Danse
Dans les pas d'un danseur hip hop
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© Thomas Bohl
Anne Nguyen est de retour au théâtre Louis Aragon (TLA). Après une résidence artistique en 2014 et la création de bal.exe à Tremblay, la chorégraphe et breakeuse propose une autre manière d’appréhender, de vivre la danse, en, simplement, s’y essayant. Danse des guerriers de la ville investira le théâtre du 19 au 24 octobre.
Différentes installations interactives seront aménagées dans les espaces du théâtre pour s’immerger dans les univers du hip hop (jam, freestyle, bounce music, ou les fameuses battles, ces « batailles » de danse). Il sera possible de se fondre dans un film à 360°, de se transformer en danseur hip hop, mais aussi de créer ses propres chorégraphies sur une mash up table, un outil vidéo collaboratif. « Il y a des installations munies de caméras et de capteurs pour détecter les pas et permettre une mise en miroir avec les pas d’un danseur », détaille Nathalie Yokel, responsable de la danse au TLA. Une danseuse en chair et en os sera également de la partie pour emmener le public et le guider dans ses premiers pas.
Créée au théâtre de Chaillot l’année dernière, où la chorégraphe était en résidence, cette exposition interactive permet donc de se mettre dans la peau des danseurs hip hop. « Je voulais qu’il y ait plusieurs entrées pour le spectateur, plusieurs degrés d’implication, détaille Anne Nguyen. De la photo – si on est timide on peut commencer par ça –, jusqu’à une installation où l’on danse. Donc tout le monde peut s’amuser. Et même les danseurs de hip hop s’amusent. Ce que je voulais, c’est donner un aperçu du hip hop dans sa diversité : le popping, le break, le bounce, etc. »
En tout, plus d’une quarantaine de danseurs ont participé à la création de ces dispositifs. La plupart viennent de la compagnie Par terre, fondée par Anne Nguyen en 2005, mais pour l’occasion, elle a également sollicité d’autres danseurs, tous techniquement à la pointe, virtuoses dans leur spécialité : lockeurs, breakeurs, poppeurs…
Hip-hop universel
Au départ de Danse des guerriers de la ville, il y a un texte écrit voilà plusieurs années : le Manuel du guerrier de la ville, un lexique poétique et très personnel du hip hop. Anne Nguyen a d’abord pensé en faire une exposition. Puis, elle a fait la connaissance du vidéaste Claudio Cavallari avec lequel elle a conçu les installations. « Je ne voulais pas que ce soit didactique, poursuit-elle. Pour que les gens ressentent, il faut qu’ils vivent quelque chose, qu’ils participent. J’ai vraiment à cœur de faire comprendre le hip hop dans ses principes et sa diversité, de faire comprendre que c’est quelque chose d’universel, d’accessible à tous, dans les sensations et dans l’envie. »

Anne Nguyen, sérieusement hip hop
Anne Nguyen, qui a pratiqué nombre d’arts martiaux et choisi le break au début des années 2000, est aussi une intellectuelle. Issue d’un cursus scientifique, elle compose et décompose le mouvement en utilisant la géométrie et les mathématiques, et ne cesse de penser, d’écrire, d’interroger la danse et plus largement la culture hip hop. « Souvent, les gens qui parlent du hip hop sont des journalistes, des gens qui écrivent, souligne-t-elle, c’est important qu’il y ait une autre parole, un autre point de vue. »
L’artiste a mené plusieurs années durant des ateliers de pratique artistique et de réflexion sur le hip hop à Sciences Po Paris. Les nouvelles technologies permettent cet accès à l’universel, au jeu, aux sensations. Dans cette perspective, Danse des guerriers de la ville n’est que le début de l’expérience. La chorégraphe prépare actuellement un jeu vidéo dédié au hip hop. « Je veux rassembler danseurs français et américains et faire une base de données sur la danse hip hop, avance-t-elle. Tout cela n’a rien à voir avec ce que je fais mais c’est dans la continuité des textes que j’ai pu écrire, c’est quelque chose de philosophique. J’espère que les gens auront un autre regard sur mes spectacles et sur toutes les autres pièces de danse hip hop. »
Situer
Auteur : Mathilde Azerot