Ce jour d'avant-première, en juin dernier, le réalisateur Thami Khatiri était tout sourire à l'idée de montrer Maestro, son premier court métrage de fiction, inspiré d'une histoire vraie. Le cinéma Jacques-Tati a ouvert grand ses portes à la jeunesse et à cet amoureux du cinéma âgé de 24 ans, dont la passion pour l'image - photo ou bien vidéo - a largement été accompagnée par l'espace Angela-Davis.
" J'y allais pour des cours d'anglais afin de préparer le BTS. De fil en aiguille, je suis aussi parti en voyage grâce à l'espace Angela-Davis. Les pays de l'Est, le Sénégal, ça m'a donné une ouverture sur le monde et ça a aiguisé ma curiosité. " Avant ses 20 ans, le jeune homme était davantage resté dans sa zone de confort, passant ses vacances en famille au Maroc, le pays de ses origines.
Deux voyages en Palestine, un reportage et une expo photo plus tard - on est en 2018 -, Thami Khatiri comprend que c'est vers le monde de l'image qu'il veut s'orienter. " Avant, je shootais avec mon téléphone. À Angela, ils m'ont prêté un vrai appareil. Un peu plus tard, j'ai pu bénéficier d'une aide grâce au Contrat Tremblay Tremplin pour le financement d'un appareil photo ", récapitule Thami.
En autodidacte
Le boîtier compulsif, il aura mitraillé les copains, saisi le rappeur Dinos sur la scène de L'Odéon, et porté différentes casquettes : animateur social à la maison de quartier du Vieux-Pays l'été, puis, plus récemment, boss de sa micro-société de photographie et de réalisation. " J'essaie d'être entre le social et ce qui me fait kiffer, à savoir la photo et la vidéo ", résume-t-il.
D'accord mais on n'a pas encore parlé de cinéma, maestro Thami. " Pour moi, la vidéo et la photo, ça se rejoint. Il s'agit à chaque fois de capturer un moment et de partager une image. " Justement, en matière de partage, ce sont ses soeurs et frères qui ont joué le rôle de médiateurs pour nourrir les appétits du petit dernier, qui a goûté de la sorte au cinéma américain comme français : Gran Torino et Léon en guise de films de chevet, avec une mention spéciale pour Amélie Poulain, " film très novateur et peut être trop en avance sur son époque ! "
Thami flashe surtout sur les acteurs ; il admire Denzel Washington et Al Pacino, s'inspire de tout ce qui le touche - de la science-fiction à la série des Harry Potter en passant par les films documentaires. Au-delà de l'écran, il y a aussi ce qu'il capte de la rue. Sa formation technique, il l'a acquise en autodidacte, à force de gratter des tutos sur le Web.
Ça le fera. Tous ces désirs de cinéma vont se concrétiser grâce à l'appel à projets de l'espace Angela- Davis pour la rédaction d'un mini-scénario en septembre 2019. " Maestro, c'est parti d'un coup de fil avec un ami. Je manquais d'inspiration et c'est son histoire que j'ai eu l'idée d'adapter, à ma sauce bien sûr ! C'était mon premier scénario et j'ai bénéficié d'une aide à l'écriture avec le réalisateur Julien Darras, toujours à Angela-Davis. "
Une histoire vraie, certes réécrite, un casting lancé sur les réseaux sociaux (c'est la grande force de Thami de savoir fédérer les énergies) et un tournage en deux week-ends ! Les financements de l'Office municipal de la jeunesse tremblaysienne, de l'espace Angela-Davis, et le crowdfunding lancé avec le concours de Raw, une société de production sise à Bordeaux, ont permis de boucler l'affaire.
On ne déflorera pas la teneur de ces vingt-cinq minutes de bonheur. Allez voir le film, et vérifiez comment Sofiane Nedjar (le maestro, c'est aussi lui !) et les p'tits gars de Tremblay crèvent l'écran dans cette histoire qui vise à faire voler en éclats les barrières mentales...