Banlieues Bleues
Tempo Calypso !
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© Yanis Baybaud
C’est une histoire singulière qui vous a mené de Trinidad à Londres, de l’écriture à la scène, puis à la production de disques…
Oui, je suis né et ai grandi à Trinidad et, très vite, j’ai commencé à écrire à l’âge de 10 ans tout en écoutant beaucoup de musiques, du calypso [musique de carnaval originaire de Trinidad (Trinité-et-Tobago)] et tout ce sur quoi je tombais, du reggae, du funk, et du rock aussi ! En arrivant à Londres, à 20 ans, j’avais l’intention de combiner l’écriture de poèmes et les performances scéniques. En réalité, dans les deux cas, c’est une histoire de rythmes et de sons…
Il me semble que les mots sont importants avant tout, mais j’avais envie de monter sur scène. Pour moi, tout ça est connecté. J’ai eu le désir de faire carrière et il me fallait donc quitter Trinidad pour avoir quelques opportunités : les Martiniquais et les Guadeloupéens, ils regardent du côté de la France, et quand on vient d’une petite ville en France, on a un jour envie de monter à Paris, non ? Mon histoire, c’est celle-là…
Les sorties de vos trois premiers albums ont chaque fois été liées à la parution plus ou moins simultanée d’un livre : c’est votre méthode de travail ?
Il y a eu The African origins of the UFO’s en lien avec Leggo de Lion, mon premier album, en 2007. Mes compilations de poèmes portaient aussi le même titre que mes albums qui ont suivi. Voilà, ce sont les livres, les mots, les poèmes qui me viennent en premier : je ne peux pas dire que c’est une méthode, mais plutôt une coïncidence… Je suis un poète qui fait de la musique et, chaque fois que j’ai publié un livre, il y a eu un album qui est sorti dans la foulée sans que ce soit planifié. On appellera ça de la chance !
Ces trois premiers albums (plus un live), vous les avez réalisés avec le Spasm Band, une formation avec laquelle vous semblez ne plus travailler. C’est définitif ?
Je crois qu’on avait atteint une sorte de limite quant à ce que nous voulions faire ensemble. Cette formation était comme une machine : après chaque album, c’était : « et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? » J’ai ensuite rencontré l’artiste Meshell Ndegeocello, qui a produit l’album Time en 2014, et cela m’a permis de rompre avec l’esprit du Spasm Band. Reste que je suis toujours en relation avec Andrew John, le bassiste de cette formation. L’énergie du Spasm est encore là. D’ailleurs, Andrew est sur People of the Sun… et puis, qui sait, le prochain album, je le ferais peut-être avec ce band !
Votre avant-dernier album, Caribbean Roots (2016), peut-il être considéré comme la bande-son du livre que vous consacrez à Lord Kitchener, une légende du calypso ?
Pour le coup, non ! Lord Kitchener était un des plus grands artistes et chanteur du calypso avec Mighty Sparrow. Pour les Trinidadiens, c’est un personnage important, une véritable icône. Il est mort en l’an 2000 après 60 ans de carrière.
Si j’ai écrit un livre sur lui, c’est parce qu’on ne pouvait trouver aucune biographie disponible où que ce soit. C’est d’ailleurs davantage un roman inspiré par sa vie qu’une biographie. En revanche, j’ai un autre livre, qui devrait sortir l’année prochaine, The Frequency of Magic, qui a beaucoup à voir avec People of the Sun, l’album que je vais présenter durant Banlieues Bleues.
Qu’est-ce qu’il nous dit justement ce dernier album ?
Il est différent du précédent où, travaillant avec le musicien guadeloupéen Roger Raspail, nous partions explorer les sources musicales de tout l’archipel caribéen. Cette fois, on est dans le 100 % Trinidad, sa musique, son énergie et son groove. Jason Yarde, mon saxophoniste, a posé une touche de jazz, de free jazz et de funk pour mixer tout cela avec le calypso. On atteint ainsi un son et un mélange intéressants !
Pour le concert, il y aura des invités tels que Roy Lewis – alias Brother Resistance – une autre légende du calypso, on aura aussi une chanteuse incroyable comme Ella Andall et le trio 3 Canal, un groupe de rapso [mélange rap-calypso]. Vous serez les premiers à entendre tout ça, les gars !
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Auteur : Eric Guignet
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