Actualités
«Dans les quartiers populaires, les gens vous accueillent sans arrière-pensée.»
Publié le

Quel est le sujet de “Jamais de la vie !” ?
C’est l’histoire d’un gardien de nuit dans un parking de supermarché qui s’ennuie profondément. Un ancien délégué syndical dont l’usine a fermé et qui ne retrouve pas de boulot dans sa branche. Il va voir une conseillère sociale qui calcule sa retraite et se rend compte qu’il n’ira nulle part avec ce qu’il a cotisé. De là, il se dit « qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? » Puis, une voiture un peu louche rôde autour du centre commercial. Pour lui quelque chose se prépare. Doit-il prévenir la police ou se joindre au larcin ? C’est le point de départ du film.
La conseillère est jouée par Valérie Bonneton et le gardien par Olivier Gourmet. Il s’est établi un très bon rapport entre eux ; Valérie est une personne qui s’intéresse réellement aux gens qu’elle voit. Elle colle bien au rôle. Quelque chose entre eux pourrait se produire afin qu’il ne bascule pas du mauvais côté. Jusqu’à la fin, on se demande s’il va trouver un équilibre avec elle. Mais tout ce qui se passe entre eux reste dans le non-dit.
Comment se déroule le tournage jusqu’à présent ?
On entame la cinquième semaine de tournage qui lui, a débuté en mars. Cela fait six semaines qu’il ne pleut pas sur Paris, tout est beaucoup plus facile. Nous avons trouvé un lieu principal, Othis (77) et les lieux annexes du tournage pas loin. Nos trois jours à Tremblay représenteront environ 10 minutes du film.
Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir la Seine-Saint-Denis et Tremblay ?
J’ai passé toute ma jeunesse à Maisons-Alfort et j’ai toujours voulu faire des films sur la banlieue. À l’époque, aller à Paris était très compliqué, il n’y avait pas de RER. J’ai ce souvenir de ma jeunesse et régulièrement dans mes films je retourne en banlieue. C’est constitutif de mon identité de réalisateur. Nous avons trouvé au Centre social Louise-Michel la structure exacte que j’avais décrite dans le scénario. Ça se joue à peu de choses. Tout d’un coup, vous trouvez un décor, des lieux, des volumes… Au départ, on n’a pas de préférence, mais il se trouve que lorsque l’on veut faire un polar social comme c’est le cas ici, le 93 s’impose d’emblée.
Vous êtes donc un habitué du 93 ?
Oui, ça m’est arrivé souvent de tourner en Seine-Saint-Denis. Quand on fait un film social on préfère tout de même tourner à Tremblay qu’à la Celle St-Cloud. Les décors correspondent mieux et l’accueil est plus facile. Plus vous allez dans les quartiers populaires, plus les gens vous accueillent sans arrière-pensée.
Comment se sont déroulés les repérages ?
Vous envoyez un « repéreur » avec la description du lieu et lui se charge de le trouver. Il s’arrête, prend des photos... Parfois cela prend des semaines. Parfois le lieu est bien, mais le son pas optimal, parfois ce sont les décors… Les gens sont toujours très surpris et nous disent souvent “pourquoi vous êtes venus là ?”. C’est très simple en fait.
Le tournage avec l’équipe du centre social Louise-Michel se passe-t-il bien ?
Bien sûr, d’ailleurs la plupart des figurants font partie de l’équipe. Ici, à Louise-Michel, nous avons pris contact avec l’équipe directement dès les repérages et tout s‘est très bien passé. Ce sont des gens adorables.
C’est quoi une journée typique de tournage ?
Pour moi c’est minimum 12 heures et 14 heures pour le reste de l’équipe. En définitive, nous sommes tous esclaves du scénario, y compris moi. Il y a des matins où j’arrive et je me dis pourquoi j’ai écrit ça ? Mais je ne le change jamais. Parfois, mon directeur de production me demande pourquoi je ne tourne pas en province ou sur une île, mais je préfère rester près de ma famille et ne pas dormir à l'hôtel. Le tournage est une telle épreuve que le soir j’aime retrouver mes proches. Au début de ma carrière, François Truffaut m’avait dit : « Tourner un film est aussi épuisant qu’une épreuve sportive de haut niveau. » C’est pour ça que je ne tourne que tous les 2-3 ans. J’ai déjà fait une quinzaine de films, mais je ne sais jamais si on me laissera faire mon prochain projet.
Auteur : Clara Torres