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" Mais pourquoi je ne ferais pas ce que j'aime ? " Cette question, Jean-François Labouze - que tout le monde appelle " Jef " - se l'est posée il y a quelques années, lorsqu'il s'est retrouvé au chômage à la suite d'une vague de licenciements au sein de son entreprise. Né en 1960 à Courbevoie, il avait exercé pendant une quarantaine d'années comme commercial dans différents secteurs : le monde médical, l'optique ou encore les cosmétiques.

Proche de la retraite, il ne se voyait plus enfiler la cravate chaque matin. Et hop, le voilà donc qui décide de changer d'orientation et de passer un brevet d'éducateur sportif pour transmettre sa passion du baseball, un sport qu'il a connu à 40 ans, en assistant à un match au Canada.

Assez méconnue en France, cette discipline est très pratiquée aux États-Unis, dans l'est de l'Asie, ou encore à Cuba. En 2012, l'homme avait déjà, au sein du TAC, fondé le Baseball Tomcat's Club. À l'époque, le club tremblaysien a été l'un des tout premiers en France à ouvrir la pratique aux femmes, jusque-là cantonnées au soft ball, une variante édulcorée de ce sport apparu aux États-Unis au milieu du XIXe siècle.

" Nous sommes un club de baseball féminin qui accueille aussi des hommes, ce qui crée une ambiance assez unique ", fait-il valoir, lui qui est, depuis la première heure, un militant de la pratique sportive féminine. Le sexagénaire admet toutefois que mener à bien son projet n'a pas été un long fleuve tranquille.

" Ce n'est pas toujours bien vu, pour des femmes, de pratiquer le baseball. Nous avons ainsi quitté le championnat d'Île-de-France, où nous n'étions pas forcément très bien accueillis, pour rejoindre celui des Hauts-de-France, où tout se passe à merveille ! ", confie le président des Tomcat's. 

Grand, petit, costaud ou maigre... 

Sportif de toujours (il a même présidé un club de planche à voile à Tremblay), Jef Labouze n'est cependant pas obsédé par l'esprit de compétition. " Le plaisir que l'on prend en jouant est bien plus important ! Je n'engueule d'ailleurs jamais mes joueuses ou mes joueurs après une défaite. " Lui-même ne rechigne pas à enfiler le gant ou à manier la batte.

" Si les règles peuvent paraître compliquées à première vue, le baseball est un sport où l'on prend rapidement du plaisir. Nous pratiquons ici ce que l'on appelle un baseball de rue, comme cela se fait à notamment à Cuba ; c'est très ludique. Et l'avantage avec ce sport, c'est qu'il n'y a pas de discrimination physique. Grand, petit, costaud ou maigre, chacun peut y trouver son compte ", assure ce père de deux enfants, tous deux diplômés d'une école d'ingénieurs.

Son fils Julien habite en Australie, d'où cette horloge siglée " Sydney " posée sur une étagère du domicile. Elle indique l'heure qu'il est là-bas, histoire de ne pas réveiller le fiston en pleine nuit quand vient à Jef l'envie de lui téléphoner. Son épouse et lui se languissent de rencontrer enfin leur petit-fils, né à l'autre bout du monde et qui a déjà 1 an. La fille du couple, Cathline, est quant à elle capitaine et coach des Tomcat's.

" Je n'ai à aucun moment forcé mes enfants à pratiquer mon sport. Ma fille y est venue toute seule. J'invite d'ailleurs toutes les habitantes qui veulent découvrir le baseball à nous rejoindre ", propose celui qui, il y a deux ans, avait organisé à Tremblay, en partenariat avec la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail), un festival baptisé Festi'elles, pour déconstruire les stéréotypes dans le sport.

Une raclée et des autographes

L'ambiance a beau être décontractée au sein du club, cela ne l'empêche pas de rayonner jusqu'en Corée du Sud ! En 2017, un responsable coréen avait contacté Jef pour lui proposer de prendre part à la LG Cup International, un tournoi féminin parmi les plus réputés au monde.

" J'avais répondu que, compte tenu de notre niveau de jeu, cette invitation n'était pas pour nous. Mais ils avaient insisté car ils voulaient promouvoir une équipe française, et nous plus particulièrement, pour nous récompenser de notre travail autour du développement du baseball féminin ", narre le Tremblaysien, qui avait finalement accepté.

" Bon, sur le terrain, l'apprentissage fut rude face à des équipes chevronnées ! Nous y sommes retournés en 2019, et à chaque fois, les organisateurs nous ont accueillis avec tous les honneurs. Nous avons senti un énorme respect et une bienveillance de la part de nos adversaires. Nous avions par exemple pris une belle raclée contre les Japonaises, ce qui n'a pas empêché ces dernières de nous demander des autographes à la fin du match ! ", se remémore le président, qui compte bien participer de nouveau à ce grand tournoi l'an prochain.

En attendant, le vacataire à temps partiel aimerait exercer davantage. Il travaille pour le moment le mercredi et pendant les vacances scolaires au sein des écoles municipales des sports de Saint-Denis et de Clichy-sous-Bois, mais aussi ponctuellement dans les centres de loisirs de Tremblay.

Et il est présent chaque été au parc de la Poudrerie, avec la FSGT, pour des initiations au baseball. Il se verrait bien travailler dans les écoles de Tremblay, pour continuer à faire connaître son sport de coeur, tout en développant encore le club tremblaysien, en lui gardant toutefois " une échelle humaine ".