Le cœur gros comme ça

Soldat du feu ! À un moment, Mohamed- Amin Bouadla se serait bien vu devenir pompier. Le jeune homme repense à ce jour où, ado, il était spontanément intervenu au cours d’un incendie. « C’était à Clichy-sous-Bois. Un feu s’était déclaré dans un immeuble de cinq étages. Avec des jeunes du quartier, nous avons fait évacuer tous les habitants et commencé à combattre l’incendie avec des extincteurs, avant l’arrivée des pompiers », se souvient celui qui est né en 1997. Il en était sûr, il avait enfin trouvé sa vocation, lui qui n’avait jusqu’alors rêvé d’aucun métier en particulier, après avoir obtenu un CAP de plomberie et un BEP vente. « J’aimais toucher à tout en fait ! J’ai entamé ma formation de pompier, mais les restrictions liées au Covid ont fait tout capoter et j’ai abandonné ce projet », raconte ce Tremblaysien de toujours. 

Et voilà ce touche-à-tout qui exerce comme agent immobilier, pizzaïolo et autres petits boulots, avant de postuler à la Bourse aux permis de Paris Terres d’Envol, un dispositif qui propose une aide de 1 000 € pour le financement du permis de conduire, en échange de la réalisation de 70 heures citoyennes au sein d’associations locales. Un ami de son père dirige une association de solidarité à Sevran, baptisée Ensemble pour tous, et l’accueille volontiers. 

Je n’aime pas dire “je”. C’est le “nous” qui compte.

Des maraudes chaque semaine

 « Je ne devais y effectuer que 70 heures, mais j’y suis finalement resté trois ans ! Nous faisions des maraudes, préparions des colis alimentaires, etc. Je filmais chacune des actions que je réalisais. J’ai tout appris là-bas et j’y ai trouvé ma voie », fait valoir Mohamed-Amin. Ses proches l’encouragent donc à faire la même chose, mais à Tremblay cette fois. 

Banco ! Il y a quatre ans, il crée Le cœur sur la main (voir sur Instagram), une association d’aide aux plus démunis, qui organise chaque mercredi une maraude le long du canal de l’Ourcq et à Paris, et une autre le vendredi, à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Les bénévoles de l’association préparent à chaque fois cinquante à soixante repas. « Nous avons établi de nombreux partenariats avec les commerces et les restaurants de la ville. Ils nous donnent facilement des denrées, ou préparent des repas. Nous avons également énormément de donateurs. Nous organisons par ailleurs des événements festifs dans des foyers de migrants », détaille le président. 

L’association, très présente sur le réseau TikTok, comporte aussi un volet de solidarité internationale : elle finance ainsi différents projets – construction de puits, aides pour des orphelins, etc. – au Bangladesh, au Togo, en Mauritanie, au Ghana et en Ouganda. Et ses bénévoles se rendent dans les hôpitaux, visiter les enfants malades. 

À cent à l'heure

« Notre présence sur TikTok nous amène beaucoup de dons et de bonnes volontés pour nous aider au quotidien. Nous faisons aussi participer des jeunes du centre-ville à la préparation des colis alimentaires. Nous voulons impliquer les jeunes dès le plus jeune âge, pour qu’ils touchent du doigt ces notions de solidarité et d’entraide », souligne celui qui vit à cent à l’heure, constamment sur le pont. 

Avec quelques-uns des responsables de l’association, il s’est récemment rendu au festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez, pour y négocier des semaines tous frais payés pour des jeunes qui ne partent pas en vacances. Le Tremblaysien révèle qu’on le surnomme le « Mini Coluche », pour rendre hommage à son implication. Lui considère en revanche qu’il n’est « rien ». 

« Je n’aime pas dire “je”. C’est le “nous” qui compte. Car le plus important, ce sont les bénévoles, les adhérents, les donateurs, les commerçants et tous les restaurateurs partenaires. Sans eux, rien n’est possible », assuret-il. Il ne manque pas de projets et n’a pas oublié les paroles de sa maman, également très active dans une association caritative : « On ne peut pas aider tout le monde, mais tout le monde peut aider quelqu’un ».