Portrait
Le bénévolat dans le sang
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© Guillaume Clément - Ville de Tremblay-en-France
Monique Meret a vu le jour en 1956, à Genève, la ville natale du fameux philosophe Jean-Jacques Rousseau et de l’acteur Michel Simon. Elle a même côtoyé le comédien : « Il habitait à côté de chez nous. Il nous appelait par le jardin et nous donnait des bonbons. Il était très gentil. » Elle grandit dans la deuxième ville de Suisse jusqu’à l’âge de 16 ans, puis suit ses parents qui s’installent dans le sud-ouest de la France, à Biscarrosse, dans les Landes. Elle retournera finalement à Genève, pour y suivre les cours de l’école d’infirmières.
Après son mariage, elle s’installe à Mitry-Mory. « Cela m’a fait un peu bizarre d’arriver en région parisienne. Ça me changeait de Genève, une ville entourée par les montagnes et les lacs », raconte celle dont les enfants étaient scolarisés à Tremblay. Elle préside une association de parents d’élèves. Quand les enfants ont eu grandi, leur mère a eu envie de continuer dans l’associatif. En 2004, une amie lui suggère de reprendre l’Association des donneurs de sang bénévoles de Tremblay, dont la présidence est vacante.
Ni une ni deux, la voilà qui se lance dans l’aventure. « L’objet de l’association, qui agit en partenariat avec l’Établissement français du sang (EFS), est de rechercher de nouveaux donneurs. Il nous faut convaincre, en expliquant qu’offrir ainsi une heure de son temps peut contribuer à sauver deux ou trois vies », fait valoir Monique, qui aime à marteler que ce don est extrêmement important pour une raison essentielle : « Dans l’immense majorité des cas, il n’existe pas de produit de substitution ; or il s’agit de substances à durée de vie limitée. Pour rappel, chaque année en France, un million de personnes bénéficient de dons de sang, parfois dans des situations d’urgence vitale.»
Quatre collectes par an à Tremblay
Depuis 2013, la sexagénaire est également présidente du comité régional fédéré pour le don de sang bénévole. L’Île-de-France, justement, a un problème : si elle a assez de plaquettes, elle est très loin d’être autosuffisante en matière de réserves de sang, qu’il faut donc faire venir d’autres régions. « C’est parfois plus facile de donner en province, où l’on se déplace en général plus aisément qu’en région parisienne. Et puis, les horaires ne sont pas toujours adaptés aux personnes qui travaillent », se dit l’ancienne infirmière, qui a exercé à Genève, à Biscarrosse et brièvement à la clinique des Châtaigniers, à Villeparisis.
« J’ai ensuite décidé d’arrêter de travailler, pour prendre le temps d’élever mes deux enfants. Plus tard, j’ai repris une activité, comme auxiliaire de vie au sein de la ville de Mitry-Mory », confie celle qui habite désormais dans l’Oise. Son engagement bénévole s’est poursuivi. L’association, qui rayonne également à Vaujours et Mitry-Mory, est habituellement présente lors d’une foule d’événements municipaux. Elle s’installe parfois devant un supermarché ou distribue des flyers en ville. Bien sûr, la crise sanitaire ne facilite pas le travail de tous ces bénévoles, ni celui de l’EFS, qui collecte habituellement beaucoup dans les entreprises et les universités.
Les protocoles sanitaires mis en place à cause de la pandémie ont en effet rendu l’organisation des opérations plus complexe et les responsables des établissements plus frileux à l’idée de les accueillir. « Heureusement, pendant le premier confinement, il y a eu beaucoup de nouveaux donneurs. Sans doute les gens avaient-ils enfin le temps de se rendre disponibles ! Certains m’ont aussi dit que ça leur faisait une sortie », raconte la bénévole.
Le vrai défi de l’association reste de trouver de nouveaux donneurs, et surtout de les fidéliser. « C’est vrai qu’il y en a de nouveaux, mais ils ne reviennent pas forcément régulièrement. Il nous faut absolument attirer de jeunes donneurs, afin qu’ils prennent la relève », insiste la présidente, qui a hâte de reprendre les activités de manière normale. « L’an dernier, nous avons dû annuler l’assemblée générale du comité régional, et cette année, nous ne savons pas encore si nous pourrons tenir notre congrès, au cours duquel je suis censée passer la main après huit années de présidence. Nous ne nous sommes pas vus pendant un an. Et les visioconférences ne remplacent pas le contact direct… », souligne Monique, qui donne bien sûr elle aussi son sang.
Pour rappel, avant d’avoir atteint 71 ans, un homme peut participer jusqu’à six fois par an à la collecte de l’EFS, et une femme jusqu’à quatre fois par an. Tremblay accueille quatre collectes chaque année. L’association se prépare déjà pour la prochaine, qui se tiendra, sur rendez-vous, le dimanche 25 avril (les inscriptions s’effectuent sur le site mon-rdv-dondesang.efs.sante.fr). Sans attendre cette date, Monique signale que l’on peut aussi donner son sang tout au long de l’année : il faut cependant prendre le temps d’aller jusqu’à l’hôpital Avicenne, à Bobigny, en ayant là encore pris rendez-vous. Ce déplacement n’est pas du temps perdu, car ce geste citoyen contribue à sauver des vies.
Auteur : Daniel Georges