L'Odéon-Scène JRC
Assignés à résidences
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© Guillaume Clément
L’ouverture de saison est prévue le 26 septembre, mais dans un océan d’incertitudes. Comment l’envisagez-vous ?
Que d’incertitudes, en effet ! Et on ne sait pas si on pourra l’organiser comme d’habitude : c’est-à-dire si la tête d’affiche [Sidi Wacho] pourra se produire à l’intérieur, en salle, pour cette création unique et éphémère que le groupe aura préparée lors d’une journée de résidence juste une semaine auparavant…
L’incertitude est complète : on vient d’apprendre qu’il serait peut-être question de supprimer la distanciation sanitaire dans les salles. Alors ? En temps ordinaire, le reste de l’événement se déroule sur le parvis, en extérieur. En l’occurrence, il y aura un groupe en tour de chauffe dans l’après-midi, puis Sidi Wacho pour un concert. On pourrait envisager, si les conditions météo le permettent, de tout jouer dehors au final...
Que nous réserve Sidi Wacho ?
C’est la surprise totale. Ils ne nous ont pas annoncé le partenaire qu’ils ont choisi. On sait seulement qu’ils souhaitent travailler leur côté cuivres, peut-être dans la perspective de déambulations en mode fanfare : ils ont sans doute anticipé le fait que l’avenir des concerts en salles pourrait être perturbé !
Justement, quels scénarios pour le déroulement de la saison ?
On a travaillé la saison avec l’idée de reporter un maximum des concerts qui avaient été annulés à cause du coranavirus. Cela tout simplement pour soutenir les artistes qui avaient des projets de création. Reste que ce n’est pas évident, dans le cas, par exemple, des Américains qui, pour le coup, ne peuvent pas venir en Europe faire leur tournée... Il y a aussi des incertitudes sur la programmation jeune public, que l’on pensait définitivement annuler. Finalement, il y aura une date avec le festival Banlieue Bleue en novembre. En résumé, on reprogramme autant que l’on peut et on essaye de multiplier les résidences d’artistes.
Comment justifiez-vous cette décision ?
On a dû tout déprogrammer pendant le confinement. Pendant cette période spéciale, on a produit du contenu pour alimenter les réseaux sociaux, le site... On a proposé ensuite les Terrasses d’été, tous les vendredis- samedis de juillet, soit toute une série de concerts en extérieur, pour assurer la partie de notre mission qui consiste à être un lieu de vie, de rencontres, tout en soutenant de jeunes artistes locaux. Pour ce qui est de la multiplication des résidences, on a décidé depuis avril de faire preuve de solidarité envers les artistes. Il y a, derrière nous, une ville qui nous soutient, un public qui répond présent, et cela nous autorise une certaine latitude quand d’autres salles ne peuvent se projeter de cette manière faute de billetterie et de tout ce qui suit. Dans cette période difficile, on fait donc le choix d’accueillir et d’offrir des résidences sans contrepartie de concert. On en a déjà cinq de prévues, notamment avec le projet Ultra Bal : douze artistes, dont Flavia Coelho, sur un même plateau...
Il y aura quand même des concerts pour cette saison ?
Ce qui est prévu, c’est une grosse soirée maloya, le son de l’île de la Réunion, avec le groupe Lindigo, le 20 novembre. L’ouverture sur la scène africaine moderne qui devait suivre sera reportée en mars-avril avec Bip. C’est un artiste sénégalais qui envoie un hip-hop très africain, celui qui fait bouger Paris, Londres et New York. On espère que le virus sera derrière nous dès février, le moment d’accueillir Zoufris Maracas pour une résidence et un nouvel album... En mars, le concert reporté de Flox et de Vanupié précède une ouverture vers les Antilles françaises et Haïti. Là, on aura du kompa avec des groupes comme T-Vice et Zenglen – des sons qu’on n’a pas beaucoup l’occasion d’entendre dans des équipements publics.
Auteur : Propos recueillis par Éric Guignet