Du 19 au 21 septembre, dans le cadre des journées du patrimoine, la Société d'Etudes Historiques de Tremblay (SEHT) propose à l’église Marcel-Callo une exposition intitulée “Les vitraux - L’art du verre au service de la mémoire des martyrs de la Résistance spirituelle victimes de la persécution nazie décrétée le 3 décembre 1943 ».
Cette exposition évoque en partie le grand vitrail, œuvre de Florent Chaboissier, maître-verrier. Pourriez-vous nous parler de ce vitrail ?
Inès Minin : Ce vitrail raconte l’engagement de Marcel-Callo et de ses camarades. En plus d’être membre de la JOC Il parle de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) également et il évoque le visage du Christ. Durant la Seconde Guerre mondiale, il était responsable d’un groupe de l’Action Catholique Clandestine en Thuringe. Il s’est fait arrêter par les nazis et déporté dans le camp de concentration de Mauthausen en Autriche en 1944. Sept mois après son arrivée, il meurt à l’âge de 23 ans d’épuisement et d’une dysenterie, une maladie infectieuse du côlon. Aujourd’hui, il est considéré comme martyr du Service du Travail Obligatoire (STO). C’est pour cela que ce vitrail est si important. C’est à la fois un objet d’art, de mémoire et d’histoire. Cette exposition comporte 13 panneaux relatant l’histoire de la création des vitraux, mais aussi de l’église ainsi que le parcours de Marcel Callo, véritable saint-patron pour moi. Cela va être l’occasion de le mettre en valeur et de le faire découvrir à un plus grand nombre de personnes.
Qu’est-ce qui vous interpelle et vous plaît dans ces vitraux ?
Tout d’abord je dois dire que je suis très familière avec la ville de Tremblay. De la primaire jusqu’à mes premières expériences professionnelles, j’ai vécu une bonne partie de ma vie dans cette ville avec ma famille. Dans le quartier pavillonnaire près de l’école primaire Honoré-de-Balzac, puis au centre-ville et enfin au Vert-Galant.
S’agissant des vitraux de l’église Callo, ils permettent, selon moi, de rendre hommage à ceux qui sont prêts à tout donner pour l’amour des autres, l’amour de Dieu à l’exemple du Christ. C’est un véritable témoignage de vie qui permet de ne pas oublier et d’être interpellé par l’engagement de vie de grands témoins. Cela interpelle en particulier les chrétiens sur ce fameux “Qu’as-tu fais de ton frère ?”.
Que représente aujourd’hui pour vous la foi catholique ?
C’est quelque chose qui me nourrit et qui m’aide à avancer dans la vie. Cela me permet de prendre du recul, de prendre du temps pour me poser les bonnes questions et poser un regard plus bienveillant sur les autres et moi. En particulier quand on vit dans un monde où il est bien plus facile de vivre chacun pour soi, de faire du mal aux autres, d’être égoïste et de se dire qu’on est mieux sans les autres. Grâce à ce que je vis en Eglise je peux dépasser cela afin d’essayer d’être meilleure pour continuer à avancer.
Que pensez-vous de l’évolution de la société actuelle ?
Si je m’engage encore aujourd’hui, personnellement et professionnellement, c’est parce que je crois qu’on peut construire ensemble une société meilleure, plus inclusive, plus durable, plus solidaire et capable de relever aujourd’hui et demain les défis auxquels il nous faut réussir à faire face.
Que diriez-vous pour inciter les Tremblaysiens à se rendre à cette exposition ?
De nos jours, il est intéressant de se souvenir et de découvrir les témoignages d’hommes et de femmes qui se sont battus pour la dignité, pour la liberté, pour l’humanité. Il est nécessaire de comprendre notre histoire pour éviter les dérives que nos sociétés actuelles pourraient à nouveau ne pas oublier et ne pas laisser faire les mêmes erreurs. Ainsi, nous serons éveillés et attentifs.
Engagée depuis l'adolescence
C’est au sein de la paroisse Marcel-Callo qu’Inès Minin découvre une communauté de foi qui marque profondément sa vie, lui faisant comprendre ce que signifie “faire Église et être en Église”. À la fin de sa scolarité au collège, elle rencontre la JOC, un mouvement dans lequel elle s’engage activement. Dans une ville où la municipalité s’est toujours montré accessible, elle a pu y consacrer de nombreuses actions concrètes en lien avec sa propre réalité et celle de ses pairs. De sa mobilisation pour améliorer les installations destinées aux jeunes dans sa cité, à la mise en lumière des difficultés d’accès à l’emploi, Inès œuvre avec conviction. Son engagement la conduit à devenir présidente nationale de la JOC en 2005, à seulement 24 ans. Si elle n’exerce plus aujourd’hui cette fonction, elle reste profondément jociste, à l’image de Marcel Callo, et continue de vivre sa foi au quotidien tout en portant haut les valeurs humaines et sociales qui l’animent depuis toujours.