Concert
Un Ange (re)passe !
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© Alexandre Marchi
Premier concert à Belfort en 1970, dernier album Heureux sorti en mars 2018, et maintenant cette tournée du cinquantenaire : Ange est-il toujours le même ?
Il y a une continuité dans la pérennité (il se marre !, ndlr). On est le seul groupe en France à tenter l’éternité ! C’est vrai qu’il y a beaucoup de musiciens talentueux qui sont montés – et descendus ! – du vaisseau, mais cela a toujours été pour le bien de l’entité musicale que représente Ange : il y a une âme dans ce groupe, et il faut pouvoir s’en imprégner pour pouvoir y jouer. Aujourd’hui, le line-up du groupe, ça fait 25 ans qu’il est là !
Quelques marqueurs temporels pour saisir votre âme ?
Le 31 janvier 1970, on donnait notre premier concert – gratuit ! – au centre culturel de la Pépinière à Belfort [le concert du cinquantenaire aura lieu le 31 décembre 2020 au Trianon, à Paris !]. C’était bondé, on n’a pas pu faire rentrer tout le monde et on a fait passer le chapeau ! On a démarré avec un vieux camion, on répétait dans une grange désaffectée…
Il y a eu la tournée avec Johnny Halliday l’été 1972, juste après la sortie de Caricatures, notre premier album. C’était un moment où Johnny était en phase descendante et s’en rendait compte : il m’a dit qu’avoir pris un nom américain, il trouvait ça ringard et qu’il aimerait faire comme moi, être le chanteur d’un groupe qui s’appellerait Smet !
Après, Ange a enchaîné les concerts, avec en moyenne 5 000 personnes, 12 000 à Lyon en 1977 ! On a joué beaucoup dans l’Hexagone, mais aussi un peu partout dans le monde, plus d’une centaine de concerts en Angleterre…
Et votre son ?
On était fasciné par ce qui se passait sur l’île de Whight, à Woodstock. Nos influences venaient des Beatles, des Aphrodites Childs… C’étaient des précurseurs de ce qui allait devenir le rock progressif, étiquette dont on nous a vite affublés ! Ange s’est nourri de tout cela mais aussi du rock british et binaire des Stones. Par contre, on n’a jamais été fasciné par Elvis Presley qui représentait pour nous l’arrière-garde !
Six disques d’or, le prix de l’Académie Charles Cros, 50 ans d’existence, un 24e album en 2018, tout cela sous le radar des grands médias !
Oui. C’est dommage que le groupe ne soit pas reconnu, ne serait-ce que par respect pour le public qui l’a porté et qui continue à le porter. Du reste, on a monté notre propre média, Plouc Magazine, un trimestriel, avec une association, Un pied dans la marge… En fait, par rapport au monde du showbiz, on est un peu des Gilets jaunes ! On va se mettre sur les ronds-points et on va vendre nos disques ! Non, il y aurait de quoi se révolter, ne serait-ce que pour signaler qu’on est là et qu’on sort un album !
Que nous dit cet album ?
C’est un album studio qui a d’abord la particularité d’avoir été enregistré en public ! Ange était sur scène dans des conditions de studio, ça a été formidable. Notre illustrateur était à nos côtés et ses dessins, réalisés en direct, étaient projetés dans la foulée sur grand écran. Ce qui allait devenir la future pochette !
La tonalité de Heureux ? C’est une citation de Prévert : « Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple. » Personnellement, je suis heureux à 60 % dans ma vie, mais j’ai quand même besoin des 40 % de merde ! C’est à l’intérieur de soi que l’on doit gérer son éventuel bonheur. Musicalement ? Ange, c’est un arbre. Le 1er album c’étaient les racines qui ont donné Heureux en 2018…
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Auteur : Eric Guignet
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