Rappelez-nous ce qu’est la Fédération Sportive et Gymnique du Travail ?
Clément Rémond : Il s’agit d’une fédération de sport populaire, créée dans le monde ouvrier et travailliste en 1934, dans le contexte du Front Populaire et de la lutte contre le fascisme. Son but était de démocratiser les activités physiques et sportives alors qu’à cette époque le sport était réservé aux élites bourgeoises. Aujourd’hui la fédération, qui compte 230 000 pratiquants, poursuit cet engagement dans une société où les inégalités sont exacerbées. La FSGT 93, qui compte 160 clubs et 13 000 licenciés, promeut un sport populaire, inclusif et émancipateur, en luttant contre les inégalités et toute forme de discrimination. Elle s’inscrit pleinement dans la dynamique de l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Une délégation de jeunes de Seine-Saint-Denis est partie au Japon pour participer au relais pour la paix. Ils sont également des ambassadeurs des valeurs de l’olympisme, de la paix et du département 93. De quoi s’agit-il ?
Notre fédération a toujours considéré le sport comme un outil essentiel à la culture de paix. Dès lors, la FSGT s’est toujours engagée dans des projets internationaux, notamment au côté des peuples opprimés. C’est le cas avec nos amis japonais de la Shintairen (New Japan Sport Federation - fédération japonaise de sport populaire, équivalent de la FSGT), qui organisent depuis 40 ans le relais pour la paix entre Hiroshima et Nagasaki, pour commémorer ce qu’il s’est passé en 1945. En lien avec les Jeux de Tokyo 2021 et de Paris 2024, nous avons construit un projet autour de l’héritage des Jeux, des valeurs de l’olympisme, de la paix et du 93. Nous accompagnons huit jeunes de Noisy-le-Sec et de Tremblay-en-France (ces derniers sélectionnés par le service jeunesse et le TAC Athlétisme) âgés de 16 à 20 ans, en parité, dans un parcours de formation à l’organisation d’événements sportifs locaux, d’éducation aux médias et de pratique sportive. L’objectif est que ces jeunes deviennent de véritables relais, des témoins, et des citoyens engagés et éclairés, conscients de l’histoire comme des enjeux contemporains de notre monde.
Concrètement, quel est le programme de leur séjour ?
Lors de ce déplacement au Japon, les jeunes vont avoir la chance d’étudier et de mesurer l’impact des Jeux de Tokyo 2021 à travers des visites, des rencontres avec le mouvement sportif et la population locale, d’être reçus à l’ambassade de France au Japon. Du 6 au 9 août, ils courront le relais pour la paix entre Hiroshima et Nagasaki. Ils rallieront les 511 km qui séparent les deux villes meurtries par les bombardements atomiques en partant le 6 août de Hiroshima (au moment même où la bombe a explosé il y a 80 ans) pour arriver le 9 août à Nagasaki.
Le 21 septembre se déroulera la Course de la Paix en Seine-Saint-Denis. En quoi va-t-elle consister ?
L’objectif du projet est que les jeunes que nous accompagnons depuis plusieurs mois, deviennent des dirigeants sportifs et associatifs, des ambassadeurs de leur ville. Ils ont vocation dans les mois et années à venir à s’impliquer dans l’organisation de manifestations sportives et populaires dans leur ville, et plus largement en Seine-Saint-Denis. À Tremblay, cet engagement se traduit par l’organisation par les jeunes d’une course et marche pour la paix ouverte à toutes et tous, le 21 septembre, Journée internationale de la paix. Cet événement préfigurera la future Vivicittà, une course internationale pour la paix, qui a lieu dans de nombreux pays du monde, et donne lieu à un classement international.
Ces deux initiatives seront-elles reconduites ?
Les échanges internationaux et la coopération sont dans l’ADN de la FSGT 93. Nous avons des échanges chaque année, avec de nombreux pays du monde, et nous recevons des délégations plusieurs fois par an. Les jeunes de nos clubs, et des villes qui souhaiteraient s’impliquer à nos côtés dans ces projets sont les bienvenus ; nous allons poursuivre la construction de ce type de projet en coopération avec les collectivités locales, les institutions partenaires et les associations sportives. Quant à la course de la paix à Tremblay, comme je l’évoquais, l’ambition est qu’elle se pérennise et qu’elle ait lieu chaque année.