Athlétisme
Objectif Rio
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Quatre ans de préparation. Quatre ans de sueur, de compétitions, de sacrifices et d’une infinie patience. « Il a fallu planifier, monter en charge. La carrière d’un athlète se construit par paliers. »
Randy Fondelot, entraîneur de Thomas Jordier et de Ken Romain, deux espoirs du sprint français qui visent les qualifications pour les JO de Rio de Janeiro, veille au grain. Ces paliers, il faut les passer un à un, sans exception. La technique, la vitesse, la force musculaire, la puissance lactique. Pas moyen de s’y soustraire, c’est le programme de ceux qui veulent un jour vivre l’expérience olympique.
À quelques mois de l’échéance, alors qu’ils se prêtent de bonne grâce tous les trois au jeu des questions-réponses et que la saison va en s’intensifiant, c’est l’entraîneur qui prend les devants. Pour Thomas et Ken, qui s’entraînent ensemble depuis cinq ans, les choses se sont accélérées cet automne. Le temps des entraînements « biquotidiens » est venu.
Chaque matin, les licenciés du TAC Athlé retrouvent cinq autres coureurs de différents clubs du coin et suivent un programme établi par Randy Fondelot qui, engagé auprès du Red Star Football Club de Saint-Ouen dont il est le préparateur sportif, les laisse se prendre en main.
Ensuite, chacun s’en va travailler. Ken Romain, qui est animateur, rejoint l’école Rosenberg et Thomas Jordier s’en va au stade où il assure les entraînements pour les moins de 16 ans (avec le soutien de la ville, il a validé un certificat de qualification professionnelle).
En fin de journée, ils retrouvent leur entraîneur et le groupe des sprinteurs du Tremblay AC sur la piste du Parc des sports pour la séance du soir. « C’est moins usant qu’un entraînement par jour, assure Thomas Jordier. J’ai des problèmes de sommeil, je ne peux pas dormir avant minuit-une heure, mais si je n’avais pas d’entraînement le matin, je me coucherais à 3h ! »
Une attention particulière a également été portée, cette année, à l’hygiène de vie et à l’alimentation des deux sprinteurs, un point crucial et pas toujours aisé à imposer à des jeunes de 20 ans (bientôt 22 pour Thomas et 23 pour Ken).
Effort titanesque
Les épreuves vont s’enchaîner jusqu’à août 2016. Avec en mai 2016, d’abord, le rendez-vous des interclubs qui regroupe tous les clubs de France. « C’est une bonne compétition pour lancer une saison, pour voir où on en est », indique Randy Fondelot. L’occasion pour Ken Romain de se tester.
Sprinteur-phare du Tremblay AC sur 100m et 200m, il a amorcé une éprouvante mue cette année en « montant » sur 400m. L’hiver a été douloureux. Son organisme a été soumis à un régime infernal. « De septembre 2015 à février 2016, ça a été une période compliquée pour lui, confirme Randy Fondelot, il faut à la fois tamponner la montée des acides lactiques et travailler sur un système aérobie, ce sont les deux gros paramètres qui chamboulent l’organisme, faire un travail sur les fibres musculaires et sur le cardiovasculaire. »
«On verra pour peut-être redescendre sur 100m et 200m, glisse, un regard vers l’entraîneur, le longiligne athlète. Pour Rio, l’objectif est d’être sur au moins un relais. » Le 4x400m ou le 4x100m. Malgré l’effort titanesque que ce changement lui demande, physiquement et mentalement, Ken Romain a, l’entraîneur en est persuadé, les atouts d’un grand coureur de 400m.
Pour l’instant, côté chrono, il a effectué le tour de piste en 47’01, « mais cela ne veut rien dire, atteste Randy Fondelot, c’est complètement anecdotique, ce qu’il a fait, sans aucune préparation, c’est énorme… »
En juin 2016, les deux Tremblaysiens participeront au meeting de Genève. À cette date, en fonction de ses performances, Ken sera fixé. Puis s’ensuivront le 20 juin 2016 le Championnat de France Elite et, enfin, en juillet 2016 les Championnats d’Europe à Amsterdam.
Minima à 45’10 secondes Pour Thomas Jordier, les modalités sont limpides. Il doit courir en moins de 45’10 secondes, soit les minima imposés par la Fédération française d’athlétisme, s’il veut décrocher le sésame pour l’aventure carioca en individuel.
Il doit ensuite se classer dans les quatre premiers des Championnats de France et enfin participer aux Championnats d’Europe. Rien d’inaccessible pour le champion d’Europe espoirs qui affiche un record personnel à 45’50 secondes.
Thomas fait partie des meilleurs espoirs du 400m de l’équipe de France. Depuis plusieurs années, il appartient à un quinté qui tourne sur le relais tricolore. Avec Mame-Ibra Anne, Teddy Atine-Venel, Mamoudou-Elimane Hanne et Ludvy Vaillant, il a contribué à mener la France en finale des derniers championnats du monde de Pékin.
« Dans le relais, sauf blessure, il y en aura au moins un des deux (de Thomas ou de Ken, ndlr), affirme tranquillement Randy Fondelot, en tout cas, il n’y aura pas eu de faute dans la préparation. » Réponse le 19 juillet 2016, jour où la Fédération annoncera la liste officielle des athlètes français en lice pour Rio. D’ici là, l’entraînement continue.
Auteur : Mathilde Azerot