Citoyenneté et démocratie
À l’écoute du terrain
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© Serge Barthe
En quoi consiste votre mission de délégué à la cohésion police-population (DCPP) ?
Ma mission est large. Elle consiste à faciliter les relations dans les quartiers identifiés comme prioritaires. Je participe aux actions que mène la commune, notamment dans le cadre du Contrat local de sécurité et de prévention de la délinquance. Je travaille également avec les associations qui veulent bien me contacter. Dans ma mission, je m’occupe notamment des conflits de voisinage. J’ai un rôle de médiateur et d’écoute.
Pouvez-vous me décrire en quelques mots votre parcours ?
Je suis rentré dans la police nationale en 1980. J’étais en service général à la brigade de surveillance nocturne, l’ancêtre de la Brigade anti- criminalité. J’ai aussi fait un passage à la brigade des stups. J’ai fini ma carrière comme policier formateur anti drogues. Je suis présent sur le terrain depuis 2014 à Tremblay.
Vous intervenez régulièrement dans des collèges et au lycée Léonard de Vinci. Pourquoi ?
Mon champ d’action, c’est la prévention. Je travaille beaucoup avec trois collèges de la commune (Ronsard, Rolland, Descartes). Les thèmes que j’aborde sont multiples : le harcèlement, les violences volontaires, le mineur et la loi. Ma spécialité, ce sont lesaddictions et tous les problèmes liés à l’usage de drogues. Mais aussi sur les dangers d’internet qui peuvent conduire à la désocialisation ou à l’isolement.
Le gouvernement a annoncé, en février dernier, dans le cadre de la police de sécurité du quotidien, le déploiement d’un DCPP dans trente quartiers prioritaires de « reconquête républicaine ». Qu’en pensez-vous ?
C’est un mal nécessaire. À sa création, en 2008, nous étions très peu. Aujourd’hui, nous sommes 35 en Seine-Saint-Denis. La police de sécurité du quotidien existait bien avant. Quand je suis rentré dans la police, en 1980, il y avait ce qu’on appelle les îlotiers. C’étaient des policiers de proximité, qui travaillaient dans les quartiers. Ils étaient connus des habitants. Cela marchait très bien.
Puis, dans les années 90, il y a eu la police urbaine de proximité qui n’a pas été appliquée par manque d’effectifs et de moyens. Si l’on veut une police de proximité efficace, il faut donc des moyens et des matériels. Je suis un fervent défenseur de cette police. Une police qui ne fait pas que de la répression mais qui est aussi là pour prévenir les problèmes, aider la population.
N’avez-vous pas l’impression avec vos collègues de combler le vide laissé par la suppression de la police de proximité ?
Depuis que j’interviens sur la commune, depuis quatre ans, certains jeunes me reconnaissent dans la rue, viennent me voir. Ils ont un autre regard sur la police. Même si je ne suis plus en activité, je reste dans leur esprit un policier. Quand les gens viennent se plaindre au commissariat, on les oriente vers moi. J’essaie dans la mesure du possible de régler les conflits.
Comment considérez-vous votre collaboration avec la ville ? Est-elle bien investie sur le sujet ?
Avec le service prévention, nous avons mis en place un comité de pilotage de la prévention de la délinquance des mineurs. Nous suivons des gamins, nous organisons chaque année des stages d’accès à la citoyenneté et un forum civisme et sécurité routière. Nous les revoyons dans les collèges. À Tremblay, il y a un travail de fond sur les mineurs qui est exceptionnel.
Auteur : Pierre Grivot
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