Numérique
Tremblay, ville connectée
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© DR - Ville de Tremblay-en-France
Déclarer ses revenus, inscrire ses enfants à des activités, acheter un billet de train, rechercher un emploi… avec la multiplication des démarches en ligne et la dématérialisation des services publics, avoir accès à internet (et savoir s’en servir) est devenu indispensable. Pourtant, selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), seulement 67 % des français se sentent compétents pour utiliser un ordinateur et 40 % disent même ne pas savoir se servir d’un smartphone ou d’une tablette.
« Le numérique et notamment la dématérialisation des services publics peuvent être une source de fracture sociale sans un travail d’accompagnement, atteste Laurent Chauvin, adjoint au maire chargé de l’Informatique et de la modernisation de l’administration. L’enjeu pour la collectivité est donc de donner accès à internet et de rendre les Tremblaysiens autonomes afin qu’ils ne soient pas exclus de la sphère numérique et professionnelle. »
Et pour cela, il ne suffit pas d'équiper les individus en nouvelles technologies. Il faut aussi les former. « La fracture numérique n’est plus dans l’acquisition de l’outil mais dans l’apprentissage et la maîtrise, abonde Mike Rouault, responsable des services numériques à la médiathèque Boris Vian qui a mis en place des ateliers d’initiation. C’est pourquoi nous allons proposer dès cet automne des ateliers à la carte et un accueil individualisé. »
D’une manière générale, les structures de la ville, et notamment les centres sociaux, proposent régulièrement des ateliers ou des stages informatiques (voir article p.14) avec pour ambition de développer l’inclusion numérique.
Citoyenneté et services publics
Parallèlement à l’offre des équipements municipaux, Pôle emploi, la Boutique club emploi, la Mission locale intercommunale ou encore l’association APART sont également mobilisés. Au sein de ces structures, des postes informatiques en libre accès permettent aux usagers de se connecter à internet (et notamment de consulter le site pole-emploi.fr) mais aussi de réaliser leur CV et d’écrire une lettre de motivation.
« Au-delà de la question de l’emploi, l’enjeu est que chacun puisse se saisir d’un outil qui permet un meilleur accès à ses droits, qui peut s’avérer être un espace de liberté qui rend citoyen », tient à souligner pour sa part Nathalie Courant, directrice générale adjointe à la Solidarité et à la Cohésion sociale à la ville. Par ailleurs, la révolution numérique a bien entendu des conséquences importantes sur l’organisation même de la collectivité. La place grandissante des réseaux sociaux, la généralisation des formulaires et des procédures en ligne bousculent les habitudes de travail et, ce faisant, le fonctionnement des services publics.
L’acquisition des outils numériques adéquats ainsi que la formation des agents municipaux constituent donc un défi de taille pour la Ville afin d’assurer une meilleure qualité de service et de suivi. La municipalité contribue également à équiper les groupes scolaires de nouveaux outils numériques et à la formation du personnel enseignant. Pour que l’ensemble de la population tremblaysienne puisse accéder à la société numérique et en connaître les bons usages.
Les écoliers vont s’initier au codage
La Ville a signé une convention avec le réseau Canopé pour développer dans les écoles les projets pédagogiques liés à la programmation informatique ainsi qu’à la découverte d’outils numériques.

© Guillaume Clément - Ville de Tremblay-en-France
Après l’équipement de tableaux interactifs dans toutes les classes primaires, la commune continue d’accompagner le développement du numérique dans les écoles. Une convention entre la ville et le réseau Canopé a été signée cet été avec pour ambition d’accompagner des projets pédagogiques mis en œuvre par les enseignants tremblaysiens, désireux de s’inscrire dans ce dispositif. Un appel à projet devait être lancé.
Placé sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale, Canopé est un réseau de création et d’accompagnement pédagogique. Il a pour mission la conception, la création, la production et la diffusion de ressources dites transmédias pour l’école (internet, mobile, télévision, imprimé). Du matériel de pointe, composé de tablettes tactiles et de plusieurs robots pilotables, a été acquis par la ville pour une valeur de 16 600 euros et sera mis à disposition des classes engagées dans un projet encadré de bout en bout par le réseau Canopé. Une enveloppe de 10 000 euros est également prévue pour la formation des enseignants à l’utilisation du matériel et à la formalisation de leur projet.
Programmation, algorithmes
Ce matériel numérique qui présente un grand nombre de fonctionnalités constitue un support précieux pour mettre en place des exercices de lecture ou de mathématiques mais permet plus encore d’initier les écoliers au langage informatique (codage ou programmation). « Le numérique vient renforcer de nouvelles pratiques pédagogiques et avec la signature de cette convention, l’objectif est de développer chez les élèves l’esprit d’initiative, de créativité mais aussi la concentration, détaille Amel Jaouani, adjointe au maire déléguée à l’Éducation, sans perdre de vue que l’éducation numérique, c’est aussi être connecté au réel ! »
La fibre avance
Surfer en très haut débit, ça vous dit ? Avec trois ans d’avance sur le calendrier prévu, 96 % des foyers tremblaysiens sont désormais éligibles à la fibre optique. Les écoles Jules Ferry, André Malraux, Jean Jaurès, Eugénie Cotton et Paul Langevin / Ethel et Julius Rosenberg ont également été raccordées à la fibre. Ce déploiement, piloté par Mohamed Zeroual chargé du développement du très haut débit, se conclut aujourd’hui pour les copropriétés soumises à une convention, les bâtiments publics ainsi que pour les nouveaux programmes de logements.
Par ailleurs, après SFR et Orange, Bouygues est le troisième fournisseur d’accès à internet à proposer les services à la fibre sur la commune. Enfin, la Ville accompagne l’ensemble des opérateurs de réseaux mobiles pour améliorer la qualité de couverture de la 4G sur l'ensemble du territoire.
Le numérique, ça s’apprend !
À travers des stages ou des ateliers numériques gratuits, les structures de la ville accompagnent les habitants de tous les âges au plus près de leurs besoins. Exemple à l’espace Mikado et à la médiathèque Boris Vian.

© Amélie Laurin - Ville de Tremblay-en-France
En ce mercredi matin du début du mois de juillet, l’ambiance est studieuse dans la salle informatique de l’espace Mikado. Cinq retraités font leur premiers pas en informatique, guidés par leur formateur, Medhi Benoucef. Durant une semaine, ils vont se familiariser avec les fonctions de base de l’ordinateur. Car si l’ambition des participants est de se servir d’internet, il faut déjà savoir manier l’outil.
Pour Louisane Laude, cette initiation était nécessaire. « Les démarches en ligne sont devenues indispensables, notamment pour les impôts. Les agents des finances publiques m’ont rappelé l’importance d’avoir une adresse mail et une connexion internet, témoigne la retraitée tremblaysienne qui, depuis a suivi leurs conseils. J’ai acheté un ordinateur que j’utilise un peu à la maison, poursuit-elle. Ici, je trouve du soutien pour acquérir les bases. Auparavant, je demandais à mes petits-enfants de m’aider pour faire des démarches. »
Gagner en autonomie
« À la fin d’une session, les participants doivent pouvoir créer une adresse mail, le sésame pour toute démarche », précise Hélène Ayres, adjointe à la direction du centre social Louise Michel/ Mikado qui dispose d’un agrément numérique de l’Assurance retraite pour accompagner les seniors dans la gestion de leur compte en ligne. À raison de 5 heures par jour, le groupe s’est approprié les fonctions principales du clavier, a découvert l’utilité d’une clé USB et, bien entendu, appris à se connecter sur le web. « Globalement, j’ai vu qu’ils avaient acquis beaucoup d’autonomie, certains au début du stage, étaient même bloqués pour ouvrir ou fermer une fenêtre », affirme Medhi Benoucef.
Toutes les tranches d’âge
À l’étage de la médiathèque, des ateliers d’initiation au numérique sont organisés deux fois par semaine dans la salle La Lucarne, encadrés par l’animateur numérique Claude Langelin. Au programme, selon les séances : prise en main de l’ordinateur, d’un smartphone ou d’une tablette, initiation aux réseaux sociaux, mise en ligne de photographies, etc. Ce vendredi de la fin du mois de juin, pour le dernier atelier de la saison, il n’y pas de thème défini, chaque participant est venu avec ses questions.
Marthe Dzioma souhaite passer un diplôme de garde d’enfants en effectuant une validation des acquis d’expérience. « C’est à Pôle emploi qu’on m’a conseillé de suivre cet atelier, indique-t-elle, car chez moi, je n’ai pas d’ordinateur pour des questions financières. Ici c’est gratuit et je peux faire des recherches en lien avec mon travail. » Micheline Flamant, elle, a besoin de se familiariser avec l’outil informatique. « Je viens à cet atelier parce que maintenant il faut s’y mettre, quel que soit son âge, assure la retraitée de 83 ans. J’avais des notions d’informatiques mais j’ai tout oublié. »
« La fracture numérique ce n’est pas un problème nouveau, cela fait 20 ans que j’encadre ce type d’ateliers et 20 ans que je la constate, affirme Claude Langelin. Cela concerne toutes les tranches d’âge car même les jeunes de 15 ans qui passent leur temps à jouer à Fortnite ne savent pas nécessairement utiliser correctement l’ordinateur ou internet.» Dès cet automne, la médiathèque devrait élargir son offre et proposer, notamment, un atelier supplémentaire le samedi matin.
Les jeunes face aux écrans
L’Office municipal de la jeunesse a notamment mis en place des séjours « détox » pour les ados.
Comme partout en France, les écrans occupent une place grandissante au sein des foyers tremblaysiens, surtout chez les jeunes. Une enquête menée par la ville fin 2016 auprès des 12-29 ans le confirme. Pilotée par l’Observatoire social, le Pôle municipal de santé et l’Office municipal de la jeunesse (OMJT), cette étude réalisée dans le cadre du Contrat local de santé met en lumière les pratiques quotidiennes de 1 164 jeunes Tremblaysiens.
Et révèle par exemple que 70 % des interrogés se couchent après minuit, que 9 jeunes sur 10 sont devant les écrans avant de s’endormir ou encore que plus d’un jeune sur trois passe au moins 3h par jour sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, 50 % se disent conscients des risques d’addiction, 80 % des risques de faire une mauvaise rencontre et 63 % qu’il peut être problématique de trop dévoiler sa vie privée.
Promeneur du net
Pour lutter contre les dangers du web, Willy Doukrou, animateur jeunesse à la maison de quartier du Vieux-Pays, effectue une veille numérique dans le cadre du dispositif départemental « Promeneurs du net ». « Je suis présent sur les réseaux sociaux, c’est-à-dire que j’ai un compte Promeneur du net et, en accord avec les jeunes, je leur envoie une invitation et ainsi, je peux les suivre et voir ce qu’ils publient sur leur compte Facebook, Instagram ou Snapchat, détaille-t-il. Les jeunes mettent un peu toute leur vie sur les réseaux, je peux voir ce qu’ils traversent et en parler avec eux ensuite. »
L’idée est d’assurer une présence en ligne et maintenir un dialogue « Je suis une sorte d’éducateur numérique », poursuit l’animateur qui suit environ 80 jeunes de 12 à 18 ans. Jusqu’à présent, depuis un an et demi qu’il effectue cette veille, en dehors de comportements moqueurs, le Promeneur n’a heureusement pas eu affaire à des cas réellement alarmants.
Séjours détox
Par ailleurs, depuis quelques années, l'OMJT a créé des séjours dits « détox » au cours desquels des adolescents s'embarquent pour une semaine sans écran. « Ils n'ont droit qu'à 15 minutes de connexion par jour pour appeler leur famille, précise ibrahim Sow, coordinateur. Il faut qu'ils se détachent du numérique, qu'ils se concentrent sur les activités proposées. Des moments de réflexion sur la dépendance aux réseaux sociaux sont aussi au programme. »
Lors de ces séjours, dont le dernier s'est tenu aux vacances de Pâques à Beauchamps (Hauts-de-France), ils travaillent à l'élaboration de courts-métrages, dont le montage ne se fait qu'une fois de retour à Tremblay.
Auteur : Pierre Grivot
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