Gymnastique
Ballanger s'éveille à la gym
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© Guillaume Clément - Ville de Tremblay-en-France
Si Sofiane manque à l’appel ce lundi, Yanis, Ibrahima et Mahamadou sont bien là, comme à l’accoutumée en jogging et chaussettes sur les tapis de la salle du TAC gymnastique, au complexe sportif Jean Guimier. Durant quarante-cinq minutes, accompagnés chacun par un adulte, ils vont marcher sur la poutre, escalader des caissons, rouler sur le sol, rebondir sur la toile du trampoline. Ils sont concentrés, pèsent chacun de leur pas, avancent, reculent, hésitent, recommencent. Comme n’importe quels autres enfants de leur âge ? Presque.
Cet atelier du matin a ceci de spécifique qu’il est entièrement dédié à un jeune public diagnostiqué du Trouble du spectre autistique (TSA). Ils sont venus avec l’hôpital de jour Les Trois jardins. Cette unité dépend du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du centre hospitalier Robert Ballanger. Ce rendez-vous compte énormément pour eux. Il en est de même pour l’équipe médico-psychologique et pour l’entraîneur du TAC gymnastique qui les encadrent. Le matériel ne diffère pas de celui utilisé par les gymnastes du club.
Chaque objet permet de travailler la motricité et les repères dans l’espace, tout en favorisant la socialisation dans un environnement qu’ils ne connaissaient pas. « C’est un moment où les enfants habituellement isolés par leur pathologie s’ouvrent sur le monde ordinaire, explique Nadia Bekka, éducatrice spécialisée et formatrice. Ils lâchent prise, s’intègrent dans un espace et une activité qui, habituellement sont d’un accès très compliqué pour eux. »
« Progrès importants »
Invariablement, la magie s’opère. D’abord les enfants sont capables de rester en place, une performance difficilement envisageable lors d’autres situations. « Nous constatons durant ces ateliers une diminution considérable de leur angoisse à l’égard de ce qu’ils ne connaissent pas », précise-t-elle. « L’expérience inédite qu’ils vivent révèle chez eux une capacité au jeu, à travers lequel ils développent une communication qui leur permet d’exprimer ce qu’ils ressentent », ajoute Hatem Zahia, sa collègue.
Chaque trimestre, une évaluation est faite. Yanis, 9 ans, fréquente assidûment l’atelier depuis trois ans. « Nous avons vu ses progrès importants sur les agrès et la relation qu’il a tissée au fil des séances avec l’entraîneur », reprend Nadia Bekka. Quant à Ibrahima, c’est avec un large sourire et de l'allant qu’il accomplit les exercices. Lui qui ne s’autorise rien à la maison, prend du plaisir, devient une personne et il lui arrive même de contester les consignes d’Abel Madouri. L’éducateur sportif a succédé à Sophie qui, elle-même avait pris le relais de Karine. « C’est un public très attachant qui m’oblige à m’adapter à chaque séance où je dois réussir à capter leur attention, explorer d’autres pistes pour établir la communication et les amener, sans heurt, à faire les exercices », assure-t-il.
S’il confie sortir nerveusement rincé des séances, c’est avec la conviction de son utilité. « J’ai l’impression, à ma petite échelle, d’aider à intégrer ces enfants dans la société », confirme-t-il avec modestie. Mais Abdel est appelé à quitter la région parisienne. Pas de souci, le TAC gymnastique lui a trouvé un successeur. Alexis, autre gymnaste « maison », s’est porté volontaire. Avec la même envie d’apporter ses compétences à la cause des jeunes autistes.
Auteur : Frédéric Lombard
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