Portrait
Se dépenser sans compter
Publié le

© Serge Barthe - Ville de Tremblay-en-France
Il court, il court, Jacques Boyadjian, sans jamais, ou presque, s’arrêter ! « J’ai en effet un emploi du temps très dense », admet le septuagénaire. « Je pensais profiter davantage de ma retraite. Je suis inscrit dans un club pour pratiquer de la gymnastique douce, mais bien souvent je n’ai pas le temps de m’y rendre ! Mes activités au sein de l’association priment pour le moment », explique celui qui est né en 1947 à Paris et habite aujourd’hui Livry-Gargan.
Cette association qui lui tient tant à cœur, c’est Entreprendre à Tremblay. Créée en 1998 à l’initiative de dix entreprises (dont Air France, Aéroports de Paris, la BNP...) et de la ville de Tremblay, elle est ouverte à toutes les sociétés, quels que soient leur taille ou le montant de leur chiffre d’affaires. Le retraité la dirige depuis une dizaine d’années, après en avoir été simple membre : « C’est très prenant, mais je le fais avec beaucoup de plaisir ! »
L’association s’est fixé dès sa naissance plusieurs objectifs : participer au développement économique local, faciliter le dialogue entre élus et chefs d’entreprise, favoriser les échanges entre les entreprises elles-mêmes et valoriser le territoire en mettant en avant ses acteurs culturels, éducatifs ou sportifs.
Cet homme de terrain en est persuadé : Tremblay et ses alentours possèdent beaucoup d’atouts, et pas seulement économiques. « La ville est au cœur d’un territoire très dynamique, il y a de nombreuses entreprises, des chantiers un peu partout, et nous sommes à proximité de Paris et de l’aéroport de Roissy. Et, à Tremblay, il existe une vie associative, culturelle et sportive de premier ordre. Les gens ne s’en rendent pas forcément compte. »
La rencontre comme moteur
Depuis l’âge de deux ans, Jacques Boyadjian vit en Seine-Saint-Denis. Ce territoire, il l’aime et veille dessus, attentif à ce que le nord-est de l’Île-de-France ne soit pas sacrifié lors des arbitrages gouvernementaux. Le retard possible de la ligne 17 du futur Grand Paris express, par exemple, qui doit relier neuf gares entre Saint-Denis-Pleyel et Le Mesnil-Amelot, l’inquiète. « Il ne faut pas que le développement concerne uniquement l'ouest de la région parisienne. »
Son association ne chôme pas : elle apporte de l'information aux entreprises, propose des conférences, organise des visites d'entreprises et dispense des formations sur des thèmes très variés : comment rédiger une offre d'emploi attractive ? comment élaborer une stratégie ? comment gérer les impayés ? etc. « Nous participons également aux rencontres du Grand Roissy, qui sont l’occasion pour des grandes entreprises de rencontrer des plus petites : elles ne se connaissent bien souvent pas, bien que parfois situées à seulement quelques kilomètres les unes des autres », fait valoir le président, pour qui la rencontre est l’un des maîtres mots.
D’où ces séances d’afterwork qui réunissent les entrepreneurs pour un moment convivial en fin de journée. L’homme est également administrateur du club de handball de Tremblay, le TFHB. Il a d’ailleurs été joueur lui-même et arbitre. Il assiste à tous les matchs à domicile. « Ce club est une belle vitrine pour notre territoire et nous y invitons les entreprises ! » La rencontre, toujours...
Faire le lien
Jacques Boyadjian était enseignant dans une autre vie dans le domaine industriel, la fabrication mécanique plus précisément. Plus tard, il est devenu chef d’établissement, notamment proviseur du lycée professionnel Hélène Boucher, à Tremblay. « Pour moi le rôle d’un proviseur consiste à faire réussir ses élèves, afin qu’ils trouvent un emploi. C’est aussi d’ouvrir des formations et des diplômes qui correspondent aux besoins du territoire. À Hélène Boucher, nous avons par exemple créé une formation d’aide déclarant des douanes, un métier qui consiste à établir les documents administratifs qui permettent d’exporter ou d’importer des marchandises. Tous les élèves inscrits ont obtenu un emploi et des possibilités d’évolution », se félicite l’ancien prof devenu proviseur.
« Peut-on faire pendant quarante ans la même chose ? Je me suis posé la question et j’ai opté pour l’administratif, cela me semblait une évolution normale. Il faut savoir tourner la page : ce sont deux métiers différents, mais c’est bien d’avoir été professeur auparavant, pour savoir ce qu’est une équipe enseignante. »
Passer du monde de l’enseignement à celui de l’entreprise avec Entreprendre à Tremblay n’a pas été plus compliqué que cela, selon lui. « Le lien entre l’école et l’entreprise a toujours été primordial pour moi. Ces deux univers se sont pendant trop longtemps ignorés. Mais petit à petit, chacun a compris qu’il fallait travailler ensemble pour faire évoluer les diplômes et les formations », estime-t-il. S’il ne s’est jamais économisé pour œuvrer dans ce sens, ce « faux » retraité envisage toutefois de souffler un peu à terme pour profiter pleinement de ses petits-enfants.
Auteur : Daniel Georges
Écrire un commentaire