Ateliers mémoire
L'héritage des tours
Publié le

© Ville de Tremblay-en-France
À l’angle de l’avenue de la Paix et du boulevard de l’Hôtel de ville (BHV), une vingtaine de portraits d’hommes et de femmes s’affichent sur 2 m de haut, accrochés sur les palissades de chantier de la tour déconstruite du 3 BHV.
D’anciens locataires du 9 et 11 Farge, du 2 place de la Paix, ou encore du 3 et 5 BHV ont accepté de prendre la pose durant plusieurs mois. Si certains d’entre eux ont grandi dans ces tours et d’autres sont arrivés plus récemment, un point commun les réunit : la démolition de leur immeuble.
Tranches de vie
Avec la rénovation urbaine, le quartier du grand ensemble – dont les premières tours ont été construites fin des années 60 – tourne une page de son histoire. « Ce changement de décor est vécu avec espoir, mais aussi nostalgie, souligne l’ethnologue Annie Mercier. Elle a rencontré les familles à leur domicile et réalisé un important travail photographique, de collecte de souvenirs et de montages sonores. C’est un changement qu’ils vivent en commun. Lorsque je leur demande, ce qui va leur manquer, ils répondent d’abord : le voisinage ».
Pour garder une trace de cette mémoire commune et préserver le lien tissé au fil des ans, la ville a souhaité réaliser une exposition sur l’histoire des habitants qui ont vécu dans ces tours, avec le soutien du bailleur Vilogia. Cette exposition intitulée L’Histoire des tours, un héritage, est composée de textes et d’entretiens audio* qui donnent à entendre la parole des habitants, tandis que des photographies in situ les captent dans leur sphère personnelle.
Au fil des récits, on découvre leur sentiment d’appartenance à ce quartier qui a marqué leur vie. Pour certains, c’est même le clap de fin d’un long métrage : « Le quartier, c’est comme un film, il se passe toujours quelque chose, avec le voisinage, des scènes d’actions, des scènes d’amour, de dispute... Je pouvais rester des heures à la fenêtre, parce que c’était comme si je regardais la télé. »
Fiers de leur histoire
Cette exposition constitue une étape dans l’accompagnement des familles mené par les services démocratie locale et habitat. « Les locataires des premières tours démolies trouvaient important que ce travail de mémoire se poursuive et que leur histoire soit dévoilée à un plus large public, précise Annie Mercier. Mais au-delà de l’héritage à transmettre, l’exposition montre aussi ce qu’on ne voit pas de l’extérieur, une façon de mettre à l’épreuve les préjugés. »
Comme un intérieur très coloré, qui traduit une richesse culturelle, une diversité d’origines et de parcours, de conditions sociales et d’opinions. Avec cette exposition, c’est l’histoire des habitants et, au-delà, du centre-ville, qui est valorisée. Une histoire parfois méconnue dans d’autres quartiers de la commune, et la découverte d’un lieu souvent plus ouvert et solidaire qu’on ne le pense.
L’exposition, inaugurée début juin 2016, prévoit des visites guidées et commentées par les locataires eux-mêmes en direction des conseils de quartier et du public. L’exposition restera visible jusqu’au 31 octobre 2016.
Renseignements auprès de la démocratie locale (2, rue Léon-Tolstoï, tél. 01 49 63 42 77).
Auteur : Pierre Grivot