandu des sports adaptés. L’équipe tremblaysienne évolue en championnat de France niveau Nationale. Les fidèles de l’intégrathlon ont pu admirer la démonstration de la team lors de la 9e édition en mai dernier. La formation s’entraîne une fois par semaine sur le parquet annexe du Palais des sports (lire l’article).
La sarbacane et la boccia se pratiquent quant à elles dans la salle polyvalente du foyer. « 95 % des adhérents au TAC handisport sont des résidents, et dix pratiquent leur sport en compétition », précise Antonio Barbosa. Dominique a la double casquette, foot-fauteuil et boccia. « Je ne peux pas choisir car j’aime les deux, et puis on fait des championnats et j’adore faire des matches ! », dit-il en souriant.
Outil d’ouverture
Même si la chasse aux résultats n’est pas une obsession, le TAC revendique une réelle implication sportive. « Ce sont de vrais sports sauf qu’ils ne sont pas médiatisés. Ils réclament autant d’implication et de travail, ont besoin d’entraîneurs qualifiés pour réussir », souligne le coordonnateur. En plus de leurs bienfaits avérés sur les pratiquants. « Sur le plan psychologique, il est important pour notre public aussi d’avoir des objectifs et d’être capable de se transcender. Sur ces points, les porteurs de handicap ne sont pas différents des autres. »
Le sport permet de maintenir sa forme, d’apprendre à collaborer, développer la communication et les relations sociales, et tout simplement de sortir des murs de l’institution pour voir la vie dehors. « Au foyer nous percevons le sport comme un outil d’inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde qui les entoure et, pour les gens qui ne le sont pas, d’aller à leur rencontre. » Le TAC handisport est très attaché à son appartenance au TAC qui le considère comme une section à part entière. « C’est un partenaire fidèle et bienveillant, toujours là pour répondre à nos questions et rechercher des solutions », estime Antonio Barbosa.
C’est un soutien de poids à l’heure où le TAC handisport n’a plus d’entraîneur de boccia et de sarbacane. Pour cause de restructuration, le comité départemental handisport a cessé de financer ces interventions depuis la rentrée de septembre. Moralement, les résidents ont accusé le coup. « J’ignore si cette situation se prolongera. Heureusement, le personnel du foyer a pris les choses en main et assure la continuité des activités. » Mais c’est bien le retour d’un spécialiste qui est espéré. Mehdi, Anas, Dominique, Didier et les autres le méritent bien.