Athlétisme
L'athlé pour s'intégrer
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Le mardi, l’affluence bat des records sur la piste d’athlétisme, les sautoirs et l’aire des lancers du Parc des sports. Ce soir, c’est tronc commun au TAC athlétisme et toutes les catégories d’âges s’entraînent. Comme dissocié de la cohue, il y a le tandem Simon et Nono.
«De vert à vert tu trottines et de rouge à rouge tu marches», lance le second au premier, très attentif. Ses bâtons de marche bien calés dans les mains, Simon s’élance, concentré. Jean-Yves Quemener dit Nono, directeur technique du club, ne le quitte pas du regard. «C’est bien, maintenant tu peux souffler».
À suivre, une séance de longueur, du marteau et du poids. Simon bénéficie d’un entraînement particulier adapté. Préparation sur mesure avant une compétition ?
L’adolescent ne peut tout simplement pas exécuter tous les gestes ni appréhender l’ensemble des consignes qu'appliquent les autres. Il a besoin de plus de temps, d’effectuer les exercices à son rythme, qu’on les lui explique avec d’autres mots et surtout, qu'on l’encourage.
Simon est sportif et handicapé. Né grand prématuré, il souffre de troubles de l’apprentissage qui se résorberont avec le temps. En attendant, il prend son pied ici deux soirs par semaine, vêtu du survêtement bleu du TAC.« Je m’amuse beaucoup, je dépense beaucoup d’énergie et le soir je dors très bien », dit-il en réajustant ses lunettes, la bouille en sueur.
Donner sa place à chacun
Des licenciés viennent lui tapoter l’épaule, l’apostrophent, lui serrent la main. Une saison et demi de présence et il fait déjà partie de la famille. «Nous ne voyons pas Simon comme une personne handicapée, mais quelqu’un de différent, au sens enrichissant du terme», assure Jean-Yves Quemener.
L'ex sapeur-pompier a pris le jeune sous son aile. «Nous ne sommes pas équipés pour recevoir du public handicapé et nous n’avons pas d’entraîneur spécialisé, précise-t-il.
En 2013, la maman de Simon est venue nous trouver, un peu désespérée, lors de la Fête du sport, en quête d’un club qui accueillerait son fils. Nous avons dit banco ! » Il avance une explication supplémentaire. «Le sport doit donner une place à chacun. »
Le club tremblaysien a appris en marchant, en s'appuyant sur ses compétences en interne. Doris est étudiante en Staps sport adapté. À défaut d’expérience, la lanceuse de poids qui animera un tournoi de football sur le prochain Intégrathlon a apporté ses connaissances.
Surtout, une bonne volonté partagée et beaucoup de bienveillance ont permis de surmonter les obstacles de départ, dont l'absence d'un animateur spécialisé. «Simon a perdu du poids, amélioré sa motricité, gagné en autonomie et surtout, il a l'air de se sentir bien dans sa tête », affirme le dirigeant.
« En inscrivant Simon, mon objectif était qu’il se retrouve au milieu d’un public ordinaire, sans faire l'objet d'un regard particulier. Je suis contente que ça se passe ainsi grâce aux efforts et à la compréhension du club », se félicite Seli, sa mère.
«Si nous apportons quelque chose de positif à Simon, lui aussi en retour. Il montre à nos jeunes que le handicap ne doit pas être un obstacle entre les uns et les autres, et que le sport est un formidable outil d'intégration », reprend Jean-Yves Quemener. En septembre dernier, le club a accueilli Thierry, jeune autiste. Il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin.
Auteur : Frédéric Lombard