Société
L’État impose à Tremblay la construction d’une prison
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© DR - Ville de Tremblay-en-France
Officiellement, c’est pour soulager la maison d'arrêt de Villepinte – en état de surpopulation chronique – que le préfet de Seine-Saint-Denis a proposé d’implanter un établissement pénitentiaire à Tremblay-en-France. Le projet, d’une capacité de 700 places, serait accolé à la prison de Villepinte, au bord de l’autoroute A104, sur environ 15 hectares qui incluent des terres agricoles. Une configuration qui, selon l’Agence publique pour l’immobilier de la justice (APIJ), qui supervise le projet, permettrait la mutualisation de certaines fonctions entre les deux établissements. Quelque 340 personnes dont 280 surveillants devraient venir y travailler
« C’est une très mauvaise nouvelle pour Tremblay, a d’emblée déploré le maire François Asensi lors d’une réunion organisée le 2 juillet par l’APIJ à l’espace Jean Ferrat et à laquelle étaient présents des élus du territoire, des représentants du ministère de la Justice ainsi que le sous-préfet. Avec les élus nous nous sommes battus pour sauvegarder les espaces verts pour la population. Il faut des mesures compensatoires à la perte de ces terres agricoles car il y a un grand besoin de terres cultivables. Et puis, au lieu d’inaugurer une belle salle pour les Jeux Olympiques de 2024, nous allons inaugurer une prison, alors que toutes les activités sociales et culturelles sont déjà concentrées sur la proche couronne. »
Inégalités territoriales
« Nous sommes attentifs à répartir ce type d’équipement de manière diffuse, a certifié le sous-préfet du Raincy, Patrick Lapouze, en réponse aux élus qui ont fait part de leur désapprobation de voir se construire un troisième lieu de privation des libertés sur le territoire après la maison d’arrêt de Villepinte et le centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (Seine-et- Marne). Nous sommes conscients des difficultés de l’État dans le département notamment en matière de sécurité et des besoins en matière de services publics », a-t-il ajouté alors que, s’appuyant notamment sur le rapport parlementaire Cornut-Gentille et Kokouendo sur l’évaluation de l’action de l’État en Seine-Saint-Denis, les élus ont dénoncé les inégalités qui affectent le département en matière de justice, de sécurité, de santé ou encore de transports.
« Le tribunal de Bobigny est surpeuplé, notre territoire n’a plus de commissaire de police depuis six mois [au commissariat de Villepinte, ndlr], aux urgences de l’hôpital Ballanger, il y a 16 médecins en service sur 24 postes », a par exemple détaillé Alexis Mazade adjoint au maire chargé de la Démocratie locale et de la politique de la ville.
Alternatives à l'incarcération
Mise en service en 1991, la maison d’arrêt de Villepinte a été à l’origine conçue pour accueillir 583 détenus. Au 1er avril 2019, ils étaient 1 099 détenus, soit un taux d’occupation de 188,5 %. Plus de la moitié vivent à trois dans des cellules de 10 m2. Une situation critique, semblable à l’ensemble des prisons françaises, a rappelé le maire François Asensi, qui a exprimé l’urgence « d’engager une réflexion de fond afin de proposer des alternatives à l’incarcération. Certains détenus sont, ici, à Villepinte, en attente de jugement depuis 2 ou 3 ans ! »
Et de rappeler : « Nous sommes les mauvais élèves de l’Europe ! ». Le démarrage des travaux est programmé pour l’année 2022. Estimé à 110 millions d’euros, ce chantier pourrait durer deux ans et demi pour une mise en service en 2025.
Calendrier
• 3e et 4e trimestre 2019 : diagnostic archéologique et avis d’appel public à la concurrence pour un projet de conception et réalisation.
• 2e trimestre 2020 : enquête publique
• 4e trimestre 2020 : arrêté de déclaration d’utilité publique pour une mise en compatibilité du Plan local d’urbanisme.
• 2022 : démarrage des travaux.
• 2025 : mise en service.
Auteur : Pierre Grivot
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