Portrait
Une passion de haut vol
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© Serge Barthe - Ville de Tremblay-en-France
« Le plus dur, c’était de faire les tournées sous la pluie. C’est encore pire que le froid », raconte Régis Legros, quand il repense à ces années où il officiait comme facteur, à La Courneuve. « Mais ce sont globalement de bons souvenirs ! Humainement et socialement, c’est très intéressant. Cela dit, il faut être jeune pour exercer ce métier », fait valoir celui qui est né en 1969 à Pantin, où il a grandi. Tremblaysien depuis 2011 – « Je suis du coup un vrai banlieusard du 9-3 ! » –, Régis admet être entré un peu par hasard à la Poste.
Il a ensuite gravi les échelons un à un, « tranquillement », et travaille depuis 2004 au service financier d’une agence de la Banque postale située à proximité de la station de métro Vaugirard (Paris 15e). Titulaire d’un bac G, Régis avait plus tard obtenu une maîtrise de géographie, option aménagement du territoire, à l’université Paris 8, à Saint-Denis. « Nos enseignants venaient de la fac de Vincennes, c’était des anciens de 1968. Tous des pointures, mais on les tutoyait et l’on partait ensemble dans les Cévennes ou en Normandie », se rappelle avec plaisir Régis. Seul hic, « l’absence de passerelles avec le monde de l’entreprise. Et avec une maîtrise, c’était compliqué de trouver un travail ». Régis se dit maintenant heureux dans ce qu’il fait, « du moins quand les transports fonctionnent bien ».
L’homme a toujours cultivé une passion pour la nature en général et pour les oiseaux en particulier. « Quand on aime la nature, on peut rester très général, mais, moi, les oiseaux m’ont toujours fasciné. Il existe une telle diversité en la matière ! Du coup, je ne vais jamais me balader sans ma paire de jumelles. Et l’avantage de l’ornithologie, c’est qu’on peut la pratiquer partout, dans le désert comme en milieu urbain. Et en ville, il y a des choses insoupçonnées », souligne ce passionné, intarissable sur les espèces que l’on peut observer dans notre région.
Bird watching
C’est notamment le cas du faucon pèlerin, qui peut voler à près de 300 kilomètres à l’heure et qui est de retour en Île-de-France. Deux nichoirs ont d’ailleurs été installés, à la Défense et au sommet d’une tour du quartier Beaugrenelle à Paris. Une caméra permet même de les suivre sur un site Internet dédié. À la Ferme de Chalmassy, au Vieux-Pays, il existe une colonie d’hirondelles rustiques. On peut y voir aussi des faucons crécerelles, le rapace le plus commun d’Europe. Une espèce très discrète, voire silencieuse en hiver, et donc difficile à repérer. Autre rapace diurne présent dans le secteur : l’épervier d’Europe.
« L’été, j’aime avoir la fenêtre ouverte, pour écouter le bruit des oiseaux. Maintenant, je n’ai plus besoin de sortir mes jumelles pour savoir quel oiseau chante », confie Régis. Qui n’aime rien tant qu’observer, en région parisienne ou dans la baie de Somme, et partager ensuite des informations, de recensement notamment, sur des sites collaboratifs. « En Angleterre, on appelle cela le bird watching. C’est très développé là-bas : des centaines de milliers de gens observent les oiseaux et cela joue de manière positive sur la protection de l’environnement. En France, cela reste une activité assez marginale. »
Régis a proposé un projet à la mairie de Tremblay, celui de construire des nichoirs pour favoriser la nidification du rouge-queue à front blanc, un oiseau caractérisé par la teinte rousse de sa queue, en net recul dans toute l’Île-de- France. Avec l’aide technique du service du développement durable de la Ville, deux nichoirs viennent ainsi d’être installés dans les bois proches de la station de géothermie, près de la piscine.
Le rouge-queue à front blanc, un migrateur présent en France de mars à octobre, construit son nid de préférence dans un trou d’arbre, mais il adopte facilement les nichoirs artificiels mis à sa disposition. « C’est un petit passereau pas si commun, qui aime les espaces calmes. Mais rien ne dit que les nichoirs seront occupés dès la première année, ou que ce sont bien des rouges-queues qui vont s’y installer. »
Peintre amateur
De passions, Régis n’en manque décidément pas. Il est également peintre à ses heures perdues et a déjà exposé à de nombreuses reprises, mais pas encore à Tremblay. Serait-ce des oiseaux qu’il peint ? Eh bien figurez-vous que non, même si ses premières réalisations étaient effectivement axées autour de thèmes animaliers. « Mon travail s’oriente principalement sur la recherche d’atmosphères, notamment autour du thème de la ville. Je suis également intéressé par des lieux peu conventionnels comme les hangars, les souterrains, les usines désaffectées », explique Régis, avant de se dire impatient d’aller guetter les nichoirs au début du printemps prochain. Pour voir si un couple de mésanges charbonnières n’aurait pas par hasard pris la place dévolue aux rouges-queues à front blanc.
Quels qu’ils soient, Régis, qui habite non loin de là, sera en tout cas aux premières loges, et tout heureux de les observer et de les écouter.
Auteur : Daniel Georges
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