Histoire
Le Vieux-Pays livre un morceau d’histoire
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© Bureau d'études Éveha
On savait déjà que le Vieux- Pays avait un long et riche patrimoine historique, avec des traces de présence humaine dès le Paléolithique, puis d’habitat à l’époque gallo-romaine le long des rives du Sausset. Du fait des aménagements engendrés au fil des années par la zone aéroportuaire, de multiples fouilles archéologiques préventives et obligatoires se sont succédé. La plus récente s’est achevée en décembre dernier, au nord du cours d’eau. Une équipe d’archéologues, missionnée par Grand Paris Aménagement (GPA), a passé au crible, dix mois durant, le périmètre dans lequel est en train d’être installé un bassin de rétention d’eaux pluviales dans la zone d’activités Aerolians- Paris (voir encadré).
Un chantier de 5,3 hectares, qui a révélé une partie d’un village ainsi qu’une nécropole. « Ce qui a été mis au jour, ce sont les limites d’un village du haut Moyen Âge qui avait déjà été en partie fouillé en 2014 et 2015 par la société Archeodunum, au sud du ru du Sausset », précise l’archéo-anthropologue Aurélie Mayer, responsable d’opération. « Nous avons trouvé des structures, probablement liées à une activité artisanale qui reste à définir, ainsi que des habitations et des chemins. Associée à ce village, nous avons surtout découvert une nécropole entière d’une ampleur exceptionnelle. »
1 200 sépultures découvertes
La nécropole, de taille importante pour la région, s’étend au nord du ru, le long du chemin des Saints- Pères, sous la zone d’activités AeroliansParis. Elle contient plus de 1 200 sépultures datant du VIe au XIIe siècle de notre ère, c’est-à-dire des époques mérovingienne et carolingienne. Avec ces nouvelles fouilles, les archéologues espèrent beaucoup. « Nous avons exhumé 1 000 sépultures primaires. Les défunts étaient encore en place, entiers, habillés et déposés dans des caisses en bois dans de larges fosses au VIe siècle, dans des contenants en plâtre par la suite, puis en linceul dans des fosses très étroites durant la dernière phase d’occupation, détaille Aurélie Mayer. Nous avons également fouillé plus de 200 réductions, c’est-à-dire des os humains qui ont été bougés et qui ne sont plus dans la position dans laquelle ils ont été enterrés. Sans ces fouilles préventives, les vestiges archéologiques auraient été voués à la destruction. »
Grâce à ces fouilles, les 1 200 sépultures vont être étudiées pendant au moins deux ans, et autant de squelettes analysés. Les anthropologues pourront ainsi dresser le profil démographique des individus inhumés, et mieux comprendre les conditions de vie d’une population qui n’a pas laissé de traces écrites. Les études qui débutent devraient donc dévoiler bien des secrets…
Vallon du Sausset : un projet écologique
Mais que va devenir le site ? Sur une partie des 5,3 hectares du vallon du Sausset, un bassin de rétention d’eaux pluviales pour la zone d’activités AeroliansParis est en cours de réalisation afin d’imperméabiliser les sols et d’éviter les inondations. Un projet d’aménagement écologique et paysager porté par Paris Terres d’Envol, la Métropole du Grand Paris et Grand Paris Aménagement est également prévu sur le site.
Il deviendra un lieu de promenade et une trame écologique verte et bleue pour préserver la biodiversité de cet espace naturel et humide qu’est le ru. Une trentaine d’hectares seront enfin dédiés à un projet d’agriculture urbaine. Quant au chantier de fouilles, il n’en reste plus rien d’apparent. Les sépultures et autres mobiliers ont été intégralement déplacés pour être étudiés. Les découvertes seront par la suite entreposées au service régional de l’archéologie.
Auteur : Pierre Grivot