Concert
Du nouveau sous le soleil musical...
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Comment est né le projet Sodassi ?
Cela part d’une association que j’ai fondée en 2014 et dont le but est l’accompagnement artistique, à destination de la jeune génération. Celle-ci s’est construite avec le background de la culture arabe, tout comme moi d’ailleurs qui ai fait partie du groupe Palestinien Sabreen pendant 20 ans [Kamilya Jubran est née en 1963 à Saint-Jean d’Acre de parents palestiniens et vit en France depuis 2002] si bien que je sais ce que c’est que de travailler sans moyens.
Sodassi, c’est une invitation, pour les artistes que j’ai retenus, à prendre du recul et à sortir de leur « zone de confort » relative car ils viennent d’univers musicaux différents. C’est une proposition de questionnement critique pour atteindre un autre niveau.
Ces jeunes gens venant de cinq villes différentes – Jérusalem Est, Beyrouth, Ramallah, Le Caire, Haifa – comment avez-vous travaillé ?
Entre 2014 et 2016, je me suis déplacée avec mes propres moyens pour rencontrer les artistes chez eux et y organiser des ateliers. Le groupe des six a été constitué en mars 2017 et nous avons travaillé à distance via toutes les technologies dont nous disposons, Skype et Internet. Nous avons ainsi ensemble défini un plan de travail avant que ne se lance la démarche de trouver des soutiens pour le projet. La Dynamo de Banlieues Bleues et le FGO-Barbara nous ont soutenus et accueillis en résidence. Avant Tremblay, il y aura eu cinq représentations...
Quel est le résultat de cette expérience Sodassi, formellement et musicalement ?
C’est un groupe qui porte la sonorité, la voix, l’inspiration et la soif d’une génération qui habite dans ces pays, aujourd’hui. C’est une génération qui écrit elle-même ses paroles : on y entend ce qu’ils vivent et ce à quoi ils aspirent.
Que nous disent-ils ?
Il y a un besoin, une soif d’amour évident. L’amour et l’ouverture, la liberté de gérer sa vie... en gros c’est ça, en fait.
Sodassi, cinq femmes et un homme, qui viennent d’univers musicaux très différents, électroniques ou acoustiques...
Ce sont tous les six des artistes qui montent. La plus jeune a 20 ans – Rasha Nahhas de Haifa – est inspirée par le rock des 60’s et 70’s et porte une énergie rebelle. Avec Sodassi, elle commence à chanter et écrire en arabe, langue qu’elle revisite alors qu’elle avait recours à l’anglais auparavant. Youmma Sala a 32 ans, pour son âge et son origine libanaise, ses références c’est bien sûr Fairuz, elle a étudié et connaît la musique classique arabe, celle d’Egypte et de la Grande Syrie, autant de références qu’elle essaye de revisiter en créant tout un univers bien à elle...
Le garçon du groupe, Ayed Fadel [28 ans, de Haifa], n’est pas musicien : il écrit des textes et les déclame. Sa position dans Sodassi n’était pas évidente et il a fait démonstration d’une super énergie avec une capacité d’écriture très très fine..
Sodassi semble s’intégrer parfaitement dans votre parcours personnel qui est parcouru par un questionnement permanent sur le rapport entre la tradition et la modernité ?
Oui c’est cela qui me taraude. C’est une question à laquelle je réponds, sans fin... Mon éducation musicale, c’est classique-Proche Orient, le répertoire égyptien, puis plus tard une aventure de 20 ans, de recherches et d’expérimentations avec le groupe Sabreen. Depuis mon arrivée en Europe, je tente d’aller encore plus loin.
Comment qualifieriez-vous, aujourd’hui votre musique ?
C’est une question qu’on me pose tout le temps. C’est une musique arabe ? Mais c’est quoi au juste une musique arabe ? S’il n’y a pas le chant, c’est la langue qui dit que c’est quelque chose d’arabe... alors oui, je chante dans cette langue une musique qui s’inspire de plusieurs sources et qui a une pensée actuelle.
Entretien avec Kamilya Jubran

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Auteur : Eric Guignet
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