Equitation
Un centre équestre unique
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© Amélie Laurin - Ville de Tremblay-en-France
« Une proposition atypique »

Xavier Bougeois, le directeur du parc d’équitation intercommunal du Château Bleu revient sur le projet de l’équipement situé à Tremblay, au Vieux-Pays.
Quelle est la genèse du parc équestre ?
À Tremblay, historiquement, ce sont des adultes qui sont à l’origine de la pratique équestre. Au tout début, ils n’avaient pas de possibilités de pratiquer à Tremblay ni à proximité, un minibus a été mis à disposition par la mairie pour les emmener pratiquer à Montgé-en-Goëlle (Seine-et-Marne). Lorsque le parc du Château Bleu a été mis en vente par le dernier propriétaire, il a notamment été question d’un projet hôtelier, François Asensi, alors député-maire, a décidé de préempter.
Nous sommes allés le trouver pour lui exposer notre projet de centre équestre, il l’a alors présenté au SEAPFA [le syndicat d’équipement et d’aménagement des Pays de France et de l’Aulnoye qui réunit les villes d’Aulnay-sous-Bois, le Blanc-Mensil, Sevran, Tremblay et Villepinte, ndlr], estimant que son ampleur appelait la mutualisation des moyens. Les cinq villes y ont adhéré.
Quel est le cœur de ce projet ?
Depuis toujours, c’est le même : une équitation tournée vers les jeunes de moins de 16 ans, vers les scolaires et d’une manière générale une équitation pour tous ; avec la mise en place d’un tarif préférentiel réservé aux habitants des cinq communes. Nous ne voulons pas d’une élite qui n’habiterait pas le territoire et qui serait uniquement attirée par les tarifs défiants toute concurrence. Le dernier pilier, c’est l’équitation pour personnes avec handicap.
En 2011, le parc équestre devient une coopérative. Pourquoi ce choix ?
Jusqu’en 2011, l’association était composée des mêmes personnes, celles qui ont fondé le projet, les historiques, les plus investies donc. En 2009, nous avons réfl échi au changement de génération qui allait forcément arriver. Tout se passait parfaitement : c’étaient des personnes qui savaient qu’elles n’étaient compétentes que dans le domaine associatif et qui ont accepté de s’associer avec des professionnels.
Car dans l’équitation, vous devez avoir des professionnels à temps plein : avec 60 chevaux, c’est 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 et 12 mois sur 12, l’association ! La coopérative nous est apparue comme une solution pour évoluer et rester en cohérence avec le projet pédagogique d’origine. Nous sommes devenus une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), c’est-à-dire une structure commerciale à but non lucratif.
Concrètement, comment cela fonctionne ?
La SCIC, c’est la loi qui l’impose, est composée des usagers et des salariés. Ici, les salariés doivent obligatoirement être représentés, ce qui n’est pas le cas dans une association. La structure est composée de plusieurs collèges [collège des usagers, des salariés, des fondateurs, des partenaires et des collectivités, ndlr].
Chaque coopérateur acquiert une part sociale de 30 euros. L’établissement étant commercial, nous devons donc générer un équilibre financier voire des bénéfices. Statutairement, une coopérative doit remettre au pot commun une partie ou même 100 % de ses bénéfices. Ici, 100 % des bénéfices sont reversés à la coopérative.
Il n’y a pas beaucoup de centres équestres de ce type…
Il n’y a pas quinze centres équestres comme celui-ci en France avec un tel outil de travail : quatre manèges de taille et de forme différentes qui fonctionnent en même temps. Et c’est le seul centre équestre monté en coopérative en France. Et puis, la Seine-Saint-Denis est le département le moins équestre de France.
Donc ce parc équestre est une proposition atypique. Ici, il n’y a pas de chevaux de propriétaires : nous avons un cheptel de soixante équidés, pour tous les usagers. Plus de la moitié de mon équipe pédagogique est composée d’anciennes cavalières (c’est une équipe exclusivement féminine) de l’établissement : elles ont fait leur carrière équestre ici et pour certaines, leur formation [d’enseignantes, ndlr]. Elles sont maintenant salariées de la structure. Elles vivent sur le territoire.
Le Parc en quelques dates
► 1976 : Fondation de la section équitation du Tremblay Athlétique club. La pratique se fait dans divers établissements en Seine-et-Marne.
► 1987 : Inauguration de la Ferme équestre du Vieux-pays au 2 rue de la Ferme dans un espace mis à disposition par la ville de Tremblay.
► 1988-1989 : Constitution d’une écurie de 10 poneys, ouverture de l’activité aux scolaires, centres aérés, personnes handicapées, etc.
► 1995 : Création d’une nouvelle association sous la houlette du SEAPFA (Syndicat d’équipement et d’aménagement des pays de France et de l’Aulnoye) : le poney club du Vieux-Tremblay.
► 2001 : Inauguration du parc d’équitation du Château Bleu en présence de la ministre de la Jeunesse et des sports Marie-George Buffet et des maires des cinq collectivités du SEAPFA. Le poney club devient l’association du parc intercommunal d’équitation du Château bleu.
► 2011 : Création de la société coopérative d’intérêt collectif.
Le cheval comme thérapie

© DR - Ville de Tremblay-en-France
Un matin de janvier, dans un des quatre manèges du centre équestre du Château bleu, un cours d’équitation un peu particulier est organisé. Les cavaliers sont des enfants porteurs de handicap de l’Institut médico-éducatif (IME) de Stains. Tous les mercredis, depuis deux ans, ils se rendent au parc d’équitation intercommunal au Vieux-Pays. Épaulés par leurs éducatrices et sous le contrôle d’une cavalière du centre, ils montent des poneys.
« C’est important de sortir et l’environnement du club fait que les enfants sont dans un cadre naturel, souligne Viviane Burgatha, une des trois éducatrices qui les accompagne. Ils se comportent différemment auprès des animaux et des personnes qu’ils n’ont pas l’habitude de côtoyer. Rien que de toucher l’animal, d’entrer en contact avec lui, c’est de la socialisation, une relation à l’autre. »
Médiateur
Le parc équestre développe, au-delà de la pratique montée, de multiples activités dont beaucoup touchent à la relation avec l’animal et mettent en lumière le rôle de médiateur du cheval. Historiquement, le centre équestre a toujours travaillé avec le foyer des Bruyères de Tremblay ou encore l’antenne pédopsychatrique de l’hôpital Robert Ballanger. « L’équithérapie, c’est d’abord un projet de soins dont le cheval est un médiateur. Nous faisons donc du sur-mesure avec une cavalerie adaptée à la pathologie des enfants ou des adultes qui sont en situation de handicap », précise Xavier Bougeois, le directeur du parc d’équitation.
Autre exemple : des poneys à la retraite ont pris leurs quartiers dans le parc de 8 hectares de l’Institut Sainte-Marie de Villepinte avec lesquels peuvent interagir les personnes en soin ainsi que le personnel soignant. Le centre a également mis en place un partenariat avec la maison d’arrêt de Villepinte pour apporter la présence apaisante du cheval quand les familles se retrouvent à l’heure des parloirs.
Elles fréquentent le Parc d'équitation

Sarah Bedar (Tremblay)
Je fais de l’équitation depuis un an. Je viens une fois par semaine, en général les mercredis. En plus, c’est juste à côté de chez moi. À chaque fois, nous changeons de cheval. Les poneys sont sympas et ne sont pas agressifs. J’aime le contact avec l’animal. Certains aiment bien qu’ont les câlinent. Les personnes qui aiment faire du sport et les chevaux, allez-y, c’est super !

Gladys et Célia Aitabdelmalek (Blanc-Mesnil)
Gladys : C’est la première année que mes filles sont inscrites au club. L’une d’elle est venue l’année dernière avec sa classe de maternelle. C’est comme ça qu’on a découvert le parc d’équitation. C’est un beau club, bien entretenu. Les équidés sont bien traités. Des stages sont aussi proposés le week-end. Avec leur père, on les a déjà inscrites plusieurs fois. Il y a réel un attachement aux animaux à la maison.
Célia : Les animaux sont beaux et gentils. Je fais des selfies avec les poneys. J’adore les chevaux.

Estelle Iledefonse (Montreuil)
Avec mes enfants et mes neveux, cela fait 13 ans qu’on vient jusqu’ici pour faire de l’équitation. C’est une histoire de famille. C’est un centre qui peut accueillir beaucoup de monde à un tarif plus qu’abordable. Il est spacieux et très bien encadré. C’est rassurant. Le cadre est magnifique. On a l’impression d’être en plein nature. Les jours où il fait beau, on se promène dans le parc. Comme je suis enseignante, j’en profite aussi pour corriger mes copies au club house.

Jennifer Couffrant (Monthyon) – Enseignante du Parc
Cela fait 8 ans que je travaille au parc d’équitation du Château bleu. Je connais bien le territoire. J’ai vécu à Sevran, près des Beaudottes. J’ai commencé à pratiquer dès l’âge de 5 ans. Je suis même monté à cheval dans l’ancien poney club au Vieux-Pays ! C’est un parc d’équitation qui est très bien conçu pour accueillir le public et adapté dans le travail au quotidien. J’aime bien transmettre mes connaissances aux cavaliers, faire progresser les débutants et les voir évoluer. Nous accueillons fréquemment des scolaires et des personnes avec un handicap. C’est un métier physique et de passionné, surtout en plein hiver !
Auteur : Pierre Grivot et Mathilde Azerot