Concert
Vanupié en grande pompe
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© Philippe Gimenez
Avant de devenir auteur-compositeur-interprète, vous avez travaillé dans un autre monde, celui de la publicité et de la communication !
Les gens ne voient pas le rapport avec ce que je fais aujourd’hui, mais en réalité c’est quasiment le même boulot ! Une grande agence de com’, c’est de la création, on y rencontre des tas de métiers différents, production, réalisation, photographie.
En 2006, j’ai eu envie de tourner la page – je n’avais pas encore l’intention de faire de la musique – et je suis parti à l’île de la Dominique, avec l’intention de m’y installer. Au bout de six mois, je commençai à tourner en rond et suis rentré en France.
Comment en arrive-t-on à la musique ?
Dans cette période de lâcher-prise, entre deux colocations sans savoir si j’avais envie de me poser et où je faisais un peu ce que je voulais, il y a eu un enchaînement de rencontres avec des musiciens de jazz, quelques concerts aussi… En fait, je joue depuis que suis petit, mon père était guitariste et chanteur de flamenco pour financer ses études d’ingénieur !
Il m’a toujours dit : « Si tu apprends à jouer de la guitare et à chanter, tu ne seras jamais dans la merde ! » Je partais à l’école avec ma guitare, je me mettais dans un coin durant toutes les pauses, je jouais et ça faisait venir plein de gens. Finalement, je faisais exactement ce que j’ai fait dans le métro !
Jouer dans le métro pour y gagner sa vie ?
Non, j’avais un peu de sous et je me produisais déjà dans des petites salles de concert : c’était plutôt pour voir ce que ça faisait, pour me retrouver de l’autre côté de la barrière. J’imprimais plein de flyers que je distribuais aux gens qui entendaient ma musique, pour qu’ils aient envie de venir, après !
C’était amusant et pratique, mais au bout d’un moment je n’ai plus eu d’argent et toujours le projet de faire de la musique… Plutôt que d’aller chercher un petit boulot, je suis resté à jouer tous les jours, à Châtelet-les-Halles. Je testais les morceaux que j’avais écrits depuis longtemps, des reprises. L’été, je partais dans le sud pour jouer dehors.
Qu’avez-vous tiré de cette expérience ?
Au bout d’un moment, les gens ont commencé à faire des détours, à revenir me voir. J’avais une petite maquette de quatre titres et un fan, qui s’appelait Jean-Pierre, voulait absolument que je fasse un disque : il a suggéré que je le produise en précommande, que les gens me l’achètent avant qu’il ne sorte, et c’est exactement ce que j’ai fait !
Il y a eu également Rémy, qui travaille encore avec moi aujourd’hui, et qui m’a fait mon site Internet gratos. On est en 2013 et, pour faire la lumière sur ce premier album, Freebirds, j’ai booké la Cigale à moi tout seul en faisant une promo dans le métro et sur les réseaux sociaux ! C’était complètement dingue !
Dans la foulée, je suis parti en tournée avec Groundation, un groupe de reggae. C’est à ce moment que j’ai commencé à mettre les pieds dans le monde des musiciens pros, à enchaîner les premières parties d’Alpha Blondy, de Shaka Ponk, à me retrouver sur la scène de Solidays… Tout cela en solo, guitare-voix !
Et la carrière décolle ?
Il y a eu une petite traversée du désert après Freebirds. En 2016, je mets la vidéo de Rockadown sur YouTube et ça va faire un carton avec plus de 50 millions de vues aujourd’hui ! Le titre est sur mon deuxième album, un producteur m’a soutenu pour faire marcher ma musique, m’a trouvé des dates et ça explose à partir de là : 65 dates de concerts solo en 2017 !
Vous chaussez plus large depuis, non ?
À partir de 2018, j’ai eu envie de jouer avec un groupe derrière moi. On a produit mon troisième album et enchaîné 78 concerts – 60, en 2019 et on continue jusqu’à cet été ! – en band avec six musiciens, donc. C’était logique de passer à ce format car, quand je compose, je m’entends à plusieurs dans ma tête.
Votre son est estampillé « nouvelle scène reggae française » : ça vous va ?
Tout me va ! Les cases, ce n’est pas mon truc. Les gens pensent que je fais du reggae parce que Rockadown a bien marché et que j’ai des dreadlocks sur la tête, alors qu’il n’y en a que 30 % dans mes albums, le reste c’est vraiment de la pop. Le seul que j’écoute vraiment en reggae, c’est Bob Marley… qui est quand même l’artiste le plus pop de tout l’univers reggae !
Auteur : Eric Guignet