Cirque, Danse
Le bonheur, c'est maintenant
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Qu’est-ce qui a déclenché ce furieux désir de mise en scène ?
Je crois que ça fait longtemps qu’il est là ! Quant au déclenchement, je ne sais pas, peut-être qu’à la suite de tous mes spectacles précédents, j’avais envie de parler sur le fait d’oser dire ses désirs. Les désirs profonds qu’on n’ose pas vraiment exprimer, qu’on a même parfois du mal à identifier, le fait de les dire et de les partager, c’est déjà leur donner une chance de commencer à exister. Je pense que cela nous taraude tous. La grande question, en fait, c’est comment je suis devenu moi-même… le spectacle s’adresse aussi à un jeune public, mais en réalité c’est un spectacle tout public !
En résumé, un personnage ouvre une porte de son intimité et c’est… la contagion ?
Voilà c’est ça ! Je parle autour de moi de la contamination du bonheur…
À quoi avons-nous affaire ici : conte philosophique, tribune politique ou séance de psychanalyse ?
À un peu tout cela à la fois. Ça pose des questions philosophiques et à partir du moment où l’on commence à parler de la construction de l’individu, de ce qui est enfoui, oui il y a un aspect psychanalytique. Après, l’aspect politique ? Oui également, parce que c’est politique de faire du théâtre, de prendre la parole devant des gens.
C’est politique de prôner une société où l’on se parle, où l’on pourrait vivre ensemble. Bien sûr, ce n’est pas un questionnement nouveau, et ce n’est pas pour rien que le personnage principal a 70 ans et décide de s’émanciper, de vivre autrement, d’écouter son cœur finalement. Cette femme, elle n’a pas osé se manifester, ni manifester, en [mai] 68, mais il n’est jamais trop tard pour s’y mettre.
Qu’aimeriez-vous que votre spectacle suscite ?
J’aimerais que les gens se disent qu’ils peuvent eux-mêmes aussi se mettre à danser leur vie. Voilà, qu’ils osent ça, qu’ils osent faire un pas de côté pour se mettre à danser leur vie !
Pourquoi ce choix de mêler à la fois théâtre, danse, cirque et musique ?
Dans mes spectacles, je mélange toujours le récit à d’autres formes. La musique y tient toujours une grande place parce que c’est le vecteur qui porte les émotions, bien souvent, pour des corps dansants, il était essentiel d’avoir une forte présence musicale. Mon désir, depuis longtemps, c’était de co-écrire avec un chorégraphe. Ici, la rencontre avec Sylvère Lamotte [chorégraphe et circassien en dernière année de résidence sur Tremblay, ndlr] a été primordiale et évidente.
C’est une écriture plurielle qui a présidé au spectacle, comment avez-vous procédé ?
Oui, Sylvère donc, Catherine Verlaguet pour le texte, Mikael Plunian à la musique et Sébastien Revel aux créations lumières et à la scénographie. On a travaillé ensemble tout le temps, depuis les premiers labos, les auditions. On a fait quatre jours de « brainstorming » sur ce qu’on avait envie de dire à propos de cette quête du bonheur. Il y a eu cette même présence et proximité pendant les onze semaines de répétitions : les langages se sont accumulés et se sont mis à parler, ensemble.
Un Furieux désir de bonheur, Catherine Verlaguet, Olivier Letellier, Sylvère Lamotte, vendredi 28 février à 20h30.
Auteur : Eric Guignet