Jiu-Jitsu
A l'école des arts martiaux
Publié le

© Henri Perrot - Ville de Tremblay-en-France
« On a fait le choix de la quantité et on a gagné de l’humanité. » Ali Rodrigues a le sens de la formule mais comment donner tort au président du Créatif Tremblay en suivant le cours du mercredi après-midi ? Une quarantaine de filles et garçons mélangés, âgés de 8 à 14 ans, font déborder le dojo de Toussaint Louverture. Ça court dans tous les coins.
Pourtant, au premier appel des trois professeurs, les décibels chutent brusquement et chacun vient sagement s’aligner pour écouter les consignes. Le jiujitsu brésilien et le grappling (une variante de la lutte) s’accordent des tenues les plus disparates – short de boxe thaï, legging, survêtement… – pourvu que les combattants soient à l’aise dans leurs mouvements. De quoi aussi confirmer qu’au Créatif Tremblay, les combattant(e)s viennent comme ils sont.
Ce côté « cool » ne doit pas prêter à confusion. Le club n’est pas une garderie. « Ici, nous formons des combattants bien dans leur peau et respectueux des six valeurs qui sont la boussole de nos disciplines et des arts martiaux en général », assure le dirigeant. Le respect, l’intégrité, le courage, la patience, l’humilité, le travail, sont des règles d’airain régulièrement martelées à l’oreille des 120 licenciés. Ils et elles étaient trente en 2015. « Cette saison nous avons dû mettre des enfants sur liste d’attente, alors que nous nous efforçons d’en accueillir autant que nous le pouvons », précise-t-il.
Arts martiaux au féminin
Éducateur sportif, professeur diplômé et père de trois filles, Ali Rodrigues imprime une philosophie d’action qu’il a rodée avec la Clé du KO (CDK), club de jiu-jitsu brésilien de Sevran. « Le sport est un vecteur d’intégration qui pousse à donner le meilleur de soi, à aller vers les autres, et c’est notre combat. » Les résultats sportifs ne prennent jamais le pas sur la formation ni sur la notion de plaisir à partager. « On est là pour faire émerger une équipe, pas un individu », précise Salah Ouadah, entraîneur et coordinateur. La pratique des arts martiaux au féminin est une priorité au club.
Avec près de 40 % de filles dans ses effectifs, le Créatif est cité en exemple pour sa politique de mixité. « Plus il y a de filles sur le tapis et plus d’autres veulent les rejoindre, ce qui leur permet de combattre entre elles si elles préfèrent, mais toujours en présence des garçons. » Nihal, 14 ans, a entamé sa deuxième saison. « Je me sens bien ici, j’aime l’état d'esprit, l’ambiance familiale, et puis on nous apprend des valeurs que je retrouve à la maison », assure la collégienne. Le club a également créé une section enfant, la CDK Kidz.
Pour le meilleur du sport, mais pas seulement. À travers le projet Life is fight academy (lire ci-dessous), le Créatif développe un pôle socio-éducatif qui dépasse largement les quatre murs du dojo. Des sorties culturelles, la participation à des évènements sportifs en France et à l’étranger, des actions autour de la santé, des projets solidaires également. Une dizaine de jeunes a participé à la construction d’un centre pour enfants autistes, au Maroc. Le club met progressivement en place des ateliers thématiques – théâtre, cours d’anglais… – durant les vacances scolaires.
Régulièrement, le club accueille aussi lors de ses séances des publics handicapés, dont des autistes. La mise en place d’un créneau d’entraînement spécifique est d’ailleurs envisagée. « Nous voulons faire de nos jeunes les acteurs conscients de leur vie », affirme Ali Rodrigues. C’est bien parti.
Ouverture à 360°
« Life is fight academy », comme son nom ne l’indique pas, est le volet socio-éducatif du projet associatif du Créatif Tremblay, complétant le volet enseignement et compétition des sections Kidz de jiu-jitsu brésilien et de grappling, et prévoit des animations sociales, culturelles, solidaires. Tournois, sorties à la ferme, participation à l’Intégrathlon, également, pour la première fois cette année, ou encore accueil de publics handicapés, sensibilisation à la diététique, entraînements dans la forêt de Fontainebleau, parrainage d’enfants au Sénégal…
Life is fight vise à ouvrir à 360° l’horizon des jeunes. En mars dernier, Tremblay avait fait car commun avec Sevran pour emmener une cinquantaine d’adhérent(e)s à l’Open kids de Toulouse, le plus grand rassemblement de Jiu-jitsu brésilien au sud de la Loire.
Auteur : Frédéric Lombard
Écrire un commentaire