À la Maison de Cuba, dans le cadre des JOP 2024, Javier Stomayor a répondu à quelques questions.
Javier, les Jeux Olympiques de Paris battent actuellement leur plein. Quel regard portez-vous dessus ?
Honnêtement, tout ce que l'on voit depuis le début est magnifique. Je tiens d'ailleurs à adresser mes félicitations aux citoyens français pour cette organisation et pour l'ambiance qui se dégage. Paris est vraiment magnifique. Il faut aussi rendre hommage à tous les athlètes pour les résultats obtenus. La France se débrouille d'ailleurs vraiment bien.
Vous êtes de passage à Tremblay pour parler de votre expérience mais que faites-vous depuis votre retraite ? Vous semblez être beaucoup dans la transmission...
Je suis vraiment très heureux d'être là pour échanger avec la population, c'est vrai que c'est important pour moi. Et je tiens vraiment à remercier le maire et la municipalité et les associations de coopération qui m'ont permis d'être là aujourd'hui. C'est un vrai plaisir. Sur le plan plus personnel, j'ai réalisé mon dernier saut en 2001 et depuis ma retraite sportive j'ai fait beaucoup de choses à Cuba. Notamment dans la culture où je me suis investi dans la musique, et j'ai aussi continué à évoluer dans le milieu sportif. J'ai été entraîneur et j'ai aussi été secrétaire de la fédération.
On imagine que vous gardez un œil attentif à tout ce que votre île peut produire comme sportif, non ?
Bien sûr. Je crois que nous avons de bons athlètes, qui travaillent bien, mais aussi des entraîneurs qui s'impliquent beaucoup dans la formation de ces jeunes talents. Et si les résultats peuvent toujours être améliorés, il y a un vrai potentiel chez nous. Y compris du côté féminin où les moyens mis à disposition sont les mêmes. Avec parfois des résultats qui seraient sensiblement meilleurs.
Au-delà de vos titres olympiques et mondiaux, vous êtes toujours, après plus de 30 ans, recordman du monde du saut en hauteur, comment l'expliquez-vous ?
Je ne sais pas, c'est vraiment un record très difficile à aller décrocher. Et je ne sais pas quand celui-ci va tomber. Il y a tout de même de bons sauteurs, comme Gianmarco Tambieri. Bref, vous ne pouvez pas prédire quand il sera battu. J'ai réussi ces résultats grâce à mon travail, mon obsession comme je le disais.
À l'image de certains records tombés pendant ces JOP, pensez-vous que le vôtre puisse être battus cet été ?
Les JOP ne sont pas forcément le bon endroit pour dépasser un record du monde et spécifiquement en saut en hauteur. Peut-être un peu plus dans d'autres disciplines où les concurrents sont déjà à des performances extraordinaires comme cela peut être le cas avec Mondo Duplantis à la perche. Aujourd'hui, à la hauteur, si tu sais que tu as gagné la médaille d'or avec ton propre record, est-ce que tu vas réussir à aller chercher les 2,45 m ? Peut-être seulement si le niveau s'élève entre deux sauteurs jusqu'à une marque qui serait proche.
À Tremblay, il y a une jeunesse qui déborde d'énergie, quels conseils donneriez aux plus jeunes pour aller aussi haut que vous, tant au sens propre qu'au sens figuré ?
Si vous voulez aller haut, il faut tout faire dans sa vie avec de l'amour et de la passion. Dans ma vie, j'ai toujours été comme ça. Et j'avais aussi une espèce d'obsession à performer. Mais surtout, pour aller au plus haut niveau, il ne faut pas brûler les étapes. Travailler dans la progression, se satisfaire de chaque pas réalisé en voulant toujours en faire d'autres.
Après, il faut une part de capacités physiques initiales pour sa discipline, peut être un peu de talent mais surtout beaucoup de travail et de discipline. Il y a beaucoup de très bons athlètes à travers le monde avec de bonnes prédispositions, mais la discipline fait très souvent la différence entre ceux qui décrochent les médailles et les records et les autres.
Quand on pense à vous, on pense évidemment à Cuba et inversement. Vous êtes probablement le sportif le plus connu de votre île. Comment le vivez-vous ?
Nous avons une très grande tradition sportive à Cuba et figurer encore parmi les sportifs les plus connus du pays est un honneur pour moi. A Cuba ou ailleurs, quand je sors dans la rue et que les gens me reconnaissent, c'est toujours un plaisir. Je me sens très proche du peuple en général, je suis heureux de signer un autographe ou de prendre une photo. Surtout je veux toujours représenter mon île de la meilleure des manières. Aujourd'hui, je ne peux plus offrir de médailles à Cuba mais je peux inciter les gens à s'intéresser à nous.